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Comment Fairphone rend l’extraction minière plus responsable

Aluminium, cuivre ou nickel : le fabricant de smartphones éthiques allonge sa liste de matériaux  dont il veut améliorer les conditions de production. Une avancée qui peut bénéficier à toute la filière électronique.

On ne présente plus la société néerlandaise Fairphone et son smartphone durable avec ses plastiques recyclés et ses composants modulaires. Elle s’approvisionne en métaux hors zone de conflit et avait jusque-là identifié huit matériaux prioritaires dont elle s’attachait à améliorer les conditions de production. Elle annonce désormais en lister 14 au total. L’aluminium, le cobalt, le cuivre, l’or, l’indium, le lithium, le magnésium, le nickel, les plastiques, les terres rares, l’argent,  l’étain, le tungstène  et le zinc sont concernés. Fairphone ambitionne de rendre plus responsables leurs chaînes d’approvisionnement.

Des relations de confiance sur le terrain

« Responsable pour nous, cela veut dire que les gens travaillent en toute sécurité, gagnent des revenus justes et que les matériaux utilisés le sont en ayant un minimum d’empreinte environnementale »,  nous explique Monique Lempers, directrice Impact Innovation chez Fairphone. Cela nécessite d’identifier les fournisseurs clés et de mettre ensuite en place des bonnes pratiques via des chartes.

Quand nous demandons si Fairphone procède ensuite à des contrôles sur le terrain, la réponse fuse. « Contrôler, cela sonne comme une gestion des risques. Or, les mauvaises conditions de production des métaux ne sont pas un risque mais une réalité. Nous préférons tisser des relations de confiance, avoir de relais sur le terrain et investir directement notre argent dans l’amélioration de ces mines. Par ailleurs, cela n’aurait aucun sens de vouloir “contrôler” nos chaînes d’approvisionnement. Elles sont trop vastes et en perpétuel mouvement », nous indique encore Monique Lempers.

Investir dans les mines artisanales et à petite échelle

Fairphone a choisi plus particulièrement de se concentrer sur les mines artisanales et de petite échelle. 44 millions de personnes en dépendraient directement et près 200 millions indirectement. Pour notre interlocutrice, « c’est une opportunité d’avoir une influence positive sur la vie de millions de gens qui vivent souvent dans les régions les plus pauvres ».

C’est dans cette logique qu’est née dès l’année dernière l’Alliance pour le cobalt équitable (FCA) qui œuvre en République Démocratique du Congo. Un travail de longue haleine qui va durer cinq ans et s’étendre mine après mine. Fairphone en a pris l’initiative, mais est soutenu par des partenaires comme Signify. Ils ont été rejoints par des poids lourds du secteur, à l’image de Glencore, un négociant en matières premières.

Pas de greenwashing chez la société néerlandaise, mais beaucoup de pragmatisme. Elle sait qu’il n’y pas une solution unique aux problèmes sociaux et environnementaux qu’engendre la fabrication des smartphones. En plus des efforts concentrés en amont sur l’approvisionnement, elle met l’accent sur la réutilisation et la collecte des produits pour allonger leur durée de vie. 

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Le mirage des métaux non miniers

Mais quand on évoque la perspective de produire un jour des smartphones avec des métaux non miniers issus du recyclage, la réaction est dubitative.
« Ce que nous ne voulons pas, c’est que le recyclage soit utilisé comme une excuse pour ne pas améliorer la chaîne d’approvisionnement minière. Or, le recyclage de demain provient dès aujourd’hui de la mine », insiste Monique Lempers.

Fairphone met en avant des projections impressionnantes faisant état d’une augmentation de la demande de 500% d’ici 2025 concernant certains minéraux comme le lithium ou le cobalt qui sont utilisés dans les batteries. Cette croissance est tirée non seulement par la consommation mais aussi par la transition énergétique. « C’est une illusion de compter sur le recyclage de métaux, parce que nous ne collectons pas assez d’appareils, que sur le total il y a peu de métaux extraits, et qu’il n’y aura pas assez de fournisseurs pour faire face à la demande », s’agace la directrice Impact Innovation.

L’espoir de Fairphone, c’est de jouer le rôle de locomotive pour toute l’industrie de l’électronique et de faire en sorte que ses bonnes pratiques deviennent la norme. Peut-être qu’un jour, il sera possible de parvenir à un mode d’approvisionnement plus circulaire. En attendant, il est urgent de protéger les mineurs et l’environnement.

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Amélie CHARNAY