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Un catalogue antique d’astronomie découvert grâce à une technologie de pointe

Grâce à l’imagerie multispectrale, des chercheurs ont fait ressurgir des extraits du catalogue d’Hipparque, un astronome grec qui avait réussi à mesurer la position des étoiles dans le ciel il y a plus de 2000 ans, avec une précision remarquable.

Quel rapport y a-t-il entre le catalogue d’étoiles de l’astronome grec Hipparque, rédigé entre -170 et -120 avant Jésus-Christ, et l’imagerie multispectrale, une technologie de pointe ? A priori aucun et pourtant, ce catalogue antique serait resté caché sans l’utilisation de ces moyens modernes par les équipes de l’Early Manuscripts Electronic Library, du Lazarus Project et du Rochester Institute of Technology.

En effet, une partie du catalogue était cachée dans un ensemble des parchemins baptisé Codex Climaci Rescriptus. Ces parchemins ont été effacés et réutilisés pour de nouvelles écritures. Cette forme de recyclage antique porte le nom de palimpseste. Ainsi, un des parchemins contenait un poème en grec ancien, avec des extraits du catalogue d’étoiles d’Hipparque dans les commentaires. Mais hélas, il avait été effacé au Moyen Âge et conservé par la suite conservé en Égypte, au monastère Sainte-Catherine du Sinaï.

Codex_Climaci_Rescriptus
© CC / Denysmonroe81

Le catalogue aurait pu rester invisible sans l’utilisation de l’imagerie multispectrale, qui consiste à prendre des photos sous différentes longueurs d’onde électromagnétiques, pour découvrir ce que l’œil humain ne peut pas voir. En effet, l’œil ne voit que le spectre visible, avec une longueur d’onde de 400 nm à 700 nm, mais ne perçoit pas l’infrarouge (700 nm à 10 000 nm), ni l’ultraviolet (200 nm à 400 nm). Et même si un texte a été effacé d’un parchemin, il reste des traces que l’imagerie multispectrale peut retrouver. Plus important : la méthode est non intrusive et n’abîme pas l’objet à analyser.

Cette technologie est utilisée dans le domaine médical, mais aussi dans le domaine de l’art. Elle permet par exemple d’analyser les différentes couches de peinture que le peintre a utilisé pour créer son tableau, voire de détecter un croquis qui a été recouvert par la suite. Par exemple, la société Lumière Technology a utilisé une caméra multispectrale pour analyser la Joconde de Léonard de Vinci. Grâce à l’utilisation d’algorithmes, elle a pu reconstituer les couleurs d’origine de la peinture, qui ont, hélas, été modifiées par le jaunissement du vernis qui recouvre la toile.

Couleurs Joconde
L’image de droite montre les couleurs d’origine © Lumière Technology

Dans le cas du Codex Climaci Rescriptus, l’imagerie multispectrale a fait ressortir des notes vieilles de plus de 2100 années, qu’il a fallu ensuite analyser et tenter de déchiffrer. Cette tâche a été confiée aux chercheurs du Centre Léon Robin de recherche sur la pensée antique (CNRS/Sorbonne Université) et leurs collègues britanniques de la Tyndale House à Cambridge. Finalement, les descriptions de quatre constellations ont pu être déchiffrées.

Surprise : les données d’Hipparque, qui représentent les mesures de la position des étoiles dans le ciel, sont véridiques au degré près. Ainsi, son catalogue serait nettement plus précis que celui de Claude Ptolémée, un autre astronome antique dont les travaux ont été réalisés près de 400 ans après ceux d’Hipparque.

Ainsi, l’imagerie multispectrale pourrait sauver de l’oubli des textes disparus, qui feraient le bonheur des scientifiques et des historiens.

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Source : CNRS


François BEDIN
Votre opinion
  1. Juste pour signaler (malicieusement) que La Joconde n’est pas une toile, mais un panneau de bois (peuplier).

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