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La bibliothèque des nuages

Aujourd’hui, le livre numérique n’est pas dans le nuage mais les possibilités ouvertes sont aux limites de l’imagination.

L’offre de livres numériques (en jaune) ne recouvre pas la demande générale de livres (en bleu). Les différences sont atténuées par l’échelle logarithmique (en %).
L’offre de livres numériques (en jaune) ne recouvre pas la demande générale de livres (en bleu). Les différences sont atténuées par l’échelle logarithmique (en %). – L’offre de livres numériques (en jaune) ne recouvre pas la demande générale de livres (en bleu). Les différences sont atténuées par l’échelle logarithmique (en %).

Une discussion animée dans une librairie entre l’ancienne et la nouvelle généraion de lecteurs, au sujet du livre numérique.

« Ce que j’attends d’un livre n++umérique ? L’équivalent de l’imprimé. Je dis pas l’odeur de la colle ou le grain du papier mais je veux retrouver la même relation au texte. Je passe sans arrêt du papier au numérique. »

Au contraire de Alex-vieille-école, Renaud attend le futur avec impatience.

« On n’est loin d’avoir vu ce que le numérique pourrait apporter au livre. Par exemple, un écran restitue beaucoup plus de détails et de couleurs que le papier. Le Livre d’art numérique devrait offrir plus de possibilités. Aujourd’hui, beaucoup de fichiers ne sont que des mauvaises transpositions de maquettes pensées pour le papier. Et puis les liseuses sont nazes et fragiles. »

Une offre décalée

Comme d’autres digital natives, Renaud voudrait des livres enrichis, avec des ambiances musicales, de l’interactivité, des animations. Ces œuvres qui empruntent au jeu vidéo ne sont pas monnaie courante. L’offre numérique paraît même très frileuse, en décalage par rapport à ce qu’achètent les gens. Les catégories Littérature et Sciences humaines y sont sur-représentées tandis que les livres scolaires, les beaux livres et la BD sont rares sur les rayons numériques. Peut-être, la littérature et les essais, composés principalement de texte, se contentent plus facilement du niveau de technicité faible des livres numériques actuels. Et Renaud, qui travaille dans l’édition, ajouterait : « De leur niveau de qualité médiocre ».

La bibliothèque idéale

Les possibilités offertes au livre par le nuage numérique ne tiennent pas qu’à une gestion de fichiers. Disposer de ses lectures sur plusieurs appareils, comme pour la musique ou les feuilles Excel, c’est assez évident et un peu limité. Cette bibliothèque idéale dans les nuages créerait des liens nouveaux entre lecteurs et, pourquoi pas, entre lecteurs et auteurs. L’écriture ne nécessite pas toujours une retraite loin du monde. Wikipedia est un exemple réussi de lecture / écriture collaborative. Appliqué à la fiction, les résultats pourraient être intéressants. Un roman de cette espèce serait lu à mesure qu’il est écrit et réécrit, corrigé en fonction des événements de l’actualité et, inévitablement, influencé par ses lecteurs. Le feuilleton, genre qui a fait vendre beaucoup de papier depuis 150 ans, trouverait alors un nouveau souffle.

La lecture sociale est une autre application du nuage et elle commence à exister, avec une application comme ReadMill . On peut la décrire comme un réseau social de lecteurs, s’échangeant des recommandations, des citations, etc. Sans éliminer les professionnels de l’intermédiation (libraires, critiques), ces outils seront utiles pour distinguer de la masse des productions la perle rare.

Mais si on veut tisser tous ces liens entre les œuvres, les lecteurs et les auteurs, il faudra trouver une autre solution que les DRM à la question du partage et de la confiance.

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Philippe Roure