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Comment le gouvernement chinois se sert du coronavirus pour intensifier sa surveillance

Alipay Health Code est la nouvelle application du gouvernement chinois pour lutter contre l’épidémie de coronavirus. Les citoyens y sont classés par codes couleur, en fonction de leur supposée dangerosité.

Pour circuler dans de nombreuses villes chinoises, il faut maintenant montrer son « QR Code médical ». Depuis le 11 février, le gouvernement expérimente en partenariat avec Alibaba le service Alipay Health Code, visant à contenir l’épidémie. 

Disponible au sein de l’application de paiement mobile Alipay (le principal concurrent de WeChat Pay en Chine), ce service utilise des données gouvernementales pour évaluer le risque qu’une personne soit porteuse du coronavirus Covid-19. Chaque individu est ensuite classé selon un code couleur. Pour accéder à certains endroits, un QR Code vert est obligatoire. 

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Des contrôles dans plus de 100 villes

Au départ, Alipay Health Code n’a été lancé que dans la ville de Hangzhou. mais il aurait été rapidement étendu à une centaine de villes. Pour passer certains péages, prendre le métro ou accéder à des endroits jugés à risque, comme les centres commerciaux, il est par exemple impératif de présenter un QR Code vert. Si vous êtes classé jaune ou rouge, vous devez impérativement rentrer chez vous. Une période d’isolement de 7 jours est requise pour les patients signalés en jaune tandis que les personnes les plus sensibles, marquées en rouge, doivent rester chez elles 14 jours. Le gouvernement chinois n’explique pas comment il procède à cette classification mais fait passer un questionnaire aux utilisateurs lors de l’inscription. 

Alibaba – Les trois niveaux de surveillance d’Alipay.

Plusieurs dizaines de millions de Chinois se seraient déjà inscrites à Alipay Health Code. Il faut dire que les autorités rendent impossible la vie des personnes qui n’y sont pas inscrites, la plupart des services publics étant interdits à la population sans présentation de leurs QR Code médicaux. Les résultats sont déjà là : les cas de contamination auraient diminué ces derniers jours. On peut néanmoins se demander si de telles méthodes visent vraiment à aider la population ou si le gouvernement chinois n’en profite pas pour tester de nouvelles solutions de surveillance.

Des données transmises… à la police 

En effet, le New York Times a découvert une étrange fonctionnalité en fouillant dans le code d’Alipay Health Code. Une mystérieuse fonction nommée «reportInfoAndLocationToPolice» serait lancée à chaque utilisation de l’application et permettrait aux autorités locales de suivre à la trace ses utilisateurs. Rien que dans la province de Zhejiang, plus de 50 millions d’individus seraient inscrits sur Alipay Health Code, ce qui laisse supposer que des centaines de millions de Chinois partagent désormais leur localisation et leur état de santé avec le gouvernement. C’est la première fois qu’un lien aussi fort entre une application d’un géant de la tech chinoise et le gouvernement est découvert.

Pour les médias chinois, Alipay Health Code n’est rien d’autre qu’une expérimentation. Beaucoup d’entre eux imaginent que le gouvernement étendra son système de QR Code colorés une fois l’épidémie de coronavirus passée… mais ne s’en inquiètent pas vraiment. Ils y voient au contraire un moyen d’améliorer la vie en société, ce qui est, bien entendu, la position du gouvernement (la Chine tente depuis plusieurs années d’inciter les citoyens à bien se comporter, avec un système orwellien de permis à points). L’efficacité de l’application d’Alibaba dans la régulation de l’épidémie pourrait donner de nouvelles idées au gouvernement chinois. Espérons que d’autres pays ne s’en inspirent pas…

Sources : Xinhuanet / The New York Times

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