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Guide photo : réussissez vos photos sans flash

Le flash c’est bien, mais c’est parfois le meilleur moyen pour détruire une ambiance. Avec les progrès récents des capteurs et optiques, on peut désormais largement se passer de lumière additionnelle. A condition de savoir comment faire !

C’est Noël chez Tata Yvette et pour une fois que tout le monde est là, vous posez l’appareil sur la cheminée histoire de faire une photo de famille. 3,2,1 et.. flash. Tout le monde est sur l’image mais entre Tata qui ferme les yeux, le petit neveu qui a les yeux rouges et la couleur blanchâtre qui pollue l’atmosphère, la photo est plus informative que vraiment esthétique. Ça aurait été quand même mieux en lumière naturelle. Et c’était peut-être même réalisable qui sait, si vous aviez pris quelques instants pour bien régler votre appareil… Noël approche, il fait beau, on est de bonne humeur, alors ces petits trucs, on va vous les donne !

Ne pas déclencher, bouger ou jouer…et accepter les limites

Certaines de vos attentes ne sont peut-être pas réalisables avec votre appareil. Avant de vous donner des conseils techniques, faisons un petit détour par la case « culture » pour savoir ce qui se cache derrière le mot « photographie ». Issu du grec, ce mot combine « photo », la lumière et « graphem », écrire. Pour « écrire avec de la lumière », encore faut-il qu’il y en ait. Et même s’il y en a un peu, votre appareil est-il taillé pour la percevoir ?

À cette limite technique s’ajoute une autre, esthétique : quand bien même votre appareil serait-il assez performant, sachez que quand la lumière est rare, les contrastes s’estompent et les compositions sont plus dures à faire ressortir. La photo en basses lumières demeure le monde des longues expositions ou, dans le cas de l’image instantanée, des flous et des images sensibles. Si vous cherchez à obtenir le même genre de photo qu’en plein jour – un cliché net et riche en couleurs – passez votre chemin. A moins de maîtriser certaines techniques ou de rechercher certains effets, il vaut mieux ne pas déclencher car vous n’obtiendrez pas de résultat satisfaisant.

Photographier c’est choisir et composer avec les lumières. Dans l’exemple de la photo de famille cité en introduction, une solution alternative au flash aurait été de prendre le temps de bouger tout ce petit monde près d’une fenêtre voire carrément dehors. Le meilleur photographe n’est pas celui qui déclenche 10.000 fois par seconde, mais celui qui choisira un bon cadre et une bonne lumière pour réaliser une bonne image.

Gare cependant à la recherche de la perfection technique absolue : la photo « artistique » se nourrit notamment des erreurs, des flous, etc. Vous pouvez créer des images imparfaites techniquement mais qui ont un attrait visuel. La seule différence fondamentale entre un flou réussi et un flou raté, c’est la volonté : avez-vous cherché à faire un flou ? Si oui, pourquoi ?

La technique, 1/2 : les fondamentaux de la prise de vue

Prendre des photos en se passant du flash dans des conditions difficiles impose de savoir comment la lumière s’enregistre, sur quels paramètres vous pouvez influer bref, comprendre l’importance des trois piliers fondamentaux de la prise de vue : le temps, l’ouverture et la sensibilité.

Commençons par la sensibilité. Exprimée en ISO, c’est une échelle régulière similaire entre les pellicules et les capteurs d’image – que nous appellerons ici « médiums ». Un médium à 800 ISO est deux fois plus sensible qu’un autre à 400 ISO, un médium à 400 ISO est deux fois plus sensible qu’un autre à 200 ISO, etc. Dans les basses sensibilités c’est à dire en dessous de 800 ISO, les mediums ont besoin de beaucoup de lumière mais offrent des images très détaillées. Au-delà de 800 ISO, les médiums ont besoin de moins de lumière pour imprimer les images mais celles-ci sont moins riches en détails, un peu dégradées par le bruit numérique ou par la taille grossière des grains de la pellicule.

L’ouverture symbolise la quantité de lumière qui rentre dans une optique. Exprimée dans une drôle d’unité notée “f/” suivi d’un chiffre, elle est peu intuitive : une optique à f/1.4 est deux fois plus lumineuse qu’une optique à f/2 qui est deux fois plus lumineuse qu’une optique ouvrant à f/2.8, elle-même étant deux fois moins lumineuse qu’un optique ouvrant à f/4. La logique est difficile à comprendre puisqu’il s’agit d’une échelle logarithmique, mais en manipulant souvent les valeurs on finit par s’habituer aux ordres de grandeur.

