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Galileo : un GPS civil, en attente de services

En 2008, Galileo sera opérationnel. Si l’on se réfère à l’exemple américain, le système européen de positionnement ne convaincra pas les entreprises avec les seules applications existantes.

Où êtes-vous ?” Qu’elle soit prononcée par le téléphoniste d’un service d’urgence ou d’assistance, ou la secrétaire d’un service commercial d’entreprise, cette phrase n’aura peut-être bientôt plus de raison d’être, car l’information sera instantanément disponible.En décidant, le 27 mars dernier, de se doter de son propre système de positionnement par satellite – Galileo -, l’Europe vient de donner le coup d’envoi à une utilisation bien plus large des technologies de géolocalisation que celle jusque-là offerte par son homologue américain, gratuit mais à vocation militaire. En effet, en cas de conflit, les signaux GPS à destination des civils sont volontairement dégradés.Les satellites en orbite terrestre moyenne (24 000 km) qui constitueront le réseau Galileo ne seront tous lancés qu’en 2008, et il reste encore à trouver une bonne partie des 3,4 milliards d’euros nécessaires au financement du projet, mais les implications économiques sont loin d’être négligeables. Selon la Communauté européenne, la trentaine de satellites Galileo sera en 2020 au c?”ur d’un marché évalué à 100 milliards d’euros.

Un moment propice

Il est vrai que ce système européen arrive à un moment décisif, celui où la technologie permet de créer des récepteurs terminaux suffisamment compacts pour être embarqués dans les futurs téléphones mobiles 3G. D’ailleurs, l’Europe met en avant la compatibilité de son système avec les technologies GPRS et UMTS. Pourquoi cette importance donnée aux opérateurs ? “Aujourd’hui, outre la synchronisation des échanges financiers mondiaux, nombre d’applications GPS concernent le suivi de flottes de camions, de bateaux, de trains ou d’avions, explique Philippe Aucher, directeur des programmes Galileo chez Alcatel Espace. Combien y a-t-il d’avions dans le monde ? 10 000…” Trop peu, au regard des 360 millions de téléphones mobiles disséminés sur la planète. Autant de postes qui, munis d’un module GPS, ouvrent la voie à une pléthore de services à valeur ajoutée.”D’une manière ou d’une autre, les opérateurs récupéreront et exploiteront les données issues du positionnement“, prédit Philippe Aucher.Un mouvement déjà initié par Orange, par l’intermédiaire de son portail, et sous peu par Vizzavi. Deux opérateurs qui fournissent des services de géolocalisation (en utilisant les cellules GSM) au sein de leurs portails. “ Mais avant que les modules GPS soient mis en ?”uvre dans les mobiles, il peut se passer beaucoup de temps. De plus, pour que les services soient réellement efficaces, il faut être visible en permanence, ce qui n’est pas le cas dès que l’utilisateur est dans un bâtiment, soit la moitié du temps“, explique pessimiste Thierry Marigny, PDG de la société Cityneo, principal fournisseur d’Orange. “Beaucoup réfléchissent à une solution mixte de positionnement issu du satellite, mais aussi du sol afin de pallier la faiblesse du signal en intérieur“, répond Philippe Aucher.Reste que les opérateurs sont encore rétifs à communiquer sur le sujet. Il est vrai qu’il leur reste encore six ans pour finaliser leurs services. D’ici là, le prix d’un module GPS sera inférieur à 15 euros (contre 300 en moyenne aujourd’hui) et gagnera encore en miniaturisation. Déjà, l’américain Trimble dispose d’un récepteur GPS de la taille et de l’épaisseur d’une petite boîte d’allumettes. Une autre start-up, U-Nav, propose depuis quelques mois un processeur de signal numérique (DSP) GPS spécialement conçu pour être intégré à des ordinateurs de poche Palm, Symbian ou Pocket PC. Tout comme Thales, membre du consortium Galileo, qui propose pour les PDA son Magellan Companion (299 euros), un récepteur destiné à construire un itinéraire à l’aide des logiciels de carto-graphie Route Planner et CityMap, disponible en mai.

Des applications encore à définir

Pour autant, et en se fondant sur l’exploitation faite du GPS aux États-Unis, la valeur ajoutée que peuvent espérer à ce stade les entreprises reste relativement faible. “C’est encore une technologie émergente quant à son usage dans l’entreprise “, note Andrew Hogg, porte-parole de Pumatech, une société qui vient de mettre au point un logiciel de synchronisation d’agendas pour les Palm GPS de Garmin, le numéro un mondial des récepteurs GPS. “Aux États-Unis, le GPS est utilisé par les forces de vente de certaines grandes entreprises, comme les commerciaux en produits agricoles. Ces itinérants peuvent ainsi économiser beaucoup de temps et optimiser leurs déplacements d’un client à un autre dans des régions qu’ils ne connaissent pas forcément. “, poursuit-il. Qu’il s’agisse de Microsoft Outlook, de logiciels équivalents ou de bases de données centralisées, les applications standards qui intégreraient le GPS aux informations de disponibilité des collaborateurs, par exemple, sont encore à inventer. Mais quoi qu’il en soit, “un jour, vous ne pourrez plus vous en passer“, prédit Philippe Aucher.

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Fabrice Frossard