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La Chine domine complètement la recherche en IA générative

L’OMPI, l’organisation mondiale de la propriété intellectuelle, vient de publier un rapport sur l’état des lieux des brevets en matière d’IA générative. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, les États-Unis et OpenAI sont loin d’être les plus actifs en la matière.

Dans le secteur des IA génératives, cette technologie qui permet de générer du texte, du code ou des images, les États-Unis sont sous le feu des projecteurs, portés par OpenAI (ChatGPT), Meta (Llama) ou Google (Gemini). Pourtant, c’est la Chine qui domine complètement la recherche en IA générative. L’OMPI, l’organisation mondiale de propriété intellectuelle, a compté le nombre de publications scientifiques, de demandes de brevets et de brevets en la matière. Et selon l’équivalent international de l’INPI, l’institut français de la propriété intellectuelle, la Chine publie chaque année plus de brevets dans ce domaine que tous les autres pays réunis.

Son rapport, publié début juillet, indique d’abord une explosion des recherches dans le secteur de l’IA générative. En 2014, on relevait 733 familles de brevets dans le domaine – des familles de brevets étant un ensemble de brevets rattachés à une même invention. En 2023, le chiffre est monté à 14 000. En matière de publications scientifiques, le constat est similaire. En 2014, 116 articles scientifiques sur le sujet étaient publiés, contre 34 000 en 2023.

Une vague de demandes de brevets attendue dans les prochains mois

Et l’OMPI s’attend à des chiffres encore plus élevés dans les prochains mois, avec une probable « vague de demandes de brevets » due à ChatGPT, lancé en novembre 2022, « qui a stimulé l’innovation dans un large éventail d’applications ». L’organisme explique n’avoir qu’une « visibilité très limitée sur les tendances récentes en matière de brevets, car les demandes ne sont publiées que 18 mois après leur dépôt dans la plupart des juridictions ».

L’information à retenir de ce rapport est qu’en matière d’IA générative, un pays détrône tous les autres : la Chine. Le pays serait à l’origine de 38 210 brevets, très loin devant les États-Unis (6 276), la Corée du Sud (4 155 inventions), le Japon (3 409) et l’Inde (1 350). Les pays européens arrivent seulement à la 6ᵉ place (Royaume-Uni, 714) et 7ᵉ place (Allemagne, 708). La France est listée dans le top 10, mais aucun chiffre n’est donné.

Si la quantité ne reflète pas la qualité – on peut déposer pléthore de demandes de brevets, sans devenir essentiel sur un marché, parce qu’on ne détient pas le ou les brevets clés du secteur – l’OMPI montre que la Chine est particulièrement active en la matière.

Dans le palmarès des entreprises ayant le plus déposé de brevets, 7 entreprises sur 10 sont chinoises

Car côté entreprises, on retrouve la même domination chinoise. Dans le palmarès des sociétés ayant déposé le plus de brevets, toujours dans l’IA générative, les sociétés chinoises occupent sept places sur dix. À commencer par Tencent (1ᵉʳ, avec 2 074 inventions) : le géant a lancé son propre chatbot d’IA basé sur son LLM « Hunyuan ». Ping An Insurance vient en deuxième position (1 564 inventions) suivi de Baidu (3e, 1 234 inventions), un autre mastodonte qui a développé Ernie, un concurrent de ChatGPT.

Viennent ensuite l’Académie chinoise des sciences (607), la société américaine IBM (601), le géant chinois Alibaba Group (571), l’entreprise coréenne Samsung Electronics (468), Alphabet, la maison mère de Google et de DeepMind, qui a développé l’agent conversationnel Gemini (443), ByteDance, le groupe de TikTok (418), et enfin Microsoft (377). L’entreprise américaine est un autre acteur clé du secteur et un investisseur d’OpenAI – la société à l’origine de ChatGPT n’a elle-même déposé ses premiers brevets que récemment, souligne l’OMPI.

La stratégie d’OpenAI passée au crible

L’institution livre d’ailleurs une analyse intéressante de la stratégie d’OpenAI en la matière. L’entreprise de Sam Altman n’aurait déposé des brevets pour ses activités de recherche qu’à partir de 2023, notamment parce qu’il s’agissait initialement d’une organisation à but non lucratif. Ses chercheurs ont été encouragés « à publier et à partager leurs travaux de la manière la plus susceptible de profiter à l’humanité dans son ensemble », rappelle l’OMPI.

Après avoir mis en open source des parties importantes de sa technologie, l’entreprise a ensuite été divisée en deux : une société à but non lucratif, et une filiale à but lucratif, dans laquelle Microsoft a investi massivement. Début 2023, elle aurait changé de stratégie, en déposant six demandes de brevets début 2023 – trois ont été accordés, et trois sont en cours d’examen.

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Source : Rapport de l'OMPI


Stéphanie Bascou