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Un sénateur américain demande une étude sur les effets des jeux vidéo violents

Après le massacre de jeunes enfants dans une école, les jeux vidéo ont rapidement été pointés du doigt. Court-circuitant le rôle même des armes. Au point qu’un sénateur propose de voter une loi pour étudier les effets des jeux violents.

La mort vendredi dernier de 26 personnes, dont 20 enfants, dans une école primaire aux Etats-Unis, a relancé le débat sur la violence des jeux vidéo et leur impact sur la psychologie des tueurs.

Accumulation de drames

« Il doit bien y avoir un rapport direct chez les gens mentalement instables qui à un moment donné basculent, s’évadent, deviennent un personnage de ces jeux vidéos », a fait valoir sur CNN John Hickenlooper, le gouverneur du Colorado. Cet Etat de l’ouest américain avait été frappé en juillet par le massacre de 12 personnes, tuées dans un cinéma, en pleine projection du dernier Batman. La fusillade survenue vendredi à Newtown, dans le Connecticut, est « une piqûre de rappel » soulignant la nécessité de légiférer, estime le sénateur Jay Rockfeller.

Une loi pour étudier les effets

« Bien que nous ne sachions pas si de telles images ont influencé le tueur de Newtown, le problème des contenus violents est grave et il faut s’y attaquer », assène l’élu démocrate de Virginie-Occidentale. Il a présenté mercredi au Congrès un projet de loi qui, s’il est adopté, chargera l’Académie nationale des sciences d’étudier les liens entre les jeux vidéo violents et la violence dans la société américaine. L’élu a par ailleurs indiqué qu’il comptait saisir l’autorité américaine de la concurrence (FTC) ainsi que l’autorité des communications (FCC) pour « jeter un regard neuf » sur le sujet et notamment vérifier l’efficacité du système de classement des jeux.

Comportement agressif

Adam Lanza, le jeune homme de 20 ans qui avait retourné son arme contre lui après avoir tué 26 personnes dans l’école primaire Sandy Hook à Newtown, jouait, selon des médias américains, fréquemment aux jeux vidéo, notamment à la saga Dynasty Warriors. L’Etat de Californie avait interdit la vente de jeux vidéo violents aux mineurs, mais la Cour suprême des Etats-Unis avait rendu caduque cette disposition en juin 2011, estimant qu’elle allait à l’encontre de la liberté d’expression, garantie par la Constitution américaine.

Nombre d’experts et développeurs de jeux vidéo soutiennent que les preuves manquent pour démontrer avec certitude un impact néfaste de leurs produits. « Je suis plutôt fatigué d’entendre ça. Je suis sûr qu’on peut trouver une étude ou deux pour soutenir la thèse selon laquelle les jeux vidéos renforcent la violence, mais on trouve également des études qui la contredisent », remarque Greg Costikyan, spécialiste du domaine.

Lien irréfutable ?

Mais pour Brad Bushman, professeur de psychologie à l’Université d’Ohio et co-auteur d’une étude publiée le mois dernier, il est clair que plus un joueur passe du temps devant ce type de jeux, plus il adopte un comportement agressif. Réfuter cette évidence n’est pas tenable, estime-t-il: « 95% des scientifiques disent que la planète est en train de se réchauffer, mais on peut toujours trouver une poignée d’autres qui disent le contraire. » « Je dirais que 95% des scientifiques jugent que la violence dans les médias, à la télévision, dans les films et les jeux vidéo, accroît l’agressivité tandis que seulement 5% ou moins pensent le contraire », dit M. Bushman à l’AFP. Et un jeu vidéo peut avoir plus d’effet qu’un film car, en jouant, « vous n’êtes pas simplement assis sur un canapé, vous êtes pleinement impliqué », note-t-il. « Et on apprend bien plus quand on est impliqué. »

Quoi qu’il en soit, pour Jay Rockfeller, le massacre de Newtown ne doit pas seulement raviver ce débat mais bien impulser des actions. « Ce serait une farce si nous regardions l’attaque de vendredi – comme toutes les autres que nous avons vues – en restant silencieux et en refusant d’agir », fait valoir le sénateur. On ne peut plus juste. Quid d’une révision des lois sur l’achat et le port d’armes ?

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Leila MACOR, AFP