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Integra : le marché spécule sur un rachat rapide

La société de conseil informatique et d’hébergement de sites internet a vu son cours s’effondrer de 50 % en quelques jours, puis rebondir brutalement.

Se vendre au plus offrant. Telle serait la seule issue d’Integra, l’une des start-up emblématiques de la net économie à la française, leader du conseil informatique lié à la conception et à l’hébergement de sites internet. Une perspective qui réjouit les investisseurs : le titre grimpe quotidiennement de 10 à 20 % depuis l’annonce officielle, par Philippe Guglielmetti, PDG d’Integra, de la mise sur le marché de la société.

Plongeon boursier

Affecté depuis plusieurs mois, à l’instar de l’ensemble du compartiment des TMT (Technologies, média, télécoms), le titre Integra avait, il est vrai, effectué un nouveau plongeon boursier à l’annonce de ses résultats, le 20 mars dernier. Il avait alors perdu 50 % en quelques jours. Profit warning ? Perte de commandes, invalidation du modèle économique ? Rien de tout cela. La société a publié un chiffre d’affaires de 51,3 millions d’euros (336,5 millions de francs) un peu supérieur aux attentes. Quant à la stratégie du groupe, visant à bâtir un réseau européen capable de répondre aux besoins des grandes entreprises, elle n’est pas remise en cause. Mais les analystes n’ont pas digéré l’amortissement accéléré de la dernière grosse acquisition d’un groupe largement bâti à coup de croissance externe. Acquis en mars 2000, avant le début de dégonflement de la bulle financière, le Norvégien Infostream a permis à Integra de doubler de taille. Mais la dépréciation de cet actif était telle, après la chute des marchés financiers, qu’une opération vérité s’imposait. C’est cet amortissement exceptionnel, supérieur à 200 millions d’euros, qui explique l’ampleur de la perte annuelle. L’impossibilité, dans le contexte boursier actuel, de lever à nouveau des fonds, pour une activité gourmande en cash, menait à une conclusion logique : la recherche d’un repreneur.Symbole de l’éclatement de la bulle financière, Integra était donc elle-même malade de la finance. ” Le marché a surréagi aux pertes comptables, alors que les fondamentaux sont bons et que le quatrième trimestre montre que le groupe est sur la voie de la rentabilité. Aujourd’hui, le dossier est réévalué à toute vitesse “, assure Derrick Marcon, le spécialiste du secteur chez ING Ferri. D’autant qu’Integra possède des atouts majeurs : une forte part de marché, des cadres dirigeants de qualité, un vrai savoir-faire et 100 millions d’euros de trésorerie en caisse. Et les comparables américains ou européens valent 3 à 5 fois leur chiffre d’affaires, alors qu’Integra se paie ?” au cours de 3 euros ?” à peine 1,2 fois le chiffre d’affaires de la seule activité hébergement. ” Integra a quelques points faibles, le marché allemand notamment, mais le bilan est nettoyé et c’est une très belle affaire “, assure un banquier. Reste à savoir qui remportera la mise. Les prétendants potentiels sont légion : un opérateur télécoms orienté vers l’hébergement, comme Colt, KPN, ou Cable & Wireless ; un Américain voulant prendre pied en Europe, ou encore un pure player de taille, comme Exodus.

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Jean-Michel Cedro