Finalement vient le temps d’exposition : il s’agit de la durée où le médium sera soumis à la lumière afin d’enregistrer les informations. Exprimée en secondes, cette valeur est, comme la valeur des ISO, croissante et régulière. Une exposition d’une seconde capture deux fois plus de lumière qu’une au 1/2s, une exposition de 1/2 seconde capture deux fois plus de lumière qu’une exposition au 1/4 de seconde, etc.

Une photo est la résultante de ces trois composantes et chacune de ces composantes impose ses contraintes.

La technique 2/2 : les défis de la photo en basses lumières

Un flash se déclenche automatiquement quand, à réglages donnés, la quantité de lumière ne sera pas suffisante pour exposer correctement une scène. Dans le cas des compacts familiaux, leurs optiques étant peu lumineuses et leurs capteurs peu performants en basses luminosités, dès que les photons se font rares ils n’ont qu’une chose à faire pour éviter le flou de bougé : déployer le flash.

Quelles sont vos options dans ce cas précis ? Si vous conservez la même scène avec le même niveau de luminosité, vous pouvez choisir de sous-exposer votre image, le plus facile étant de jouer avec le bouton +/- présent sur l’immense majorité des compacts. L’image finale sera sombre, parfois trop, mais vous limitez le flou de bougé. Vous pouvez monter les ISO mais selon les performances de votre capteur l’image finale pourra être dégradée – on dit « bruitée » – parfois tellement que la majorité des détails ont disparus. Une autre alternative est de mettre l’appareil sur un support (cheminée, table, trépied, chien empaillé, etc.) et demander à tout le monde de prendre la pose. Dans ce cas, gare à celui qui bouge. L’autre alternative est de trouver un endroit plus lumineux. Ou de reprendre de la dinde aux marrons. Elle, au moins, elle ne bouge pas.

Le matériel 1/3 : le boîtier

Chez 01net, nous prônons les solutions économiques, que cela soit le recours à l’occasion ou le bon rapport qualité/prix. Mais dans le domaine des basses lumières, les optiques lumineuses et les capteurs très sensibles sont rois. Dans le premier cas, les optiques lumineuses et de qualité ont toujours été chères, c’est comme ça, on n’a rien sans rien. Dans le cas des capteurs, la course effrénée que se livrent les constructeurs a mené à une amélioration étonnante des capteurs dans les basses lumières. Si vous ne shootez qu’en plein jour, un tout petit reflex/hybride de moins de 5 ans donne de bons résultats avec l’optique adéquate. Mais quand la lumière se fait rare, les appareils plus modernes font la différence.
Exemple : le Canon EOS 50D sorti fin 2008 délivrait des clichés corrects jusqu’à 800-1600 ISO quand un EOS 70D sorti cette année peut travailler à 6400 ISO de manière convenable. Dans les faits, cela veut dire qu’on va obtenir la même qualité d’image, mais que le 70D a besoin de 4 fois moins de lumière : pour une image qui nécessite 1/15e de seconde de temps d’exposition à 1600 ISO pour le 50D, le 70D obtiendra la même image au /60e de seconde. Moins de risques de flous de bougé, plus besoin de pied, bref, c’est la fête. Mais comme le 70D est plus récent, il est donc logiquement plus cher.

Si vous n’êtes pas équipés, voici une liste d’appareils performants en basses lumières.

Smartphone : iPhone 6/6+, Sony Xperia Z3 & Z3 compact, Nokia Lumia 930
Les iPhone sont assez bons pour maintenir des couleurs convenables en basses lumières mais ils offrent surtout un très bon autofocus. La stabilisation optique des Nokia fait bien son boulot et les couleurs sont encore mieux gérées que par les iPhone – mais l’AF est bien moins bon. Les derniers Xperia de Sony offrent de bonnes prestations en basses lumières de manière générale, la grâce en soit rendue à leur capteur Exmor RS… conçu par Sony.

