Passer au contenu

La liberté en jeu

Sony va devoir revoir sa stratégie de verrouillage de la PS3 et de la PSP. Mais les hackers ne se rendront pas facilement car leur combat est revendiqué comme une lutte pour la liberté.

Naturellement, les actions de GeoHot et de la Team Fail0erflow (dont le nom lui-même décrit fort bien les bourdes en cascade qui ont rendu possible le hack de la PS3) auront des conséquences sur le plan du piratage, tant pour la PS3 que pour la PSP. Au moment où nous écrivons ces lignes, une première version « custom » du firmware 3.55 permettant de faire tourner les jeux commerciaux est disponible, à la stabilité douteuse, mais avec la compatibilité PSN.

George Hotz, dit GeoHot
George Hotz, dit GeoHot – George Hotz, dit GeoHot

Il y a fort à parier que Sony travaille d’arrache-pied au développement de contre-mesures visant à détecter les firmwares non officiels. Il s’ensuivra probablement un jeu du chat et de la souris avec les hackers, concernant, au minimum, les consoles reliées à Internet. Les ventes de la PS3 en hausse naturelle pourraient encore augmenter, mais c’est dans sa relation avec ses partenaires que Sony sera probablement le plus affecté. Le développement de jeux ambitieux, dont la rentabilité pourrait être affectée par la menace, pourrait bien en pâtir. Il est probable que Sony envisage d’accélérer le développement de la PS4 en conséquence.

Cependant, l’alarmisme est probablement déplacé si l’on considère que la PS2 et ses jeux ont continué à accumuler les succès bien après que la console ait cédé aux assauts des hackers.

La PS3 redeviendra probablement plus que jamais un support de choix pour les OS alternatifs et le homebrew, et une foule d’utilisations détournées, impossibles à prévoir à l’avance. Il n’est pas interdit d’envisager des scénarios extrêmes comme le développement d’un émulateur Wii sur PS3, où la Wiimote serait remplacée par le PS Move.
L’affaire pourrait bien par ailleurs causer des dommages collatéraux : les méthodes utilisées pour la PS3 ont inspiré d’autres hackers, qui affirment vouloir les appliquer au « déplombage intégral » de la Xbox 360.

Ethique et activisme

Le professeur Dave Touretzky, chercheur en informatique à l’université Carnegie Mellon, qui s’est déjà illustré à maintes reprises par sa défense de la liberté d’expression sur la Toile, apporte publiquement son soutien aux hackers en publiant un miroir du jailbreak sur le site de son université. C’est également le cas de l’Electronic Frontier Foundation, une organisation dédiée à la protection de la vie privée et des droits numériques, en la personne de son directeur technique Chris Palmer. Pour eux comme pour GeoHot, qui s’est exprimé directement sur une multitude de médias, de G4TV à CNN, il s’agit tout simplement de défendre la liberté de l’utilisateur à utiliser sa propriété, acquise légalement, comme bon lui semble.

La sphère activiste est fortement agitée par la question, et de nombreux créateurs et analystes voient dans ces escarmouches les signes extérieurs d’un combat essentiel contre une tendance de plus en plus clairement affichée par l’industrie. D’une part, le verrouillage des périphériques, mobiles en tête. D’autre part, la récupération tous azimuts de données concernant les utilisateurs de leurs produits, sans que ceux-ci en soient forcément conscients.

Finalement, la meilleure protection de la PS3 contre le piratage, celle qui lui a permis de tenir quatre ans sans être compromise, a sans doute été l’inclusion d’une compatibilité Linux dès sa sortie. C’est en tout cas l’explication qu’a formulé la Team Overflow, affirmant que les hackers étaient satisfaits – donc inactifs – jusqu’à la suppression d’OtherOS. Un système ouvert ne serait-il finalement pas un meilleur choix stratégique pour les constructeurs ?

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Nathan Sommelier