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La Chine reprend la main sur les jeux en ligne

Le gouvernement de Pékin lance un programme de 100 à 200 millions d’euros sur quatre ans pour financer le développement de jeux en ligne inspirés des mythes nationaux.

Violence, pornographie, déconnexion de la vie réelle… Le gouvernement chinois a décidé de mettre de l’ordre dans le secteur des jeux vidéo, accusés de dévoyer la jeunesse chinoise. Mi-octobre, il lançait un programme de
financement des jeux vidéos en ligne : 100 à 200 millions d’euros investis sur quatre ans dans la production nationale. Epopées de la Chine ancienne, comme le Voyage à l’Ouest ou les Trois
Royaumes,
mais également Leifeng, le guerrier exemplaire de l’ère communiste, participeront ainsi à l’éducation des joueurs en ligne et renforceront l’identité culturelle chinoise.C’est que là-bas, le jeu en ligne fait un véritable tabac. L’ambiance survoltée des cybercafés chinois, jour et nuit, en ville comme à la campagne, en témoigne. L’engouement est tel que le gouvernement a pris la
décision d’interdire ces établissements dans un rayon de 200 mètres autour des collèges et des lycées. Au mois d’avril dernier, deux adolescents avaient trouvé la mort, écrasés par un train à Chongqing au lendemain d’une
nuit blanche sur le Net.

Coup de pouce pour les éditeurs chinois

Dans les prochains mois, une trentaine de jeux nationaux financés par le gouvernement arriveront sur le marché. Mais quel accueil leur sera réservé ? Selon Chen Sijing, webmaster d’un cybercafé pékinois,
jusqu’à maintenant leur graphisme et leur jouabilité ne sont pas satisfaisants. Certains adolescents qui ont testé les jeux en avant-première semblent déçus de ne
pas pouvoir mitrailler à tout va. Ces jeux ne sont pas violents, mais pas intéressants non plus. Je préfère les jeux où on tue, ils sont beaucoup plus stimulants ‘, confie
Zhao Peng, 16 ans.Reste que l’éducation n’est sans doute pas la seule motivation du gouvernement chinois. Ce programme de financement va profiter aux éditeurs nationaux. Une cinquantaine d’entre eux, parmi lesquels figure Shanda
Entertainment ?” leader du marché chinois, coté au Nasdaq ?”, ont déjà reçu commande d’une centaine de jeux.A la dimension économique s’ajoute aussi la vigilance politique comme dans tout ce qui touche à Internet : certains jeux étrangers jugés politiquement incorrects ?” présentant Taïwan comme un territoire japonais ou
évoquant l’indépendance du Tibet ?” ont été interdits l’été dernier.

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Raphaëlle Pienne et Georges Favraud, à Pékin