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TEST : Destiny, un bon jeu en attendant de retourner jouer à Borderlands?

Attendu avec une grande impatience, le nouveau titre de Bungie, géniteur de la série Halo, portait sans doute trop de promesses pour pouvoir toutes les tenir. La déception est forte sans être totale, puisque le plaisir est là, malgré tout?

Ainsi, la Terre se résume toujours à l’ancienne Russie et à ces steppes industrielles chaotiques. Rien de plus. Les « planètes » qu’on nous avait vendues ressemblent également beaucoup à un miroir aux alouettes. Lune – techniquement pas une planète, Mars et Vénus. Pas plus. On s’imaginait déjà voguer de l’une à l’autre, se poser dans la mer de tranquillité, flirter avec le Mont Olympe et partir à l’aventure librement dans un monde ouvert. Vraiment ouvert. En lieu et place de quoi, on trouve quelques sites d’atterrissage et des zones de jeu pas si vastes que ça. On aura tôt fait de les traverser avec notre speeder bike qui en jette malgré son sobriquet local, le « Passereau ». Moins glamour, tu meurs.

Ces étendues, on apprendra à les connaître par cœur rapidement, car on devra les arpenter et arpenter encore au fil de la grosse quinzaine d’heures de jeu qui constituent la campagne. Les bâtiments, temples et autres catacombes nous rappellent avec une certaine amertume que le level design des premiers Halo n’était pas vraiment une réussite. Bungie a progressé, mais l’impression de copier-coller et de déjà-vu persiste.

N’entrez pas, c’est une véritable boucherie !

Ce ressenti est grandement facilité par le manque de variété des ennemis. Qu’ils s’agissent des Déchus, des Cabals, de la Ruche ou des Vex, chaque race possède quatre ou cinq types d’adversaires seulement. Qu’on abat à la chaîne, comme de la bonne chair à canon. Les soldats de base et même les plus gradés ne sont pas très malins, desservis par une intelligence artificielle qui prend rarement l’initiative d’attaquer à revers ou de se coordonner. La difficulté tient en fait au nombre d’ennemis et la tendance de notre personnage à rester bloqué contre une pierre un peu plus haute que les autres quand on combat.

Même contre un boss, on se rend rapidement compte qu’il faut se débarrasser de la piétaille avant d’en finir. Heureusement, notre personnage, quel que soit sa classe de gardien choisi : Titan, Arcaniste ou Chasseur, ne manque jamais de munitions et est véloce et généralement plutôt maniable. Les classes d’ailleurs laissent un peu perplexe tant elles ne changent pas la façon de jouer. Il faut attendre le niveau 15 et le déblocage d’une nouvelle « doctrine » pour voir une vraie différence se créer. C’est en fait plus une question de style de jeu que de grosses divergences de compétences. Preuve en est, on peut tout à fait faire une mission avec uniquement des Titans ou des Chasseurs.

Communication breakdown

On est dans un FPS, donc on ne s’emportera pas contre cette déception, mais on se rappelle malgré tout que Borderlands, auquel Destiny est censé ne pas ressembler, et dans un autre genre, a fait bien mieux dans tous les domaines suscités. Car, finalement, Destiny n’est pas un MMO FPS, mais un FPS en coop et encore rarement. C’est dommage, car les parties en petite escouade sont agréables. Dans les faits, on a tendance à créer un groupe opportuniste et non pas conçu pour durer. Que ce soit pour un « donjon » ou pour une instance ou un événement « surprise ».

La faute sans doute à la difficulté de communiquer. On peut certes danser ou encore saluer l’avatar d’un autre joueur, mais il n’y a pas ici de messages préétablis/prétraduits qui permettraient de « discuter » ou de donner des consignes ou d’en recevoir. Il faut se lancer dans une manipulation assez longue pour pouvoir parler de vive voix avec un joueur… Et nous sommes souvent paresseux. Bref, Destiny, c’est un peu un métro en fin de journée, on est tous ensemble mais chacun pour soi… Et, comme dans le métro, on se sentira seul face aux nombreux, longs, lents, récurrents, temps de chargements que de petites cinématiques essaient de masquer tant bien que mal…

Multijoueur des familles

Pour oublier cette solitude, on pourra s’adonner au PvP, ou Joueur contre Joueur. Pour sentir la chaleur humaine et connaître le prix du sang. Mais une fois encore, Destiny laissait espérer du vrai PvP comme dans un MMO, quand on a en fait l’impression d’un mode multijoueur assez classique finalement et pas toujours inspiré, même si les cartes, denses, sont plutôt bien conçues. Bref, le multi n’est pas forcément ce qui vous fera rester longtemps dans la peau d’un gardien…

Un univers unique et somptueux

Voilà pour ce qui nous a déplu. La liste est longue. Assez impressionnante. Et pourtant elle n’arrive pas à nous empêcher de jouer au dernier bébé des créateurs de Halo. On pourrait croire que c’est une catastrophe et pourtant, non, c’est même un peu l’inverse. Destiny est un jeu qu’on ne veut pas lâcher et auquel on revient avec plaisir.
Pour la facilité de prise en main et les combats plutôt héroïques, pour la joie addictive du levelling, pour l’ivresse qu’on ressent à toucher aux frontières d’un univers qui devrait s’épanouir dans les dix prochaines années.
Et puis, il y a aussi que Destiny est porté par une direction artistique superbe. Le jeu, sur PS4, est franchement beau, les effets de lumière font qu’on s’arrête souvent à contempler un paysage ravagé. Les animations des personnages sont félines, riches de détails. Tout, des accessoires aux environnements, traduit l’énergie et l’envie qui a motivé les équipes de Bungie à créer un jeu-monde. Pour finir de nous immerger, la musique est absolument splendide. Elle rythme les combats, les quelques rares phases d’exploration et évidemment les cinématiques. Ces dernières servent bien la narration et on découvre une histoire qui, à défaut d’être totalement originale, pourrait porter sur ses épaules un univers en devenir.

Destiny, qui aurait coûté 500 millions de dollars, ne tient pas toutes ses promesses – peut-être la faute à sa sortie sur deux générations de consoles – mais apporte suffisamment de plaisir de jeu pour qu’on apprécie le temps qu’on y passe. Pourtant, alors que ses développeurs se sont évertués à le différencier de Borderlands, il n’arrive pas à le faire oublier – même s’il joue la carte du destin frappeur et non farceur. Le prochain Borderlands sort bientôt. Allez, d’ici là, on resigne pour être un Gardien…

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Pierre Fontaine