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Voiture autonome Uber : les questions que pose la vidéo de l’accident

Après le premier accident mortel provoqué par une voiture autonome Uber, les autorités locales viennent de publier la vidéo du drame. Une séquence qui suscite plusieurs interrogations.

Pour la première fois, la voiture autonome a tué. Ce lundi 19 mars, dans l’Arizona, une voiture de test Uber a percuté une femme alors que cette dernière traversait l’axe de circulation. Sur Twitter, la police de la ville de Tempe publie la vidéo des derniers instants ayant précédé l’accident. La vidéo de 22 secondes compile deux séquences. La première est issue de la caméra placée à l’avant du véhicule, qui a pu filmer la victime. La seconde montre le conducteur, chargé de reprendre le contrôle en cas de problème. Mais cette vidéo pose davantage de questions qu’elle apporte des réponses.

https://twitter.com/TempePolice/status/976585098542833664

Que faisaient les capteurs ?

Sur les images, on constate que la victime se déplace dans une zone non éclairée, rendant sa détection très compliquée, du moins pour l’œil humain. Les voitures autonomes testées par Uber ont droit à un équipement bien plus complet que nos organes visuels. Comme le rappelle le site TechCrunch, les voitures autonomes sont équipées de caméras « classiques », mais également d’un radar et d’un lidar (télédétection par laser), tous deux capables de fonctionner à 360 degrés.

Alors que le premier se base sur des ondes radio, le second utilise la lumière laser. Tous deux opèrent de jour comme de nuit, en analysant le retour de leurs signaux respectifs pour établir une carte virtuelle de l’environnement en temps réel. Contrairement au radar, le lidar peut être handicapé par des conditions climatiques difficiles, par exemple lors de chutes de neige. Dans cette situation, le radar est censé compléter les données pour ne pas nuire à la bonne détection des obstacles.

Dans le cas de l’accident de la voiture Uber, il est difficile de comprendre pourquoi la victime n’a pas été détectée à temps. D’après les images, aucun aléa climatique n’est venu compliquer la tâche du lidar, dont la portée est de l’ordre d’une trentaine de mètres. La séquence publiée par les autorités ne montre pas la moindre tentative du véhicule – ralentissement ou modification de la trajectoire – pour éviter l’obstacle.

Que faisait le conducteur ?

La seconde partie de la séquence montre le conducteur, quelques secondes avant l’impact. Sur les images, ce dernier ne semble pas réellement préoccupé par ce qu’il se passe sur la route. L’angle de vision ne permet toutefois pas de savoir si ses occupations étaient d’ordre professionnel ou personnel.

En dehors de ces considérations, son attitude pose une question plus large : à quoi servent les conducteurs lors des tests de voitures autonomes ? Si ces derniers ont pour consigne de travailler sur des outils impliquant de quitter la route des yeux, leur présence est-elle de nature à prévenir une collision ? Dans les conditions de l’accident survenu lundi, la présence de l’employé était loin d’être suffisante pour prévenir le drame.

Est-ce l’exception qui confirme la règle ?

En dépit des interrogations concernant le bon fonctionnement des voitures autonomes, la vidéo montre un accident qui semble difficile à appréhender, y compris pour une voiture bardée de capteurs. Sans permettre d’établir s’il y a eu dysfonctionnement où si ces derniers ont montré leurs limites techniques, la séquence montre une situation dans laquelle un humain aurait probablement été au moins aussi impuissant, ce qui pourrait faire office d’argument pour les partisans de la voiture autonome.

Une vidéo montrant un choc évitable par un conducteur attentif aurait prouvé que dans le domaine de la conduite, la machine reste parfois inférieure à l’humain. Lors de l’accident de ce lundi, les images montrent avant tout une machine qui n’a pas réussi à faire de miracle.

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Raphaël GRABLY