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4G à Marseille : le point de vue d’Orange

Lors de l’inauguration des premières antennes de tests 4G d’Orange à Marseille, nous avons rencontré Delphine Ernotte Cunci, directrice générale du groupe.

Jusqu’à l’ouverture commerciale du réseau 4G d’Orange, 2 500 personnes vont être sélectionnées par l’opérateur parmi des employés et un panel de clients (grand public et professionnels) pour effectuer des tests grandeur nature. Marseille est la première ville de ce laboratoire géant. Suivront Lyon et Nantes, puis douze autres grandes métropoles françaises

Lors de cette inauguration, nous avons pu redécouvrir tous les services et usages que la 4G offrira au grand public. A Marseille, l’opérateur Orange a également tenu à souligner les bienfaits des débits 4G (150 Mbit/s théoriques) sur certaines activités professionnelles : vidéoconférence à plusieurs, surveillance simple et à distance de chantiers ou encore retransmission d’événements sportifs ou de concerts en vidéo avec des moyens légers mais performants.

Ce fut également pour nous l’occasion de discuter avec Delphine Ernotte Cunci, directrice générale d’Orange, afin d’en savoir un peu plus sur ce que nous réserve l’opérateur avec cette nouvelle technologie.

01net : quand verrons-nous apparaître les premiers forfaits 4G ?
Delphine Ernotte Cunci
: aujourd’hui, à Marseille, c’est le vrai réseau qui fonctionne avec des clients pilotes. On veut se donner le temps avec ces personnes de tester le réseau et d’être sûr que la qualité sera au rendez-vous le jour de l’ouverture et de la commercialisation des offres au grand public. Les offres commerciales démarreront début 2013 parce que nous désirons couvrir plusieurs villes, une certaine taille de villes et un certain pourcentage de la population avant de lancer les offres sur tout le territoire.

Quel coût représente la 4G ?
Je ne peux pas vous en livrer le détail technologie par technologie (3G et 4G) puisque certains équipements sont mutualisés. En gros, nous investissons 600 millions d’euros par an dans le réseau mobile à la fois dans la 3G et la 4G. Je commencerai par rappeler que les fréquences nous ont coûté plus de 1,2 milliard d’euros. Mais, outre l’installation ou la maintenance des antennes, il existe un élément trop peu souvent cité qui revient extrêmement cher : c’est le maillon de la chaîne qui récupère le trafic de l’antenne et l’achemine sur le cœur du réseau [les stations de base, NDLR].
On peut faire une analogie entre le réseau mobile et le réseau routier : les antennes sont les routes de campagne, les stations de base sont les départementales et le cœur du réseau, ce sont les autoroutes. Orange possède en France 15 000 antennes 3G et le lien qui est derrière et récupère le trafic est majoritairement en fibre optique : 97 % en zone dense sur les grandes métropoles et 80 % en moyenne sur l’ensemble du territoire. C’est principalement cette infrastructure qui garantit le débit des clients sur la data.

Pouvez-vous d’ores et déjà nous préciser une date pour la couverture nationale de la population en 4G ?
Ce que je peux déjà vous dire, c’est que nous avons mis sept ans pour atteindre 98 % de couverture en 3G. Pour le 4G, nous pensons diviser ce temps par deux et atteindre 50 % de couverture mi-2014 et une couverture nationale fin 2016 ou dans le courant de 2017.

Tous les opérateurs sont unanimes : la couverture de la ville de Paris est problématique. Pourquoi ?
La situation relève un peu de l’irrationnel. Les antennes d’Orange émettent, en moyenne,  avec une puissance de 0,6 volt/mètre alors que la norme fixée par le décret de mai 2002 est de 61 volts/mètre. Et avec une lampe de chevet basse tension, on peut atteindre 17 volts/mètre. En suivant un raisonnement rationnel, on devrait donc éteindre les lampes de chevet et installer des antennes partout… Il faut également rappeler que les terminaux, lorsqu’ils n’arrivent pas à accrocher le réseau, se mettent à chauffer. En d’autres termes, moins le maillage des antennes est dense, plus le terminal cherche le réseau et engendre des ondes.
C’est contre-productif si l’on prend en compte ces problématiques de santé. Et malheureusement, on n’a pas vraiment de solution alternative : le Wi-Fi est un complément et ne peut pas remplacer un véritable réseau mobile en termes de qualité de service : quant vous déplacez à pied en téléphonant, un réseau mobile est capable de vous faire passer de manière transparente et automatique d’une antenne-relais à une autre. Il impossible de faire de même d’un réseau Wi-Fi à un autre. [En octobre 2011, lors d’un débat au Conseil de Paris, la ville a décidé de suspendre l’implantation des antennes-relais, jugeant « inacceptables » les exigences de la Fédération française des télécoms qui prônait notamment une augmentation du seuil à 10 voire 15 volts/mètre, NDLR]

