La Cnil régule la prospection politique en ligne

L'utilisation de fichiers d'adresses e-mails par les partis doit être soumise aux mêmes garanties que celles demandées aux envois commerciaux.
Sites Internet, newsletters, blogs, livres de réflexions soumis à l'appréciation des internautes au fil de leur écriture, débats parlementaires sur l'économie numérique ou les droits d'auteur... La classe
politique française s'approprie de plus en plus les nouvelles technologies. Et les médias numériques vont vraisemblablement prendre plus d'importance encore lors de la campagne des élections présidentielles de 2007.C'est pourquoi la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) a décidé d'intervenir. Elle publie, ce 18 octobre, une recommandation précisant les règles de la prospection politique par l'intermédiaire du Net. Et
ce, à quelques jours d'une autre recommandation, celle du Forum des droits sur l'Internet (FDI), sur la communication électorale sur la Toile.' Notre initiative remonte à quelques mois, explique Alex Türk, président de la Cnil. Il y a un certain nombre de questions juridiques assez nouvelles et de points obscurs dans les lois en
vigueur. Il est de la responsabilité de la Cnil de faire des propositions, de conseiller et de rappeler quelques impératifs. ' En toile de fond, l'affaire du spam politique de
Nicolas Sarkozy en tant que président de l'UMP, qui avait été largement commenté et décrié. La Cnil admet qu'il y a bien eu des abus, mais parce que, justement, les règles en la
matière n'étaient pas définies.Depuis la loi pour la confiance dans l'économie numérique, les règles de la prospection par e-mail sont claires. Mais elles ne concernent que les domaines commerciaux et marketing. Le texte ne dit rien sur la politique. C'est ce blanc
que la Cnil veut remplir.Premier souci : quels fichiers utiliser ? Comme pour l'e-mailing commercial, il sera interdit de piocher dans les fichiers de gestion et de paye de personnel, dans les bases administratives et dans celles des collectivités
locales qui contiennent des données ' sensibles ' (aides sociales, taxes foncières, etc.).En revanche, la Cnil dit oui à l'utilisation des fichiers dits ' privés '. En gros, les bases de données de prospection commerciale. ' Il est légitime de permettre à l'action politique
d'utiliser les mêmes outils que d'autres acteurs, justifie Isabelle Falque-Pierrotin, membre de la Cnil pour le secteur Libertés publiques et présidente du FDI. Mais avec des garanties supérieures. Il nous paraît difficile que
le citoyen soit moins bien traité que le consommateur. '