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L’ADSL ne tient pas encore toutes ses promesses

Les utilisateurs de connexions ADSL pâtissent de la mainmise de France Télécom sur la boucle locale. L’ADSL n’est donc pas encore prêt pour un usage professionnel généralisé.

Presque un an après le lancement de l’offre ADSL de France Télécom, les avis des utilisateurs sont plus que mitigés. Il en sera d’ailleurs ainsi tant que la question cruciale de la garantie de débit ne sera pas résolue, en d’autres termes, tant que France Télécom gardera la mainmise sur la boucle locale. Les fournisseurs d’accès à Internet sont pour l’instant toujours obligés de revendre les services ADSL de l’opérateur à leurs abonnés. Concrètement, le FAI doit souscrire un abonnement Turbo-IP à France Télécom, qui lui permet de raccorder par ATM son réseau à un DSLAM (Digital Subscriber Line Access Multiplexer), situé dans un central téléphonique. La connexion entre le DSLAM et l’utilisateur final, c’est-à-dire la boucle locale, est quant à elle régie par le service Netissimo de France Télécom. Les FAI attendent avec impatience de pouvoir contrôler l’intégralité de la cha”ne jusqu’au client final, pour enfin garantir leur propre qualité de service. Les entreprises en sortiront gagnantes : en cas de problème sur le réseau, les FAI et France Télécom ne pourront plus se renvoyer systématiquement la balle. En attendant, certains FAI reprochent à l’opérateur historique d’avoir mal dimensionné ses liaisons sur la boucle locale, tandis que d’autres l’accusent carrément de ” brider ” son offre Turbo-IP.

Deux interlocuteurs pour un même service

La complexité de ce schéma se répercute inévitablement sur les entreprises candidates à l’ADSL. Elles doivent généralement s’adresser d’abord à France Télécom pour s’abonner à Netissimo et louer (ou acheter) un modem ADSL. L’opérateur se charge de l’installation. Ensuite, elles doivent choisir un fournisseur d’accès à Internet et souscrire un second abonnement. “Ce n’est ni simple, ni logique d’avoir deux interlocuteurs pour un même service”, commente Alain Guédon, PDG de la société Abtech, qui a constaté en outre que le débit de sa connexion ADSL était inférieur au débit théorique annoncé. Seules quelques offres – comme celles proposées par Easynet, Colt et bien sûr Oléane – permettent aux entreprises d’avoir un débit garanti : dans ce cas, le FAI connecte directement son réseau ATM aux commutateurs de France Télécom. Reposant sur l’offre Turbo DSL de l’opérateur, ces services sont bien plus coûteux, mais tout à fait performants si l’on en croit la société Monster France (lire encadré). “Les rares interruptions de service que nous avons eues étaient dues à des problèmes sur des passerelles France Télécom”, souligne le webmestre de Monster. fr, visiblement satisfait de la qualité de service de son fournisseur d’accès à Internet.
Pour l’heure, on distingue deux types d’entreprises utilisatrices de l’ADSL. D’une part, les petites entreprises qui souhaitent être connectées à Internet en permanence pour un coût minime et qui n’ont pas de gros besoins en bande passante. Comme en témoigne la société Abtech, un accès basé sur l’offre Netissimo 1 de France Télécom peut suffire (théoriquement réservée aux particuliers, Netissimo 1 peut être utilisée pour un petit nombre de postes en réseau). D’autre part, des entreprises telles que Monster France, forte consommatrice de bande passante, passent à l’ADSL pour éviter de louer à prix d’or une ligne spécialisée. Mieux vaut alors choisir une offre Turbo DSL, assortie d’une garantie de qualité de service. En prévision du dégroupage de 2001, quelques rares FAI testent actuellement leurs futurs services xDSL sur la boucle locale, comme Easynet ou World Online.

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JULIE DE MESLON