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Cinq questions que l’on se pose sur les lunettes du mystérieux Magic Leap

La start-up vient de présenter les Magic Leap One, un prototype pré-commercial de réalité mixte. Mais les spécificités techniques et la technologie optique restent opaques.

Après des années à nous promettre un dispositif révolutionnaire de réalité augmentée, Magic Leap nous présente enfin quelque chose à mettre sous la dent. Le produit s’appelle Magic Leap One et s’articule autour de trois éléments : les lunettes Lightwear, le mini-ordinateur Lightpack et le contrôleur Control.
Une première version Creator Edition sera livrée au cours de l’année 2018 à un public de professionnels (développeurs, graphistes, créatifs) avec le lancement dans la foulée d’un Creator Portal pour qu’ils puissent accéder à un SDK. Pas de date précise ni de prix. Et pour le grand public, il faudra encore attendre. Une prise en main a été accordée en exclusivité à Rollingstone. Elle permet d’en savoir un peu plus sur certains aspects techniques, même si de nombreuses zones d’ombre persistent.

L'ensemble du dispositif Magic Leap One.
Magic Leap – L’ensemble du dispositif Magic Leap One.

Le produit est-il terminé ?

Les photos officielles de la version pré-commerciale et donc non définitive du Magic Leap One sont troublantes (voir ci-dessus). Car elles sonnent faux au premier coup d’œil. Les lunettes Lightwear sont surmontées d’un halo lumineux peu réaliste, et les trois produits présentent un aspect beaucoup trop lisse, ainsi qu’une absence totale de détails.
Autant d’éléments qui ont fait suspecter un simple rendu sous Photoshop au site Ars Technica. Magic Leap a depuis démenti cette assertion, concédant juste une petite retouche. Les trois produits semblent en tous cas avoir été assemblés après-coup. N’oublions pas que Magic Leap a tenté par le passé de faire passer des mises en scène avec effets spéciaux pour des vidéos de présentation. Et comme la start-up ne montre cette fois-ci aucune vidéo, le doute demeure sur l’existence de ce matériel tel qu’il apparaît sur les photos.

Le controleur à gauche et le mini-ordinateur de Magic Leap qui se clipse à la poche du jean.
Magic Leap – Le contrôleur à gauche et le mini-ordinateur de Magic Leap qui se clipse à la poche du jean.

Le dispositif est-il vraiment portable ?

Le Magic Leap One Creator Edition correspond à la neuvième génération du matériel et représente un stade avancé de miniaturisation. Le journaliste de Rollingstone affirme – sans pouvoir donner un poids exact – avoir pu le porter sans problème pendant une heure, impressionné par la légèreté des trois éléments, leur confort et leur maniabilité. Les lunettes s’ajusterait facilement sur la tête et seraient déclinées en deux tailles. Il existerait aussi un coussin frontal et des protections pour les tempes pouvant être adaptées.
Deux câbles partent des lunettes puis fusionnent pour passer dans le dos de l’utilisateur et relier le Lightpack. Mais aucun visuel ne montre exactement où ils se rejoignent et leur parcours dans son intégralité. Quant au Lightpack, tout rond, il se clipse sur une poche de jean ou se porte en bandoulière  comme la sangle d’une guitare. Enfin, le Control se présente comme un galet avec un pavé tactile sur le dessus, une gamme de boutons et permet d’avoir un retour haptique.    

Quelles caractéristiques techniques ?

Le Lightpack serait aussi puissant qu’un « MacBook Pro ou qu’un PC Alienware » avec « un puissant GPU et CPU », selon le fondateur de Magic Leap, Rony Abovitz.
Il comporte également un support de stockage, une antenne Wi-Fi et de l’électronique comme un vrai petit ordinateur. Plutôt vague. Qu’en est-il de la dissipation thermique ? Est-il bruyant ? Comment est alimenté ce petit ordinateur portable ? Le boîtier comporte a priori également une batterie, quelle est sa capacité ? Quelle est l’autonomie de l’ensemble ? Si on se fie aux retours du journaliste de Rollingstone, tout cela tiendrait au moins une heure. Si on comprend que les spécifications techniques ne soient pas encore arrêtées, un peu de détail n’aurait pas fait de mal.

On apprend également que les lunettes Lightwear embarquent un processeur chargé de traiter les images et qu’elles seraient dotées d’une capacité d’apprentissage automatique. Elles comportent, enfin, quatre microphones et six caméras, ainsi que des hauts parleurs dans les branches. On ignore si elles embarquent elles aussi des batteries. Une fois encore, la question de l’autonomie se pose donc.

Le type d'images virtuelles que Magic Leap promet de pouvoir intégrer dans notre environnement réel grâce à ses lunettes de réalité mixte.
Magic Leap – Le type d’images virtuelles que Magic Leap promet de pouvoir intégrer dans notre environnement réel grâce à ses lunettes de réalité mixte.

Quel champ de vision ?

L’une des seules déceptions des lunettes de réalité mixte Hololens de Microsoft réside dans leur champ de vision limité et très démarqué. D’après les premières impressions du journaliste de Rollingstone, il semblerait que les Lightwear offre un champ plus étendu bien que toujours limité. « L’espace de visionnage revêt à peu près la taille d’une cassette VHS tenue devant vous avec vos bras à demi étendus », décrit-il.
La prochaine génération étendrait cependant considérablement le champ de vision qui devrait correspondre exactement à celui du porteur. Ainsi, les bords devraient disparaître pour supprimer l’effet de cassure aux extrémités des images virtuelles. Les ingénieurs de Magic Leap comptent aussi sur la capacité du cerveau à extrapoler pour les compléter.

Quelle technologie optique ?

Magic Leap se targue depuis ses débuts de ne pas utiliser la même technologie optique que les casques de réalité virtuelle et mixte existant déjà sur le marché. Il y a quelques années, elle parlait même de « réalité cinématique » pour désigner sa technologie.
Le terme n’est plus utilisé par Rony Abovitz qui se contente désormais de parler de réalité mixte comme Microsoft, ce qui consiste à faire surgir des images virtuelles avec lesquelles on peut interagir dans le monde réel. Mais la particularité de Magic Leap est de ne pas recourir au procédé stéréoscopique des lunettes de réalité virtuelle qui cachent alternativement l’un des deux yeux pour créer un effet 3D.  

La société est partie du principe que notre cerveau interprète en grande partie ce que nous voyons et qu’il suffit de manipuler la lumière pour provoquer des illusions d’optique. Le phénomène existe à l’état naturel avec le plumage mordoré d’un paon, par exemple, qui ne comporte en réalité aucun pigment ou colorant. Les effets irisés sont créés par le reflet de la lumière sur la surface des plumes qui sont structurées de façon particulière. Sur son site officiel, Magic Leap parle de digital lightfield. Elle aurait donc réussi grâce aux composants incorporés dans ces lunettes, à créer  « un champ lumineux photonique qui génère une lumière numérique sur différentes profondeurs et qui se mêle parfaitement avec la lumière naturelle pour produire des objets réalistes coexistant dans le monde réel ». Mais la démonstration reste à faire de la supériorité du rendu ainsi obtenu par rapport aux technologies déjà existantes.

Le suspense reste donc entier quant à la capacité de Magic Leap à révolutionner la réalité mixte. On devrait pouvoir juger sur pièces, on l’espère, courant 2018 !

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Amélie Charnay