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Téléchargements en séries

Comme les films et la musique, les séries TV circulent aussi sur les réseaux de peer to peer, quelques heures après leur diffusion sur les chaînes américaines.

‘ Attendre un an pour connaître la suite, c’est trop long ! ‘ Par ce cri du c?”ur, Dorothée, 23 ans, justifie le fait qu’elle télécharge ses séries préférées (Alias, Lost et 24 h Chrono) depuis deux ans déjà.Au lendemain de leur diffusion aux Etats-Unis, cette internaute qui se décrit elle-même comme ‘ nulle à l’oral en anglais ‘ se précipite sur son ordinateur pour récupérer les derniers épisodes sur les réseaux de peer to peer. Le tout accompagné des sous-titres français traduits par d’autres fans ayant un meilleur niveau d’anglais.Comme elle, les internautes français seraient, selon TF1, entre 70 000 et 90 000 à assouvir ainsi leur soif de séries télévisées. Il faut dire que la rapidité du système est vraiment tentante.‘ La série Lost était diffusée aux Etats-Unis à 3 heures du matin heure française, je connecte mon PC à 8 heures et une heure après je peux regarder l’épisode. Pourquoi attendre quatre mois et un horaire imposé ? ‘ justifie Marc, 36 ans.Et si certains, comme Dorothée, sont fans au point d’acheter plus tard les DVD-Vidéo et même de regarder à nouveau la série lors de son passage en France, une bonne partie des internautes sont à l’image de Romain, 23 ans, fondateur du site Lost-France : ‘ Depuis que je regarde les séries en version originale, je ne supporte plus les doublages et je ne regarde plus les diffusions françaises. ‘

Difficile d’estimer le préjudice

Pour Ben Coppin, directeur du cabinet d’études britannique Envisionnal, spécialisé dans la mesure du piratage sur le Web, cette pratique est, à l’instar de ce qui s’est passé dans l’univers de la musique ou pour le cinéma, ‘ en train de changer la façon dont les spectateurs obtiennent et regardent leurs programmes de télévision. Il est désormais aussi facile de télécharger une émission piratée que de programmer son magnétoscope. Si cette situation redonne un immense pouvoir aux spectateurs, elle pose la question de savoir comment les chaînes et les maisons de production pourront continuer à exister lorsque la publicité si essentielle à leur survie est ainsi contournée. ‘Pour l’instant, les chaînes françaises sont peu inquiètes. Laurent Storch, directeur des acquisitions de TF1 explique : ‘ Pour l’instant, c’est négligeable, je n’ai aucune idée du coût en audience. Quand l’impact sera mesurable, la donne économique aura changé et ce sera trop tard. ‘ Pourtant, il dit ne rien prévoir tant sur le plan judiciaire que sur une éventuelle contre-offensive légale.

Une offre légale en projet

Chez Canal + en revanche on réfléchit au lancement d’une offre légale sur le site de vidéo à la demande du groupe, CanalPlay. ‘ Nous devons d’abord convaincre les ayants droit, le plus souvent des majors aux Etats-Unis, de la légitimité de la vidéo à la demande. Il ne s’agit pour l’instant que d’une hypothèse de travail, car il faut aussi penser à protéger les diffusions télévisées sur notre chaîne, puis chez nos concurrents. Pour les séries en version française que Canal + coproduit, nous réfléchissons à un système à la demande qui permettrait à nos abonnés de voir un programme dans le mois qui suit sa diffusion ‘, précise Sandra Weiss, directrice des acquisitions chez Canal+.De même à M6 où Bernard Majani, directeur des acquisitions pour les chaînes du groupe, affirme : ‘ Notre solution va être de devenir acteur du téléchargement. Sur M6 Mobile, nous proposons déjà des résumés d’épisodes, des interviews d’acteurs et un résumé des meilleurs moments. Et nous mettons notre feuilleton de l’été en vidéo à la demande sur notre site dès le lendemain de sa diffusion. ‘Des offres plutôt éloignées de ce qu’on trouve outre-Atlantique. Depuis peu, par exemple, ABC propose sur son site une diffusion gratuite en streaming de ses séries avec de nouvelles publicités intercalées et ce, dès le lendemain de la diffusion

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Stéphanie Chaptal