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Et si les robots taxis étaient trop énergivores pour être la révolution verte espérée ?

Les flottes de taxis autonomes pourraient augmenter le nombre de trajets sur la route et les kilomètres parcourus. Et donc ajouter des émissions carbones au lieu de les réduire.

Non, les voitures autonomes ne seront pas un mode de transport zéro émission. Bien au contraire. C’est ce que dit en substance une étude conjointe de Harvard et du MIT. Elle ne surprendra pas en France où la Fabrique écologique a déjà rendu un rapport très pessimiste sur le même sujet au mois de mars dernier.

Les travaux de Harvard se concentrent uniquement sur l’impact énergétique des flottes de robots taxis comme celle du service Waymo, qui appartient à Alphabet, vaisseau amiral de la galaxie Google. Ce sont les données publiques de la ville de San Francisco qui ont servi aux différentes simulations.

« Nous montrons que la conjonction de l’électrification des véhicules, de leur automatisation et de leur partage ne peut pas – contrairement au discours existant – aboutir à un résultat énergétique favorable », lit-on dans le rapport.

Un effet rebond probable

Pourtant, on aurait pu penser que les émissions carbones auraient été réduites en remplaçant des voitures thermiques par des véhicules électriques autonomes à la conduite parfaitement optimisée. C’était sans compter sur le fameux effet rebond et la spécificité de ce service de taxi à la demande.

Les utilisateurs seront probablement tentés d’avoir davantage recours à ces trajets à partir du moment où les services seront disponibles. Et cela annulerait l’effet bénéfique que cette technologie aurait produit si son usage était resté constant, tout en réduisant le recours au covoiturage.

A découvrir aussi en vidéo :

 

« Le déploiement en masse de taxis robots électriques dans les rues américaines pourrait en fait augmenter le nombre de trajets, de kilomètres parcourus et d’émissions globales », précise le directeur de l’étude, Ashley Nunes, dans Harvard Law Today.

The Verge rappelle ainsi une expérimentation menée en 2018 par l’Université du Michigan. Une famille disposant d’un chauffeur gratuitement pendant 60 heures sur une période de sept jours parcourait en moyenne 80% de kilomètres de plus qu’à son habitude.

Pour éviter une aggravation des émissions carbones avec les robots taxis, il faudrait que ces flottes soient 55% plus propres que les véhicules électriques d’aujourd’hui, de manière à compenser l’augmentation des déplacements. Ou que le covoiturage augmente considérablement, pointe l’étude de Harvard et du MIT.
Les universitaires concluent que c’est le covoiturage et non l’achat de véhicules électriques qui devrait bénéficier d’incitations fiscales de la part de nos dirigeants.

Sources : L’étude, Harvard Law Today, The Verge

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Amélie CHARNAY