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Après une violente polémique, Blizzard assouplit la sanction infligée à un joueur hongkongais

L’éditeur de jeux vidéo américain accorde les 10 000 euros de récompense au gamer Ng Wai Chung, qui a soutenu le mouvement prodémocratie à Hong-Kong durant un stream. Mais, le joueur reste tout de même banni pour six mois.

Après quatre longues journées, Blizzard est (enfin) sorti de son silence vendredi 11 octobre. L’entreprise américaine a déclaré à ses fans en colère que les sanctions infligées à un joueur professionnel, soutenant le mouvement prodémocratie à Hong Kong… n’avaient rien à voir avec la Chine.

Pas de « rapport » avec la Chine

« Le point de vue exprimé par Blitzchung n’a PAS pesé dans notre décision. […] Notre relation avec la Chine n’a eu aucune influence dans notre décision », a déclaré J. Allen Brack, le président de la division Blizzard Entertainment dans un message officiel.

Chung Ng Wai, alias « Blitzchung », a été banni, mardi 8 octobre, après avoir soutenu les manifestants prodémocratie lors d’une interview en direct. Le gamer d’origine hongkongaise venait de remporter un match de Hearthstone. Il portait alors un masque sur les yeux et un filtre sur la bouche – alors que le gouvernement hongkongais venait d’interdire le port de telles protections pendant les manifestations.

Le tollé a largement dépassé la communauté de fan de Blizzard. La sanction a fait réagir les joueurs, les employés et même certains responsables politiques américains. Un appel au boycott a été lancé sur les réseaux sous le hashtag « #Blizzardboycott ».

Surtout ne pas « offenser »

 « L’émission officielle doit porter sur le tournoi, dans l’intérêt de l’audience mondiale. Il y a des conséquences à dévier la conversation […] et à perturber ou à faire dérailler l’émission », explique le dirigeant dans sa missive. « Si un point de vue opposé avait été formulé de la même façon délibérée et clivante, nous aurions réagi de la même façon », peut-on y lire.

L’entreprise rappelle que la règle est claire. Les joueurs ne peuvent pas faire ou commenter des actes qui « offensent une partie ou un groupe du public, ou qui nuisent à l’image de Blizzard ».

Six mois d’exclusion

Mais, le géant du jeu vidéo a allégé la punition. L’exclusion de la ligue Grandmasters pour le joueur passe de six mois au lieu d’un an. Et Blitzchung a finalement le droit de toucher ses 10 000 dollars de récompense. 

« Ces derniers jours, de nombreux joueurs, interviewers, fans d’e-sport et employés ont exprimé leurs doutes sur notre façon de déterminer les pénalités. […] Avec le recul, notre processus n’était pas approprié. Nous avons réagi trop rapidement », a tempéré J. Allen Brack.

Les deux interviewers qui interrogeaient Blitzchung durant le stream ont vu leur peine également assouplie : « seulement » six mois de suspension. Mardi, la diffusion en streaming avait été interrompue et la vidéo, retirée ensuite.

« Je ne regrette pas d’avoir dit tout ça. Même maintenant (après les sanctions), je ne regrette rien », a affirmé le jeune joueur de 21 ans à l’AFP, malgré la censure. 

Blizzard dépendant de la Chine

Le silence de plus de quatre jours et la mutinerie en interne illustrent néanmoins un certain malaise, voire un asservissement de l’entreprise américaine vis-à-vis de Pékin. Selon Variety, le géant chinois Tencent détiendrait environ 5% d’Activision Blizzard.

La Chine est l’un des plus grands marchés de jeux au monde, mais les entreprises étrangères ne sont pas autorisées à y exercer leurs activités sans qu’un partenaire chinois local prenne une participation importante. Depuis 2008, Blizzard s’est associée à NetEase en Chine pour y diffuser ses jeux. En janvier, le contrat a été allongé jusqu’en 2023.

Mettre la pression sur les entreprises étrangères est un énième levier du gouvernement chinois pour museler le mouvement hongkongais. Apple a dû supprimer une application de localisation qui aidait les manifestants. Google a retiré un jeu vidéo qui reprend le slogan principal des manifestations : The Revolution of our Times. 

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Marion Simon-Rainaud