Passer au contenu

La musique en ligne affiche ses désaccords au Midem

Malgré les balbutiements actuels du secteur, tout le monde attend énormément du téléphone mobile. Il reste pourtant bon nombre de désaccords entre les partenaires de cette industrie.

Tout le monde le reconnaît, le marché du téléchargement légal de musique n’en est qu’à ses balbutiements. Pas de triomphalisme, donc, au MidemNet du 22 janvier, à Cannes, qu’il s’agisse des revendeurs, des prestataires techniques,
des maisons de disques ou des fabricants de mobiles. ‘ Jusqu’ici, a même affirmé John Kennedy, président de l’IFPI (Fédération internationale de l’industrie phonographique), le marché numérique non
physique n’a pas répondu aux attentes. ‘
Pour l’heure, en effet, aucun revendeur de musique ne peut se targuer d’être rentable. C’est pourquoi 2005 devrait voir continuer les actions judiciaires, et même voir apparaître des systèmes de filtrage.Ce tableau n’empêche cependant pas les uns et les autres d’avoir des projets. MTV Networks devrait lancer son service de vente de musique en ligne en 2005, MSN a évoqué le sien et, plus original, PlayLouder MSP, au Royaume-Uni, a
décidé de coupler accès à l’Internet haut-débit et musique en ligne. Il est en train de créer un système permettant de rémunérer les ayants droit en fonction des fichiers musicaux échangés en peer-to-peer via son service. Soit
une licence légale, comme la soutient en France, et seule contre tous pour l’instant, l’Adami. ‘ L’enjeu n’est pas que les FAI mettent fin au flux illégal mais qu’ils le facturent ‘, résume Paul
Sanders, l’un des dirigeants de Playlouder MSP.Mais le véritable eldorado de la musique dématérialisée est encore ailleurs. Tous les débats ont plus ou moins abouti à la même conclusion : l’avenir est dans le téléphone mobile. ‘ Les revenus se partageront
à 50-50 entre le mobile et le
online à terme, a prédit Thomas Hesse, président du développement numérique chez Sony BMG. Le potentiel est énorme avec la 3G à l’horizon. ‘
Même
discours à l’IFPI, chez Napster ou Fnacmusic.L’unanimité vaut aussi pour les points noirs. En l’occurrence, l’absence de totale interopérabilité entre les différentes plates-formes de distribution en ligne, dénoncée tout au long de la journée. Avec en ligne de mire Apple, qui
refuse de licencier sa technologie de gestion des droits numériques (DRM). ‘ Je suis persuadé que ce marché aurait pu être plus étendu avec la compatibilité ‘, insiste Thomas Hesse.

Des partisans pour une hausse des prix du morceau

Ces convergences de vue n’ont cependant pas empêché de laisser paraître des blocages. En premier lieu, ceux venant de… l’industrie musicale elle-même. ‘ Les gens des labels sont focalisés sur la télévision
et la radio, car on peut contrôler ce qui s’y passe,
explique Craig Palmer, président de Gracenote, une société connue pour sa base de données musicales CDDB. Mais ils ne comprennent pas comment on peut faire d’une chanson un
succès sur Internet. ‘
Une autre inquiétude porte sur, justement, les mobiles qui, à terme, serviront de voie d’accès au peer-to-peer.
‘ Il faut éduquer les labels, reconnaît Graeme Ferguson, responsable
du développement du contenu chez Vodafone en Angleterre, les rassurer sur la sécurité des mobiles. ‘ Plus dur, Christophe Cuvillier, responsable du développement international de la Fnac, a rappelé que pour l’heure,
les catalogues ouverts à la vente en ligne étaient loin d’être satisfaisants. Mais aussi qu’‘ en France, trois des quatre majors du disque ont affirmé que la compatibilité des fichiers n’était pas un
problème ‘
. Remous dans la salle…En fait, c’est bel et bien l’attitude des maisons de disques qui a été ici ou là critiquée, un responsable de Siemens parlant même de ‘ manque de volonté commerciale ‘. Des maisons de
disques qui ont, elles aussi, leur récrimination : le prix de vente en ligne. Si les 99 cents (ou centimes d’euro) semblent être devenus un standard, imposé suite au succès de iTunes Music Store, il ne faudrait le voir que comme un
‘ prix introductif, pour lancer cette industrie, selon Thomas Hesse, chez Sony BMG. Mais Internet, c’est une économie au titre, différente de celle de l’album.
Cela change la structure
de coûts des maisons de disques. C’est difficile à tenir avec un prix de 99 cents. ‘
Pour le consommateur, l’enjeu pourrait alors se résumer ainsi : qu’est-ce qui va arriver en premier, l’élargissement des catalogues ? La compatibilité de tous les formats de fichiers avec tous les lecteurs ? Le
peer-to-peer sur mobile ? Ou la hausse des prix ? Pas sûr, dans ces conditions, que 2005 soit lannée du grand décollage.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Arnaud Devillard