Avec 40 millions d’utilisateurs, Chrome est aujourd’hui le troisième navigateur le plus utilisé au monde. Un logiciel que Google a réussi à imposer en seulement un an et demi, grâce à une campagne marketing sans précédent pour un navigateur. Ce n’est qu’un début.
Le géant de l’Internet peaufine la cinquième version de son programme, dont la bêta est sortie à la fin du mois de mars. Même si cette nouvelle version sera plus évoluée, elle devra préserver la rapidité qui a fait le succès des précédentes moutures, explique Google.
Au second semestre 2010, la firme américaine lancera également Chrome OS, système d’exploitation 100 % Web, dont le navigateur Internet est le véritable cœur. Anders Sandholm, chef produit Chrome chez Google revient sur l’avancée de ces deux projets et sur la stratégie qui les lie.
01net.com : En un an et demi, Chrome a réussi à accaparer un peu plus de 6 % (1) du marché des navigateurs. Avez-vous atteint vos objectifs ?
Anders Sandholm. Nous avions deux principaux objectifs avec Chrome. Le premier était de créer un navigateur léger, capable de s’ouvrir rapidement après le démarrage de l’ordinateur. Le second était qu’il soit le plus rapide possible durant la navigation. Tout cela pour améliorer l’expérience utilisateur sur le Web. Je crois que nous avons atteint ces objectifs. En tout cas, la rapidité de Chrome est sans conteste la principale motivation de ses 40 millions d’utilisateurs.
Et nous allons continuer sur cette voie. Même si Chrome devient de plus en plus complexe, notre préoccupation est de ne jamais rogner sur ses performances. C’est ce que nous gardons à l’esprit durant le développement de Chrome 5.
Un exemple : nous allons intégrer le lecteur Flash, d’Adobe, directement dans Chrome 5 [c’est déjà le cas sur la version Dev Channel du navigateur, NDLR]. Il ne sera plus nécessaire d’installer un plug-in. Cela offre des avantages en matière de sécurité, car l’utilisateur disposera toujours de la dernière version de Flash. Mais cela nous permet également de contrôler que ce programme, ou l’une de ses mises à jour, fonctionne parfaitement dans Chrome et qu’il ne le ralentisse pas.
Pourquoi avoir opté pour un développement open source ?
Nous avons fait ce choix principalement pour deux raisons. La première est que ce modèle permet de recueillir des propositions de développeurs et d’utilisateurs externes à Google et d’avoir leurs feedback sur nos propres idées. L’open source nous a réellement aidés à choisir les bons axes de développement pour Chrome. Ceux qui répondaient le mieux aux attentes des internautes.
L’autre avantage de l’open source est bien entendu de recevoir des contributions de développeurs externes, qui écrivent une partie du code. Chrome a été en majorité réalisé par nos propres développeurs, mais la participation de la communauté, avec le projet libre Chromium, a été déterminante. Tous ces avantages nous ont poussés à retenir également le modèle open source pour le développement de notre futur système d’exploitation : Chrome OS, réalisé dans le cadre du projet libre Chromium OS.
Certains observateurs voient en Chrome un cheval de Troie, visant à pousser l’adoption de Chrome OS. Dans quelle mesure votre navigateur a-t-il préparé le terrain du futur OS ?
Le navigateur Chrome aura été la première étape indispensable à l’élaboration de Chrome OS. Notre navigateur a pour mission d’améliorer l’expérience utilisateur sur le Web. Il n’est que le prolongement de cette idée.
Notre postulat est que le navigateur est devenu le programme le plus important pour bon nombre d’utilisateurs. C’est en tout cas le premier logiciel qu’ils ouvrent après avoir démarré leur machine. Mais aujourd’hui, avec un OS classique, le temps d’attente est trop long. Pourquoi alors ne pas l’alléger pour qu’il soit dédié uniquement au lancement du navigateur ? L’accès au Net se ferait alors en une poignée de secondes.
C’est pourquoi Chrome OS sera le prolongement naturel du navigateur pour bon nombre d’utilisateurs. Mais ne nous leurrons pas ! Le 100 % en ligne rebutera toujours certaines personnes. Elles n’iront donc pas vers Chrome OS. Elles peuvent en revanche être intéressées par le navigateur Chrome. C’est pourquoi nous allons continuer à lui porter la plus grande attention et à le considérer comme un programme à part entière.
Avec Chrome OS, les données des utilisateurs seront hébergées sur les serveurs distants de Google. Cela suscite des inquiétudes en matière de protection des données personnelles. Que répondre à un internaute qui rechignerait à utiliser Chrome OS pour des questions de vie privée ?
Je lui répondrais qu’il est déjà confronté à cette problématique aujourd’hui. Un utilisateur de Facebook stocke déjà des informations personnelles sur le Net. Même chose avec un webmail ou un site de photos. Je ne vois pas en quoi Chrome OS va changer la donne.
Lorsque vous utilisez une application Web, vous êtes déjà obligé de faire confiance à son fournisseur. Cela ne changera pas avec Chrome OS. Il ne fera qu’offrir un accès plus rapide à ces services.
Quelles garanties donnez-vous aux internautes ?
L’important est que les utilisateurs puissent garder le contrôle de leurs données. C’est pour cela que nous avons lancé le projet Data Liberation Front. Son but est de rassembler sur le site dataliberation.org toutes les informations permettant aux utilisateurs de retirer ou d’ajouter des données dans les produits Google.
D’un clic, vous pouvez connaître la marche à suivre pour « libérer » vos données de la majorité de nos services. Ce type de démarche est de nature à rassurer les sceptiques.
(1) Chrome représentait 6,13 % du marché des navigateurs en mars 2010 selon les statistiques de Net Applications, contre 1,62 % il y a un an.
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