Compact expert : Panasonic LX100, Fujifilm X30 et Sony RX100 Mark II, Fujifilm X100s
La famille des X100/X100s/X100t est dépourvue de zoom puisqu’il s’agit d’un équivalent 35 mm. Mais cette optique est très lumineuse (f/2) et les derniers capteurs sont très, très bons en basses lumières. Le LX100 de Panasonic dispose de peu de pixels (12 millions) répartis sur un assez grand capteur Micro 4/3 et l’optique de haut vol permet de profiter de beaucoup de lumière à toutes les focales. A cela, il faut ajouter un AF vraiment extra. Le RX100 Mark III de Sony est moins véloce côté AF mais son capteur Exmor R est très performant malgré ses 20 Millions de points. Et l’optique est encore plus lumineuse.

Hybride/Reflex familial : Sony Alpha a5100, Fujifilm X-M1, Nikon D3300
Si son autofocus est un peu mou du genou, le Fujifilm X-M1 dispose d’une arme de choix : l’excellent capteur X Trans CMOS que l’on retrouve chez ses grands-frères les X-T1 et X-Pro 1. Il permet donc de travailler jusqu’à 6400 ISO en Jpeg sans avoir à retraiter les fichiers, ce qui est tout simplement exemplaire. L’Alpha a5100 de Sony est un peu moins doué mais ses performances restent bonnes jusqu’à 3200 ISO et son AF est bon. Le petit Nikon D3300 gère lui-aussi jusqu’à 3200 ISO, ce qui est déjà très bien.

Hybride/Reflex expert : Fujifilm X-T1, Pentax K-3, Canon EOS 70D
Le meilleur de cette catégorie est clairement le X-T1 de Fujifilm. Doté de la dernière version du capteur X Trans CMOS II, il délivre des clichés impeccables à 6400 ISO, les 12.800 ISO restant utilisables. Le K-3 de Pentax, qui souffre d’un déficit de prestige, est un appareil doté d’un très bon AF en basses lumières et qui travaille bien jusqu’à 6400 ISO. Le petit Canon EOS 70D préfère rester à 3200 ISO, mais son AF est vraiment bon.

Hybride/Reflex pro : Sony Alpha A7S, Nikon D610, Fujifilm X-T1
Le roi des basses lumières est le Sony Alpha A7S. Dans cette version S, le capteur plein format n’a que 12 Mpix, une définition très modeste en cette fin d’année 2014 mais qui offre en contre-partie la meilleure montée en ISO de l’histoire de la photo. Montant à 400000 ISO, l’A7S produit des clichés parfaitement utilisables à… 51200 ISO et en travaillant le bruit numérique on peut shooter en RAW à 102400 ISO. Intouchable. En dessous, le Nikon D610 joue une très bonne partition jusqu’à 6400-12.800 ISO, pourvu qu’on travaille en RAW. On retrouve aussi le Fujifilm qui, avec ses optiques haut de gamme, peut tout à fait officier dans la catégorie des appareils pros.

Le matériel, 2/3 : les optiques

Pas de listing d’optiques ici : si on prend en compte toutes les montures et tous les fabricants, on en a pour une éternité. Mais il y a plusieurs éléments à garder en tête. Primo, les grand-angles voient large et récupèrent plus de lumière que les téléobjectifs. Deuxio, les focales fixes sont généralement plus lumineuses que les zooms.

Pour des photos de sujets mobiles en intérieurs sombres, songez que la mise au point manuelle a encore du sens, les systèmes de mise au point automatique n’étant généralement pas assez véloces et performants quand la lumière se fait rare. Faites confiance à vos yeux !

Pour vous faire une idée des modèles adaptées à votre monture, n’hésitez pas à lire notre dossier Quels objectifs choisir pour son appareil photo ?

Le matériel 3/3 : le trépied

Avec un trépied, même un appareil compact peut donner de bons résultats s’il est bien réglé – pose longue de plusieurs secondes, ISO au minimum. Le trépied a toujours accompagné la photo puisque les premiers médiums (plaques de métal, de verre, etc.) étaient peu sensibles, de l’ordre de 1 à 5 ISO ! Avec les films plus rapides et les appareils toujours plus petits, la prise de vue à main levée est devenue la norme, alors qu’au début du XXe siècle il était très difficile de travailler autrement que sur pied. S’il encombre et limite les mouvements, le trépied favorise la réflexion et donne le temps de soigner ses cadrages.

