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Objectifs : d’où viennent ces Allemands ?

Le caméscope Panasonic testé dans ce numéro arbore fièrement sur son zoom le sigle Leica. Le zoom du petit bridge Kodak Z612, testé lui aussi dans ce numéro, porte le nom de Schneider Kreuznach, et les exemples de ce type sont légion. D’où viennent donc ces marques que les fabricants arborent comme des étendards ?

Si l’on excepte l’Américain Kodak (dont les produits sont fabriqués comme les autres, en Asie), la photo est un monde essentiellement asiatique, dont les produits sont conçus par des Japonais ou des Coréens et fabriqués dans d’autres pays d’Extrême-Orient. Pourtant, lorsque l’on regarde de plus près les mentions portées sur les objectifs, un nombre non négligeable de marques arbore fièrement des noms allemands : Leica, Schneider Kreuznach, Carl Zeiss…Qui sont donc ces Allemands que les fabricants nippons, coréens ou américains courtisent ? D’où viennent-ils et, surtout, quelle part ont-ils pris dans la conception ou la fabrication de votre appareil photo ?Cette enquête a un côté un peu particulier au regard de ce que vous pouvez lire dans nos colonnes. D’ordinaire, nous sommes extrêmement affirmatifs et nous vous indiquons que…, vous affirmons que…, vous démontrons que… Ce mois-ci, cette rubrique est émaillée de conditionnels. Il y a une raison simple à cela : au royaume du luxe, le secret est roi et il est extrêmement difficile d’avoir une information fiable (ne parlons même pas d’information officielle, parce que du coup cela devient impossible) sur la part respective des différents noms qui figurent sur un boîtier, dans le travail effectué. Une chose au moins est sûre, aucun de ces grands noms de l’optique germanique ne fabrique réellement pour les constructeurs d’appareils photo. Leur rôle se limite, dans le cas le plus favorable, à celui de consultant sur la conception des optiques et, dans le pire, à celui de prête-tampon pour orner d’une marque glorieuse des optiques tout ce qu’il y a d’ordinaire.

Petites productions entre amis

Une petite plongée dans le passé glorieux de l’industrie optique allemande amène également à effleurer les liens étroits qui relient toutes les marques, y compris japonaises. Un petit exemple : Samsung vend des reflex qui sont en fait des Pentax, lesquels Pentax utilisent un système d’exploitation développé par Casio… ce qui explique pourquoi certains compacts Casio utilisent en retour des zooms Pentax. Les optiques que Carl Zeiss vient de mettre sur le marché pour équiper les boîtiers Nikon argentiques sont fabriquées par Cosina, lequel Cosina produisait certains des boîtiers reflex Nikon argentiques d’entrée de gamme (FM-10 et FE-10), le bruit courant qu’il en était également de même pour le Canon argentique T-60, ainsi que pour le boîtier numérique à télémètre RD1 d’Epson. En version courte, il y a infiniment moins de fabricants que de marques.Qu’on ne s’y trompe pas, ce constat n’a rien d’alarmant et encore moins de péjoratif. La photo est une industrie de précision qui implique des productions en grande série et à coût maîtrisé, l’important étant la conception du produit. C’est avant tout le constructeur officiel qui opère, le reste relevant éventuellement du cahier des charges fourni à l’industriel qui va le fabriquer réellement. C’est à ce niveau-là qu’interviennent, pour la partie optique, les constructeurs – les bureaux d’études devrait-on dire – allemands.Cette revue des troupes de l’optique allemande au service de l’industrie japonaise ne doit pas oublier (provisoirement ?) les laissés-pour-compte comme Rodenstock, un opticien allemand de renom qui pour l’instant est absent du marché de la photo, ni les opticiens japonais prestigieux. Dans cette dernière catégorie, citons Fujifilm, qui a succédé à Carl Zeiss pour l’équipement en optique des appareils suédois très haut de gamme Hasselblad.

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Luc Saint-Élie