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Comment le gouvernement français se prépare à l’essor du métavers

Le gouvernement français se penche actuellement sur l’avenir du métavers. Sur la base d’un rapport réalisé par trois experts, l’État envisage de débloquer des fonds publics pour favoriser l’émergence d’acteurs français.

Le gouvernement français s’intéresse de près aux métavers. Pour se préparer à l’essor de ces mondes numériques en réalité virtuelle, l’État a commandé « un rapport exploratoire sur le développement des métavers » à trois experts en février 2022. Réalisé par la chercheuse Camille François, le chercheur Rémi Ronfard et l’avocat Adrien Basdevant, le rapport vient d’être remis au gouvernement. Il liste une série de 10 propositions destinées à esquisser la stratégie française autour du métavers.

« Ce rapport est une étape importante dans le développement des métavers en France. […] Les métavers seront déterminants pour l’avenir du numérique et du Web3, pour lesquels la France doit jouer les premiers rôles au niveau mondial en s’appuyant sur un savoir-faire, des leaders industriels mondiaux et un esprit entrepreneurial exemplaire », affirme Jean-Noël Barrot, le ministre délégué à la Transition numérique.

Dans le cadre de ce rapport, plus de 80 personnalités ont été interrogées par les chercheurs, comme des entrepreneurs spécialisés dans la réalité virtuelle et la blockchain, des professionnels du jeu vidéo, des artistes ou encore des experts en intelligence artificielle. Sebastien Borget, co-fondateur de The Sandbox, a par exemple été mis à contribution.

« Le ministère de la Culture prendra appui sur ces préconisations pour accompagner ces nouveaux usages », déclare Rima Abdul Malak, ministre de la Culture

L’initiative fait suite à l’une des promesses de campagne d’Emmanuel Macron. Peu avant sa réélection, le candidat président s’était engagé à « bâtir un métavers européen » afin de « ne pas dépendre d’acteurs ou d’agrégateurs anglo-saxons ou chinois ». Plus récemment, le gouvernement français a plusieurs fois réitéré son intention de faire de la France l’un des hauts lieux du Web 3.0, cette version prétendument décentralisée d’Internet. Dans le cadre de cette stratégie, l’État prévoit d’attirer encore davantage d’acteurs du monde des cryptomonnaies et de soutenir le secteur des tokens non fongibles (NFT) avec les fonds publics. Pour rappel, les monnaies numériques et les NFT font partie des pierres angulaires de l’avenir du métavers.

Se faire une place dans le métavers

Le rapport exploratoire recommande d’abord au gouvernement de profiter de l’essor du métavers pour « reconquérir des positions de leader dans des services numériques mondiaux, en France et sur le continent européen ». Grâce à des « investissements stratégiques », la France serait en mesure de « limiter les risques de perte de souveraineté ou de fuite de valeur » au profit d’acteurs étrangers, notamment américains. Après avoir raté la révolution Internet, la France ne doit pas passer à côté de celle du Web 3.0, laisse entendre le rapport. Pour y parvenir, l’Hexagone peut compter sur plusieurs start-up françaises reconnues, comme Ledger ou encore Sorare, le jeu de football qui s’appuie sur la technologie blockchain.

Plus concrètement, le document conseille au gouvernement de profiter des Jeux olympiques 2024, qui seront organisés à Paris, pour mettre en place des « projets concrets » avec des acteurs français du métavers. Ces initiatives devraient mettre en valeur « le territoire et le patrimoine français ». En avril dernier, Emmanuel Macron avait déjà assuré que « le métavers a un immense potentiel dans la culture ». Interrogé par nos confrères de The Big Whale, le président de la République avait précisé :

« La France à travers sa langue, son patrimoine, ses villes et villages, ses monuments, doit aussi exister dans le métavers. Je souhaite que nous puissions réfléchir à ce que serait un musée dématérialisé de l’histoire de France dans cet univers ».

Garantir l’interopérabilité des métavers

Dans cette optique, le rapport encourage d’ailleurs le gouvernement à « soutenir des attelages hybrides entre structures françaises technologiques et institutions culturelles ». Le rapport évoque aussi la création d’un institut de recherche et coordination. Cet institut sera chargé de faire de la recherche concernant le métavers et de concevoir des mondes immersifs avec l’appui d’artistes nationaux. Il viendrait assister les institutions culturelles qui souhaitent expérimenter le métavers.

Il est également recommandé aux pouvoirs publics de « faire émerger les services communs et essentiels » pour soutenir la création « d’une pluralité de métavers interopérables ». L’interopérabilité est l’un des grands enjeux des métavers. Pour garantir la compatibilité des différents mondes numériques, une trentaine d’entreprises, dont Adobe, Alibaba, Epic Games, Huawei ou encore Ikea, ont d’ailleurs créé le consortium Metaverse Standards Forum.

En miroir de cette coalition, qui comprend aussi Meta et Microsoft, le gouvernement français est appelé à veiller à la création de normes assurant que les différentes technologies du métavers fonctionnent entre elles. L’État doit par ailleurs s’assurer que les acteurs français aient voix au chapitre lors de l’instauration de ces normes.

À lire aussi : Orange et les grands opérateurs européens veulent faire payer les Big Tech pour préparer le métavers

Régulation et impact environnemental

Sans surprise, les chercheurs recommandent aussi de préparer dès maintenant la régulation du métavers. Il est conseillé à l’État de commencer à adapter les textes européens dédiés au numérique, comme le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) ou le Digital Services Act, aux « enjeux du métavers ». Ces cadres réglementaires vont devoir évoluer à mesure que la réalité virtuelle et augmentée se développe.

Enfin, le gouvernement devrait se pencher sur l’impact environnemental du métavers. Afin de respecter « les exigences climatiques », l’État doit impérativement mesurer comment les mondes numériques affectent l’environnement. De nombreux détracteurs estiment en effet que le métavers, tel que rêvé par Mark Zuckerberg, s’accompagnera d’une hausse de la pollution numérique. Interrogé par les Echos en mai dernier, Frédéric Bordage, expert en sobriété numérique, explique :

« Si chaque individu se dote d’un casque VR, c’est comme si on multipliait par deux le nombre de smartphones dans le monde »

Après avoir quantifié l’impact écologique du métavers, le rapport recommande de soutenir l’émergence de « solutions écoresponsables ».

Cap vers France 2030 ?

Ces propositions devraient notamment être intégrées à France 2030, l’ambitieux plan d’investissement du gouvernement pour répondre aux grands défis du monde moderne, comme « la transition écologique, la compétitivité industrielle et les technologies d’avenir ».

Le rapport préconise plusieurs fois à l’État français d’investir dans les métavers par le biais de France 2030. En amont de la publication du rapport, Jean-Noël Barrot avait déjà évoqué l’intention du gouvernement d’utiliser une partie des 30 milliards d’euros du plan pour soutenir l’écosystème français.

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Source : Ministère de la Culture


Florian Bayard
Votre opinion
  1. Bravo aux nombreux personnes qui ont participé à l’étude, et ont réussi à le vendre au ministère de la Culture.

    Tout ca pour un projet qui sera un bide monumental, qui viendra se loger aux cotés de la technologie de télés 3D, des frigos connectés, des smartphones pliants,…et du cloud souverain.

    Bientôt des équipes seront constituées, des managers nommés, une direction… Une occasion en or, pour qui cherche un job de planqué. Le ministère devrait lire les articles de 01net : on y dit que, chez Meta/Facebook, c’est déjà la débacle.

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