Rencontrez-vous des problèmes techniques avec cette technologie ?
Nous n’avons pas de problèmes techniques particuliers. Comme les autres opérateurs, nous sommes en train de procéder à des réglages, notamment pendant cette période de tests que nous réalisons à Marseille, pour nous assurer que ce très haut débit ne s’atténue pas à un quelconque moment de sa transmission au travers du réseau.

Les usages que l’on voit pointer avec la 4G et de tels débits sont évidents : vidéo en HD en mobilité, cloud gaming en réseau, chat en vidéo haute qualité… En voyez-vous d’autres ?
J’en vois essentiellement deux autres. Dans le domaine professionnel, on pourra réellement avoir un bureau déporté dans le cloud. C’est-à-dire accéder à ses e-mails et aux outils habituels. Mais surtout, il sera possible d’utiliser les outils spécifiques [les logiciels professionnels, NDLR] de son entreprise à distance.
La 4G, c’est aussi un réseau « montant » avec des débits phénoménaux. Pour le grand public, cela signifie que les photos ou les vidéos personnelles peuvent être sauvegardées ou partagées automatiquement et instantanément dans le cloud (domaine dans lequel nous travaillons ardemment en ce moment) pour pouvoir en disposer rapidement par la suite sur n’importe quel support, un PC à la maison, une tablette ou encore un smartphone

Orange, en partenariat avec Deezer, a racheté Dailymotion et possède cinq chaînes de télévision à péage (Orange Cinéma Séries). Le développement de la 4G va-t-il vous conduire à produire ou coproduire plus de contenus ?
Deezer fonctionne très bien aujourd’hui avec plus de 1,2 million de clients. Nous sommes en train de travailler avec Dailymotion pour voir comment on pourrait apporter plus de contenus à nos clients en situation de mobilité. Quant à Orange Cinéma Séries, qui est déjà disponible sur nos box, nos smartphones et nos tablettes, je pense que tous ses contenus vont prendre de la valeur. Peut-être pas forcément en chiffre d’affaires, mais en tout cas aux yeux de nos clients, puisqu’ils pourront réellement en profiter partout et en excellente qualité.
Je considère que ce qui donne de la valeur aux offres d’Orange, ce sont, d’une part, la qualité du réseau, nos services constitués par nos 1 200 boutiques et nos centres d’appel, mais également nos contenus spécifiques.

Allez-vous proposer des offres 4G sous votre marque Sosh ?
Les clients Sosh sont des clients très « digitaux ». C’est une communauté qui possède une réelle appétence pour les débits élevés et, de manière générale, pour le multimédia mobile. Donc, nous proposerons certainement des offres 4G pour nos clients Sosh. Reste à en déterminer les prix…

Pensez-vous que la 4G soit susceptible de prendre le pas sur l’ADSL ou la fibre ?
Je vois la 4G comme un complément. L’ADSL couvre 98 % de la population mais, il reste quelques endroits où il est difficile de tirer les paires de cuivre. A fortiori, il sera compliqué d’installer la fibre optique dans ces lieux reculés ou difficiles d’accès. Donc, la 4G est l’alternative pour venir désenclaver ces petits territoires.
Reste un autre point à ne pas oublier : la 4G – et le réseau mobile, de manière générale – est, par définition, « partagée ». Plus il y a d’abonnés sur une antenne, plus le débit baisse pour chacun d’entre eux. Dans les zones très denses où nous pouvons accéder, la fibre optique ne présente pas cette contrainte.

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Benjamin Gourdet