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« All play, no work », promesses du jeu en nuage

Le Cloud Gaming, le jeu vidéo dans le nuage, devrait apporter à un public plus large une qualité d’image supérieure, à quelques conditions…

Conversation avec un hard-core gamer devant le PC, capot ouvert, d’où s’échappe l’air chaud. « Et ces tuyaux qui bougent, là, c’est quoi ?» «Le watercooling. J’ai overclocké mon I7 3930K, qui commence un peu à dater. À 4,6 Ghz, le refroidissement liquide est nécessaire. Tu comprends, avec les FPS, l’ennemi c’est la latence. J’ai aussi dû terminer l’anti-virus et les services Windows inutiles. »

J’imagine mal assembler un monstre pareil, à 2500 €, et devoir le bichonner comme un cheval de course, même pour m’évader dans un paradis numérique. On n’est certes pas obligé de posséder un PC de gros calibre mais les derniers opus d’EA ou d’Activision sont fait pour tirer parti de ces machines et le marché de l’occasion, des jeux moins exigeants, disparaît sous la pression même des éditeurs. Si les plus beaux jeux s’exécutaient avec grâce sur du matériel plus plébéien, il y aurait sans doute beaucoup plus de joueurs casual, occasionnels. En attendant, on trouve le ticket d’entrée bien salé.

À la différence de Steam, le Cloud ne nécessite pas de machine puissante pour jouer à des jeux récents. Ici, Dirt 3 avec une puce graphique de 2004 !
À la différence de Steam, le Cloud ne nécessite pas de machine puissante pour jouer à des jeux récents. Ici, Dirt 3 avec une puce graphique de 2004 ! – À la différence de Steam, le Cloud ne nécessite pas de machine puissante pour jouer à des jeux récents. Ici, Dirt 3 avec une puce graphique de 2004 !

Fait pour les smartphones et autres tablettes

Les éditeurs sont conscients de ces tendances qui pourraient saper leurs affaires. Depuis quelques années, certains préparent des jeux à la location pour des appareils moins élitistes et surtout mobiles, afin d’élargir le public et multiplier les occasions. La solution s’appelle Cloud Gaming. Sur Onlive.com, par exemple, les joueurs créent un compte, s’y connectent et choisissent dans une immense ludothèque, comme on le ferait avec un service de vidéo à la demande. Car il s’agit bien de ça, une vidéo interactive. Le jeu est exécuté quelque part dans le nuage informatique, et le flux produit est envoyé sous forme d’une vidéo 720p. Une résolution d’image que la plupart des ordiphones, tablettes et machines bureautiques peuvent afficher sans trop de saccades.

En pratique, tout repose sur la qualité de la connexion : son débit, 5 Mbits/s constitue une limite basse, et la latence du ping. Ce dernier point est sensible car les commandes parties du clavier parcourent un long chemin. Les ruraux en bout de ligne risquent d’être les oubliés de la fête.

Des offres alléchantes

Onlive nécessite l’installation d’un petit logiciel (7 Mo). L’ordinateur du test était un portable avec un processeur Core 2 duo à 1,5 Ghz et un processeur graphique intégré 945GM, considéré comme médiocre à l’époque de sortie de la machine, en 2006. On a poussé le vice jusqu’à lancer le programme sur Wine, l’émulateur Windows de Linux. Malgré nos efforts, ça marche. Dirt 3 produit des images splendides. Avec une connexion Free en ville, l’interactivité est très bonne et si la voiture a fini contre un mélèze, c’était pour mieux voir la texture de l’écorce.

Le jeu sera dans le nuage, comme les autres médias. Sony, le géant de la musique, prépare une offre après avoir racheté l’an dernier Gaikai, un précurseur du Cloud Game. Les fournisseurs d’accès à internet jouent aussi leur carte, comme SFR, Orange et aussi Bouygues, avec sa Bbox Sensation. Même les joueurs, certains lassés de payer 60 € pour un jeu solo trop vite fini, pourront préférer 5€ pour 3 jours.

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Philippe Roure