Passer au contenu

Les flashcodes, des raccourcis vers le Web

Omniprésents au Japon, ces codes-barres aux allures de mosaïques débarquent en France. L’intérêt : rendre plus direct l’accès aux pages Web depuis un téléphone mobile.

Depuis novembre dernier, d’étranges mosaïques sont apparues dans le quartier Montorgueil, dans le 2e arrondissement parisien. Il s’agit de flashcodes, un type de code-barres composé de carrés noirs et blancs permettant de stocker plus d’informations que les classiques rayures utilisées pour l’étiquetage des biens de consommation. En les prenant en photo avec leur téléphone mobile, les habitants accèdent sur leur appareil à divers services : horaires des bus en temps réel, localisation des bornes Vélib’ ou des hot spots Wi-Fi les plus proches, actualités, promotions chez les commerçants.Cette expérimentation est menée par Silicon Sentier, une association d’entreprises du secteur des nouvelles technologies basées dans le quartier du Sentier à Paris, en partenariat avec l’opérateur de téléphonie mobile SFR : ‘ Il s’agit de dispenser une information ultra-localisée aux personnes qui en ont besoin ‘, explique Nathalie Ricard-Deffontaine, responsable des projets pilotes et citoyens chez SFR. Pour Marie-Vorgam Le Barzic, déléguée générale de Silicon Sentier, l’objectif est de ‘ gagner en maturité concernant les usages des flashcodes en permettant au grand public de les tester ‘.

Aussi simple qu’un lien hypertexte

Pour lire un flashcode, un logiciel spécifique doit être téléchargé et installé sur le téléphone mobile. On peut ensuite ‘ flasher ‘, avec l’appareil photo intégré, les mosaïques croisées au détour d’une rue, sur une affiche, dans un magazine, dans une vitrine, etc. L’intérêt ? Un accès direct, et donc très rapide, à n’importe quelle page Web dont l’adresse est codée par le flashcode. ‘ C’est à peu près comme si on implantait un lien hypertexte au sein du monde physique ‘, explique Marie-Vorgam Le Barzic.Présents au Japon depuis 1999, les codes-barres 2D y sont aujourd’hui très largement répandus. Premier usage (d’après une étude Mobile Content Forum de 2007) : accéder à des compléments d’information multimédia, qu’il s’agisse de vidéos, de MP3 ou de quiz, à partir de son journal. Dès l’été 2007, des expérimentations du même type ont été réalisées en France par les magazines people Closer, Public, et Voici.Le deuxième usage le plus répandu au Japon ? L’intégration d’un service pratique sur son téléphone mobile à partir d’un flashcode glané sur Internet, sur des affiches publicitaires ou sur les panneaux d’information des arrêts de bus. Exemple : on flashe le site de la SNCF, et on a alors accès aux horaires des trains en temps réel sur son mobile chaque fois qu’on le souhaite.Enfin, les usages communautaires ne sont pas en reste au Japon : en photographiant un flashcode imprimé sur une carte de visite, on peut accéder au blog de son interlocuteur, voire entrer directement en communication téléphonique avec lui… En France, les abonnés d’Orange Mobile peuvent déjà se rendre sur le portail Internet de l’opérateur pour y créer ce type de carte de visite.Le hic ? Selon l’Association française du multimédia mobile (AFMM), seuls 6 % des téléphones mobiles utilisés aujourd’hui en France sont compatibles avec cette technologie. Pour y remédier, l’AFMM souhaite réunir tous les acteurs potentiels de ce nouveau marché autour d’un standard technique commun.Précurseur de l’usage de la technologie en France, la société MobileTag, qui utilisait jusqu’alors sa propre norme, s’est ralliée à la norme Flashcode. Quant aux opérateurs français, ils se sont engagés à ce que 30 % de leur parc de mobiles soient équipés du logiciel de lecture des flashcodes dès 2010, tandis que 60 % des nouveaux téléphones proposés à la vente devront l’intégrer.Et si les différents opérateurs de téléphonie mobile se montrent aussi coopératifs, c’est qu’ils ont bien compris la manne que pourrait représenter cette technologie à moyen terme. Outre la facturation à l’abonné d’une communication de type Wap (à partir de 0,30 euro par connexion hors forfait illimité), les flashcodes pourraient bien leur rapporter gros.Si le coût de mise à disposition des mosaïques par l’AFMM est presque symbolique (un centime par code), la lisibilité du flashcode pourrait être facturée par chaque opérateur aux éditeurs de contenu à un tarif qui, lui, sera beaucoup moins symbolique.

Une multitude d’usages possibles

Un abonnement qui, selon l’un des trois opérateurs historiques, resterait gratuit jusqu’à la fin de l’année 2008, et pourrait ensuite être facturé 200 euros par mois. Après les SMS, une nouvelle manne pour les opérateurs français, soucieux de rentabiliser leur passage à la 3G ? A suivre. D’autant que les possibilités de développement sont sans fin. ‘ Sur le marché français, nous croyons beaucoup au développement des usages pratiques basés sur la géolocalisation de l’usager ‘, explique Nicolas Guieysse, délégué général de l’AFMM. Comme l’accès sur votre téléphone mobile aux horaires des bus en temps réel. Autre idée : ‘ Sur les emballages des produits de consommation, les flashcodes pourraient aussi permettre de dispenser les informations qui ne peuvent être imprimées faute de place ‘, tels la traçabilité, les allergènes, etc.Chez Denimcode, une boutique située dans le 1er arrondissement de Paris, on vend des jeans et des T-shirts interactifs. En flashant le code-barres imprimé sur un vêtement, on accède à un contenu en ligne destiné avant tout aux fans de musique. Même si un usage plus ludique pourrait être envisagé. Imaginez que vous croisiez dans la rue quelqu’un dont vous avez très envie de faire la connaissance… Un coup de flash sur son T-shirt ou sur la poche arrière de son jean, et vous voilà directement connecté à sa page sur le site Facebook. Chez Denimcode, on y croit très fort

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Judith Bregman