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Thierry Bonnet de la Borderie (Solic Carrières)

‘ Les salaires récompenseront moins les technologies et plus le savoir-être des collaborateurs. ‘

Alors que le marché de l’emploi informatique semble repartir, les chargés de recrutement dessinent la carte des compétences qui seront favorisées demain, et donc mieux rémunérées. A méditer soigneusement pour orienter son parcours de
carrière… et de formation ! Thierry Bonnet de la Borderie, directeur du département systèmes d’information de Solic Carrières, et Eric Ménard, manager exécutif au sein de la division informatique de Michael Page, évoquent le
sujet.01 informatique : Quels sont les principaux facteurs qui feront évoluer la rémunération ?


Eric Ménard : Le premier facteur est le marché bien sûr. Celui-ci repart progressivement et une certaine tension commence à se faire sentir, ce qui ne s’était pas produit depuis des années. On risque donc de voir
réapparaître une envolée générale des rémunérations. Pas aussi forte tout de même qu’à la fin du siècle dernier ! Mais à l’avenir, les principaux critères d’augmentation seront les compétences ou les qualités considérées comme un plus :
l’hyperspécialisation dans certaines technologies et les qualités relationnelles qui assureront un lien fort avec la maîtrise d’ouvrage.


Thierry Bonnet de la Borderie : La tendance à récompenser le savoir-être des individus va, sans aucun doute, s’accroître de façon notable. Avec, en premier lieu, la capacité d’une personne à animer ses équipes, les
tirer vers le haut, gérer des prestations externalisées et jouer le rôle d’apporteur de solutions. En outre, les organisations matricielles favorisent et mettent en avant les personnes capables de s’y développer et de s’y adapter. En particulier,
celles capables de mener des projets transversaux, de stimuler le développement des compétences au sein de l’entreprise et de répondre directement auprès des instances décisionnelles.Les compétences techniques ne compteront donc plus ?


EM : Si, mais pas toutes. Les personnes qui resteront cantonnées aux anciennes technologies n’auront aucune chance de voir leur salaire augmenter de façon significative. Seules les nouvelles technologies sont à
l’affiche. Et attention ces technologies évoluent. Il faudra donc impérativement coller à ces évolutions avec des formations adéquates.


TBB : Elles compteront bien sûr, notamment pour certains spécialistes comme ceux du décisionnel. Mais nous retrouverons l’expertise technique chez les SSII et les éditeurs. Une tendance se dessine, qui consiste à
recruter, pour certaines fonctions des services informatiques, des profils issus d’écoles de commerce. Quitte à les former ensuite aux technologies. Car l’évolution vers des postes à responsabilités exigera une crédibilité managériale plus que
technique.On ne cherchera donc plus véritablement d’informaticiens ?


EM : Pas partout. La banque, l’assurance, et la finance continueront à recruter et à bien rémunérer les informaticiens. Dans ces secteurs, la partie variable de la rémunération poursuivra son augmentation. Mais d’autres
pans de l’activité telle l’industrie, appliqueront davantage leur modèle à l’informatique : les développeurs seront de plus en plus externalisés, et donc moins rémunérés.


TBB : La bonne compétence au bon endroit au bon moment, voila ce qui comptera plus que jamais demain. Dans les domaines technique, du management et du relationnel, les profils évoluent toujours plus vers le haut. Les
informaticiens purs et durs devront s’ouvrir pour évoluer : l’ancien sentiment de puissance, de pouvoir que procure la machine s’estompera totalement. Il faudra que, derrière le rideau technique, la personne soit en mesure de s’exposer sur des
domaines non techniques.On n’assistera donc plus à des hausses générales de salaires ?


EM : Globalement non. Il s’agira d’une augmentation très sélective, selon les individus. Ce qui existe déjà, mais le phénomène va s’amplifier considérablement. Et porter davantage sur la partie variable de la
rémunération.


TBB : C’est exact. Dès lors que l’on accédera aux postes à responsabilités, les salaires seront encore plus individualisés qu’aujourd’hui. L’individu sera récompensé en fonction de ses performances, de ses résultats
mais aussi de sa capacité à changer et à être mobile.

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Corinne Zerbib