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Quand la musique est bonne… et pas chère

Les 12-25 ans ont la possibilité de souscrire une Carte musique. Elle coûte 25 euros et donne droit, au minimum, à 50 euros de morceaux à télécharger chez les partenaires. Mode d’emploi.

Le ministère de la Culture a lancé, en octobre 2010, la Carte musique destinée aux 12-25 ans pour qu’ils achètent de la musique en ligne à un tarif préférentiel. Avec un investissement initial de 5, 10 ou 25 euros, la carte leur permet d’acquérir 10, 20 ou 50 euros de musique, sous forme de morceaux à télécharger ou d’abonnements à des services d’écoute en streaming. La participation de l’Etat se limite à 25 euros par an et par bénéficiaire, mais rien n’empêche les partenaires de l’opération, parmi lesquels on trouve les principaux sites de téléchargement et d’écoute de musique d’aller plus loin(tableau ci-contre). Amazon et Virginmega versent ainsi une participation équivalente à celle de l’Etat. Pour une dépense de 25 euros, le jeune bénéficie de 75 euros de téléchargement, soit une remise de 66 % sur ses achats. Deezer, lui, a créé des offres exclusives pour les détenteurs de la Carte musique. Quant à La Fnac, elle leur réserve une sélection d’albums à 3 euros. Pour obtenir cette précieuse carte, il faut se rendre sur le site www.carte-musique.gouv.fr. Une fois son identité déclinée, l’internaute compose sa carte en panachant les offres des partenaires, dans la limite de 25 euros d’achats hors participation de l’Etat. Après validation, il reçoit par mail un code pour chaque cybermarchand. Sur chaque site concerné, il commande l’offre qu’il a retenue et, avant de payer par carte bancaire, il saisit le code reçu. Le compte est alors crédité de la somme correspondante, bonus inclus. C’est seulement à ce moment qu’il peut télécharger la musique. L’opération se révèle donc un peu plus fastidieuse que les trois clics annoncés par le ministère de la Culture.

Un succès modéré

Mais il existe une faille de taille : à aucun moment, l’identité du bénéficiaire n’est vérifiée. Certes, le site rappelle les sanctions encourues en cas de fraude, et mentionne que “ les sites partenaires se réservent le droit de demander un justificatif de date de naissance ”, mais, en pratique, il semble facile de contourner le principe de la carte réservée aux 12-25 ans. Le manque de succès de l’opération explique sans doute une telle insouciance.La mise en place de la Carte musique est censée détourner les jeunes des solutions de piratage en les orientant vers les sites légaux de téléchargement. Or, alors que le ministère de la Culture visait à l’origine 1 million de cartes distribuées, le journal Les Echos estimait, en début d’année, à 50 000 seulement le nombre de cartes vendues. Mais le ministère, qui n’a pas voulu nous communiquer de chiffres, n’a pas dit son dernier mot. Il prévoit la mise en place d’une version du site à destination des téléphones mobiles et planche sur des cartes vendues en grandes surfaces, afin d’accroître la visibilité du dispositif et de permettre aux jeunes sans carte bancaire de les acheter avec leur argent de poche. Tout est bon pour éviter que l’anniversaire de la carte ne s’achève par un requiem.

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Olivier Lapirot