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La NSA a continué à espionner les mails même après l’arrêt des programmes autorisés

Contrainte d’abandonner certains de ses programmes de collectes massives de données aux Etats-Unis, l’agence de surveillance américaine a changé son fusil d’épaule pour continuer à espionner les mails mais en passant par l’étranger, via un autre programme de surveillance.

En 2013, les programmes de surveillance de masse de la NSA ont été dévoilés au grand jour, montrant notamment que l’agence américaine enregistrait de manière massive les courriels échangés par des citoyens américains avec le reste du monde. Pris la main dans le sac, les espions avaient indiqué avoir mis un terme à ce programme en décembre 2011 pour des « raisons opérationnelles et de ressources ».

Pourtant, à en croire le New York Times, et des documents que le quotidien américain a réussi à obtenir par voie légale, la NSA a continué d’espionner les mails de manière massive grâce à un autre système plus secret.

Dans la continuité du programme historique arrêté fin 2011, ce système permettait de continuer à suivre les interactions sociales mises en exergue par les communications par mails précédemment analysées sans avoir à collecter autant de courriels.

Non seulement ces informations étaient toujours interceptées, mais ce nouveau programme facilitait la vie de la NSA puisqu’elle n’avait plus à solliciter les opérateurs américains pour y accéder et plus à se plier à certaines contraintes légales.

Pour réussir ce petit tour de magie, la NSA profitait de la nature même du Net, qui fait que souvent les données transitent à l’étranger avant de parvenir à destination. Depuis novembre 2010, comme l’a révélé Edward Snowden, la NSA a en effet changé ses règles de fonctionnement pour pouvoir utiliser ces données passées par l’étranger.

Timothy Edgar, professeur à la prestigieuse université de Brown et ancien conseiller de George W. Bush et Barack Obama, indique au New York Times que cette découverte éclaire et complète l’histoire de la surveillance de masse de l’après 11 septembre. « Ce document est particulièrement explicite sur le fait que la NSA est capable de récolter toutes les métadonnées du Net dont elle a besoin au travers des collectes de données étrangères. », précisait-il au quotidien. Selon les documents du New York Times, les informations recueillies ne donnaient pas accès aux contenus des mails, apparemment, mais permettaient malgré tout d’obtenir un schéma assez précis des interactions entre les citoyens américains et le reste du monde.

Une fois le changement de fin 2010 effectué « ce n’était plus la peine de récolter les métadonnées Internet au sein des Etats-Unis », expliquait le professeur « en partie parce que la NSA devait se plier à certaines réglementations », comme le FISA Amendments Act. Une loi qui décrit les procédures de surveillances électroniques, notamment, à l’étranger mais qui ne s’applique pas à ce second programme. L’abandon des premiers programmes était bel et bien motivé par des raisons opérationnelles et de ressources. L’Agence avait trouvé mieux.

Ou comment sous couvert de respecter les réglementations la NSA a trouvé une solution plus ingénieuse pour nous espionner tous.

Source :
The New York Times

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Pierre FONTAINE