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Apple peut-il vraiment construire sa voiture autonome d’ici 2019 ?

Simple mythe ou réalité prochaine, Apple pourrait bien commercialiser sa voiture électrique – et autonome ? – d’ici trois ans. Si le sujet est régulièrement mis sur le tapis, rien ne semble s’opposer à ce que le géant américain puisse mener son projet à terme… sous certaines conditions.

« Nous étudions de nombreuses pistes en cours de route et nous consacrons notre énergie à certaines d’entre elles. » Le discours est rodé – bien qu’hilare, en l’occurrence – dans la bouche de Tim Cook lorsqu’il répond à Stephen Colbert sur le plateau du Late Show, le 15 septembre dernier. Et le patron d’Apple ne parle pas d’un nouveau smartphone, mais bel et bien de voiture électrique et peut-être autonome.

De nombreuses rumeurs – nées de la location et de l’aménagement de locaux bien spécifiques et de l’embauche de nombreux experts automobiles – laissent penser qu’Apple entretient depuis plusieurs mois un grand projet secret, nom de code Titan, dont l’objectif est la conception d’une voiture électrique – probablement autonome.

Les choses semblent toutefois se précipiter et prendre corps. Selon le Wall Street Journal, la firme de Cupertino commercialisera son véhicule en 2019. Une nouvelle annonce qui ne fait que confirmer les propos du journal The Guardian durant l’été. Ce dernier révélait qu’Apple travaille bien sur le projet secret Titan dont l’effectif de 600 personnes pourrait bien tripler rapidement, toujours selon le WSJ. Mais Apple a-t-il les moyens de mener à bien ce projet ou s’agit-il une nouvelle fois de l’emballement de la machine à distordre la réalité ?

Une Apple Car d’ici 3 ans, une idée pas si délirante

En mars dernier, lors du Mobile World Congress, Carlos Ghosn, peut-être un brin goguenard, lâchait qu’« il est rafraîchissant de voir que même des entreprises de haute technologie rejoignent l’automobile électrique ». Le président du groupe Renault-Nissan précisait toutefois qu’il était curieux de voir quels genres d’innovation Apple serait capable d’apporter.

Chez Tesla, le fait qu’Apple – comme d’autres marques telles que Porsche récemment avec son concept Mission E – envisage la voiture du futur comme un modèle électrique ne fait que conforter l’idée que la société d’Elon Musk a opté pour le bon mode de « carburant » – même si l’entreprise californienne, née en 2003, s’inquiète également de la venue de ce géant aux poches profondes, suffisamment en tout cas pour débaucher ses meilleurs éléments…

Mais l’idée qu’Apple pourrait s’immiscer dans l’industrie automobile soulève évidemment de nombreuses interrogations. Les premières portent sur les intentions du constructeur en devenir. Selon Guillaume Crunelle, associé responsable du secteur automobile chez Deloitte, « Apple a tout à fait les moyens de concevoir son véhicule. Le tout est de connaître ses ambitions. Entre une production de quelques centaines de véhicules par an ou plusieurs milliers, les contraintes ne sont pas les mêmes.»

En effet, dans le premier cas, Apple a tout à fait les moyens financiers d’assumer les coûts de R&D et il lui suffirait alors de s’acoquiner avec un industriel existant pour construire son Apple Car. Un de ces derniers recrutements, celui de Doug Betts, sans oublier d’anciens ingénieurs de Tesla et Mercedes, devrait lui faciliter la tâche. L’ancien responsable produit et qualité chez FCA (Fiat Chrysler Automobile) ne devrait pas avoir trop de problèmes à trouver un partenaire parmi les constructeurs américains.

Ce mode de fonctionnement est de fait assez probable car plutôt répandu dans le monde automobile où les constructeurs cherchent à optimiser les taux d’occupation de leurs usines.

Pour rappel, le premier véhicule Tesla, le Roadster, était conçu sur une base existante de Lotus Elise. Autre exemple, Renault annonçait l’an dernier qu’il utiliserait son usine de Dieppe pour produire la BlueCar de Vincent Bolloré dès le second semestre 2015. 

Le second cas de figure qui verrait Apple jouer cavalier seul et produire lui-même l’Apple Car impliquerait qu’une usine dédiée soit déjà en cours de construction pour respecter l’échéance de 2019. Si Apple a adopté le modèle fabless depuis quelques décennies maintenant, cette éventualité n’est pas à écarter non plus. Toujours selon Guillaume Crunelle, « en entretenant le flou sur la date de commercialisation et ses ambitions, Apple maîtrise son calendrier ». Un calendrier plus secret encore que le projet qui passe par les inévitables phases de tests des véhicules. Et là encore, Apple semble avoir prévu le coup puisqu’il aurait accès au site GoMentum Station, une base navale désaffectée dans la baie de San Fransisco. 

Quid des objectifs ?

En définitive, aucun véritable frein technique ne semble s’imposer à Apple pour la construction de son Apple Car. La mutation de l’industrie automobile, de plus en plus portée sur les technologies, conforte même l’idée qu’un tel géant de la high-tech pourrait facilement se faire une place sur le marché. Pour autant, lorsqu’on s’appelle Apple et qu’on maîtrise la transformation des données (dans le Cloud), il se pose alors la question des limites morales du constructeur. Si les grandes marques automobiles actuelles mettent un point d’honneur – avec plus ou moins de succès, cf. les récents piratages de voitures connectées – à sécuriser les informations qui transitent au travers de la prise diagnostic du véhicule (OBD2) et les éléments connectés de la voitures (Wi-Fi, 4G, etc.), certains de nos interlocuteurs et experts de l’automobile nous ont confié qu’il planait encore des doutes sur les intentions d’Apple sur ce sujet. Reste enfin que si l’idée est de produire une voiture électrique est tout à fait envisageable, celle qu’elle soit complètement autonome sera soumise à d’autres évolutions/contraintes technologiques, industrielles et législatives qui, dans ce dernier cas, échapperont totalement à Apple.

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David NOGUEIRA