Le trépied est inutilisable pour les photos d’action ou de sujets mobiles, mais s’avère parfait pour les portraits en intérieur, des photos d’architecture et/ou de nuit. Ce qu’il fait perdre en mobilité, il le rend en qualité d’image puisqu’on peut travailler dans les plus basses sensibilités, lesquelles offrent le plus haut niveau de détails.

Pour choisir son trépied, il faut se poser les bonnes questions : est-ce pour de la prise de vue en intérieur, en extérieur ? Doit-il être résistant à la pluie, aux chocs ? Vais-je devoir le porter sur le dos en randonnée ? Des petits tripods de tables aux gros trépieds en bois en passant par les super-légers en carbone, il existe une flopée de modèles. La difficulté étant de trouver le modèle adapté à sa pratique.

La prise de vue, 1/2 : photo d’action/reportage, difficultés et limites

La photo d’action sans flash est un exercice qui impose des contraintes. Qu’il s’agisse de soirées tropéziennes, de la fête de la musique dans le bar du coin, d’un portrait des petits en train de ramper dans le couloir, la première difficulté est de faire le point correctement. Trois options s’offrent à nous : soit on laisse l’AF faire en risquant qu’il n’accroche pas correctement, soit on prépare le point en prédisant que le sujet va passer à tel endroit, ou on passe carrément en AF manuel.

Pour éviter le flou de bougé on se règle plutôt en mode S (Speed = vitesse) et on se cale au moins au 1/30e de seconde voire au 1/60e. Si votre appareil le permet, choisissez un mode ISO auto, sans toutefois trop dépasser la valeur maximale de qualité optimale. Pour la déterminer, déclenchez à toutes les valeurs – 800, 1600, 3200, et au-delà – et évaluez la valeur maximale pour laquelle vous considérez que le bruit est acceptable.

Cadrez, déclenchez et c’est dans la boîte. Astuce : si votre appareil est doté du mode RAW, le négatif numérique, vous pourrez atténuer le bruit numérique en développant le fichier dans un programme dédié, Lightroom, DxO Optics Pro, Capture One, etc. tous les logiciels de développement disposant de modules de réduction du bruit. Dans tous les cas, gardez à l’esprit que la photo d’action en basses lumières à main levée induit nécessairement plus de bruit numérique que la photo sur trépied.

Dans le cas du reportage, le flash peut être proscrit pour différentes raisons. Pour ne pas dénaturer une ambiance, pour ne pas gêner le sujet, pour ne pas attirer l’attention, etc. Comme ici la photo raconte une histoire, on cherche moins la perfection technique que de faire passer un message, de rapporter une réalité. Les images peuvent être un peu plus sous-exposées, peut-être un peu floues notamment si la scène où vous vous trouvez est sombre, les appareils ayant tendance à chercher à tout prix l’exposition correcte, ce qui rend des images soit floues soit trop lumineuses par rapport à la réalité.

La prise de vue 2/2 : le trépied, garantie d’une qualité d’image maximale

L’usage du trépied permet de travailler à des sensibilités moindres, que cela soit du portrait ou de la nature morte. Dans le cas d’un sujet qui bouge – humain, chien, momie – ne descendez pas trop non plus, les êtres vivants ayant la fâcheuse tendance à respirer. Une valeur de 400 à 800 ISO sera déjà bien assez bonne en termes de détails. N’ouvrez pas trop grand le diaphragme de votre optique afin de pallier les éventuels mouvements de l’avant vers l’arrière de vos sujets et de conserver une zone de netteté suffisante.

Dans le cas d’objets vraiment immobiles, on peut clairement travailler dans les plus basses sensibilités, puisqu’on peut se permettre de pousser le temps d’exposition au-delà de la seconde. Cas typique : la photo Airbnb de votre appartement. Vous préparez le cadre, vous positionnez l’appareil, vous passez en mode A (Aperture = ouverture) et vous choisissez f/8, le pic de qualité de toutes les optiques, vous sélectionnez 100 ISO et, pour donner un petit air « clean » à votre pièce vous surexposez d’une unité de diaphragme (+1.0 au moyen de la touche +/-). Le mieux est de sélectionner le retardateur pour éviter tout mouvement induit par la pression du déclencheur.

Pour vos mirettes, vous pouvez télécharger l’image de la pagode ci-dessous en cliquant ici.

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Adrian Branco