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La génération Goldorak soigne ses vieux micros

Chaque année, la convention Vieumikro réunit à Toulouse les amateurs de micro-informatique et des consoles des premiers temps. Une nostalgie qui contribue à préserver le patrimoine informatique.

Cette année encore, les vieux micro-ordinateurs avaient rendez-vous à Toulouse. C’est ce week-end que s’est tenue, en effet, la 8e édition de la manifestation Vieumikro, organisée par
l’association Silicium. Une fois de plus, plusieurs dizaines d’amateurs s’y sont retrouvés. L’édition 2004 mettait en vedette des matériels des années 1984 et 1994, plus ou moins oubliés, tels
que le Macintosh 512, le Tatung Einstein 256 ou encore l’EXL 100. Les machines n’étaient pas simplement exposées avec leurs périphériques et leur documentation, mais également mises en service et utilisables par les visiteurs.L’idée d’un tel rendez-vous est née il y a dix ans. A l’époque, quelques fanas de l’informatique ?” qui se retrouvent régulièrement au hasard de vide-greniers, à la recherche de micro-ordinateurs, consoles de jeux
et autres ordinateurs de poche de 10, 15 ou 20 ans d’âge ?” décident de se regrouper en association.Silicium, ‘ association de conservation de l’informatique ‘, naît en 1994. Elle décide alors de récupérer tout matériel informatique frappé d’obsolescence pour se constituer
un fonds. En une décennie, celui-ci s’est enrichi d’un millier de machines.‘ Puis Silicium est passée à un nouveau stade en organisant la convention Vieumikro, une manifestation unique en son genre, qui rassemble des collectionneurs et amateurs de vieux ordis et vieilles
consoles ‘,
explique René Spéranza, informaticien et président de l’association.‘ Tous ces ordinateurs sont représentatifs d’une époque, certes proche, mais vite oubliée. Nous sommes donc en plein dans le concept de patrimoine ‘, ajoute René Spéranza. Silicium
participe même aujourd’hui à une réflexion, avec la Bibliothèque nationale de France (BNF), sur la conservation du dépôt légal logiciel des produits parus avant 1993.Ce n’est que depuis la refonte de la loi sur le dépôt légal (en 1992) que la BNF s’est constitué une collection de documents électroniques (cédéroms multimédias, jeux vidéo, bases de données et logiciels) et reconnaît à
cette forme d’édition un statut patrimonial. ‘ Notre ambition est d’ailleurs d’ouvrir un véritable musée de la micro-informatique et du jeu vidéo, commente René Spéranza, à
l’image de ce qui se fait aux Etats-Unis, et dont le concept n’existe toujours pas en Europe. ‘

L’expression d’une nostalgie

La convergence du monde associatif (il existe moins de cinq associations comme Silicium en France) et du pôle institutionnel contribue à faire entrer dans le patrimoine jeux vidéo et premiers micro-ordinateurs. Selon Jean-Baptiste
Clais, qui en a fait le sujet de sa thèse, ‘ le rétro-gaming, et la rétro-informatique participent à ce mouvement, qui s’organise autour de l’identité, de la mémoire et du patrimoine. A travers les premiers jeux
vidéo, la génération Goldorak revit son enfance. Même expression de nostalgie chez ces collectionneurs qui ressortent leurs vieux ordinateurs pour les faire marcher. ‘
A la tête d’une collection de 250 micros et consoles, Philippe Striolo, chimiste de profession, reconnaît assouvir une passion de jeunesse en s’offrant ainsi les machines qu’il n’avait pas les moyens de
financer à l’époque de ses quatorze ans. Jean-François Laroche, informaticien, limite, lui, sa collection aux ordinateurs de poche et déclare possèder 90 % de ce qui s’est fait dans le monde, principalement au Japon.
C’est le hasard d’une vente qui a remis sur son chemin un ‘ pocket ‘ identique à celui côtoyé durant ses études. ‘ J’étais déjà passionné à l’époque par les possibilités
que fournissaient ces machines ‘,
reconnaît-il.Aujourd’hui on recense quelque trois cents collectionneurs actifs dans le réseau et un millier de collectionneurs en France, qui participent, selon Jean-Baptiste Clais, à ‘ légitimer l’entrée de
la modernité dans le patrimoine français ‘.

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Anne-Marie Véziat, à Toulouse