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Interview de Nick Woodman : le fondateur de GoPro prône un retour aux fondamentaux

Après deux années difficiles et l’échec de son drone Karma, GoPro va se recentrer sur son cœur de métier : les caméras. Avec comme argument majeur un hardware unique et surtout des logiciels et des services solides.  

GoPro en difficulté, GoPro chahuté, mais GoPro toujours debout : c’est ce que professe Nick Woodman, charismatique fondateur et patron de la célèbre entreprise californienne dont le nom même est synonyme de « caméra d’action ». De passage dans les locaux européens de GoPro à Münich en Allemagne, Nick Woodman s’est entretenu par visioconférence avec 01net.com pour faire le point sur les deux années noires de GoPro. Mais surtout sur son futur.

« Il est vrai que les deux dernières années ont été dures pour nous », avoue d’emblée le PDG qui n’a pas sa langue sa poche. « Mais la plupart des gens oublient que GoPro a 14 ans et que nous avons connu 12 très bonnes années avant de souffrir en 2016 et 2017 », explique-t-il. Parmi les sources de cet échec, il y a bien sûr le Karma, le drone modulaire présenté en septembre 2015 à la presse lors d’une conférence mondiale en Californie à laquelle nous avions assisté.

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Un appareil intéressant mais qui a souffert sur deux plans : une erreur de conception de la batterie a causé un rappel des premiers produits commercialisés (ce qui a coûté une fortune à la marque) et une concurrence énorme de la part de DJI, déjà bien établi et supérieur techniquement. « Nous avons choisi de sortir du business des drones à cause de la compétition, c’est vrai », admet Nick Woodman. Mais aussi parce que ce marché offre peu de marges et s’adresse beaucoup aux professionnels. Or, GoPro est une marque grand public et nous faisons le choix de rester une entreprise tournée vers le grand-public. »

Retour aux sources : les caméras, le logiciel et les services

C’est d’ailleurs l’axe de développement que GoPro se donne pour 2018 : « Nous regardons vers le futur en nous appuyant sur les expériences et les erreurs passées. Nous voulons renouer avec la croissance et la profitabilité en nous concentrant sur notre cœur de métier : lancer les meilleurs caméras (d’action) du marché ».

Le dernier appareil en date est la Hero, annoncée la semaine dernière, une caméra qui reprend l’essentiel des qualités de ses grandes sœurs mais qui fait l’impasse sur la 4K. « Nous avons déterminé que la cible de cette caméra (lancée à 220 euros, ndr) voulait un produit avec écran qui filme en Full HD à 60 images par seconde et  un prix intéressant ». Est-ce la fin de la gamme Session ? « Oui, à terme la Session sera définitivement remplacée par la Hero ». Et cela suffira-t-il à répondre aux marques chinoises qui lancent des caméras à vil prix ? Nick Woodman y croit, et ne semble d’ailleurs pas inquiet face à ces marques – contrairement à ce que nous pensions. « Nous sommes heureux de nos ventes notamment ici en Europe et aux USA et je pense que ces marques permettent au marché (des caméras d’action, ndr) de croître, ce qui est une bonne chose », détaille-t-il. Car pour lui, GoPro a un avantage de poids : le logiciel et les services.

« Nous avons une image de marque très forte et notre force ne repose pas que sur les caméras mais aussi sur les logiciels, avec par exemple des systèmes de montage vidéo automatique », décrit Nick Woodman. « A cette innovation logicielle nous avons aussi ajouté des services comme la garantie casse sur deux ans (99 € et couvre deux casses de caméra) ou encore notre offre Plus qui offre la sauvegarde de vidéos dans le cloud ».

Interrogé sur ce service, Nick Woodman donne des chiffres plutôt encourageants : « Au 3 février 2018 c’est-à-dire avant le lancement européen de l’assurance caméra (et de lancement de la Hero, ndr), nous avions 130.000 souscripteurs à notre service Plus ». A 5 $ par mois, cela fait une source de revenus de 7,8 millions de dollars, ce qui n’est pas négligeable pour une entreprise qui a besoin de se refaire une santé.

Le marché pro par le biais de partenariats technologiques

Exit les drones, recentrage sur le grand public, mais GoPro ne néglige pas les clients dits « B2B », c’est-à-dire d’entreprise à entreprise. « Nous avons décidé de mettre à disposition sous partenariat et sous licence nos technologies de capteur, d’optique et de traitement d’image ». Sans donner des détails quant à la cible ou à d’éventuels partenariats en cours de négociation – on parle même d’un rachat éventuel – , Nick Woodman détail que l’offre est à « destination d’entreprises qui cherchent à intégrer les technologies GoPro dans des produits non concurrents », comprendre qu’il n’y aura pas de caméra d’action. On peut imaginer des caméras pour l’automobile ou les drones par exemple, mais Nick Woodman n’a pas donné plus de détails dans ce domaine.

Logiquement muet sur la sortie prochaine de nouveaux modèles, Nick Woodman a cependant lâché un détail qui concerne le futur des produits Hero : « Si vous avez essayé la Hero 6 (testée le 20/10/2017 sur 01net.com) vous avez sans doute apprécié la qualité de la stabilisation. Attendez-vous à quelque chose d’encore meilleur pour le futur ! », a-t-il promis en souriant, confiant dans le redressement de son entreprise. C’est tout le mal qu’on lui souhaite.

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