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Pourquoi l’iPhone n’est pas un téléphone comme les autres ?

Il n’est pas parfait, et ses concurrents font beaucoup de choses mieux que lui… mais l’iPhone reste et restera sans doute un smartphone à part. Voici pourquoi.

Le tout premier iPhone lancé en 2007 avait pas mal de défauts, mais tout ce qui le rendait alors unique a suffi à la rendre révolutionnaire malgré tout. C’est un peu moins vrai aujourd’hui, tant les acteurs de la téléphonie mobile ont redressé la pente de manière spectaculaire. On peut même le dire franchement, ils se sont montrés beaucoup plus innovants que la Pomme ces dernières années. En attendant de savoir si l’iPhone 6 (ou “les” iPhone 6 ?) nous fera mentir, le 9 septembre prochain, retour sur les 5 raisons qui font ou ont fait de l’iPhone un téléphone pas comme les autres.

1. Il a révolutionné le design de nos smartphones

Nous sommes en 2007. Nokia domine outrageusement le marché de la téléphonie mobile, et à cette époque, le fabricant finlandais vend encore 1 million de téléphone par jour à travers le monde. Le meilleur smartphone du moment ? Le N95, sous Symbian OS, un mobile puissant, mais équipé d’un clavier alphanumérique à l’ancienne et dépourvu d’écran tactile. Tous les geeks de la planète se l’arrachent. Et Apple présente l’iPhone. Il a bien des défauts, et d’ailleurs, la star de Nokia le surpasse dans de nombreux domaines. Mais il a quelque chose que personne sur le marché n’avait pensé à proposer dans de telles proportions : un énorme (pour l’époque) écran tactile de 3,5 pouces. Et de surcroît, multipoint. Exit les contraintes d’interfaces, et les menus à tiroirs, tout ou presque se fait directement depuis l’écran, en tapotant avec un ou deux doigts. Une véritable révolution dont les concurrents d’Apple n’ont compris la portée que trop tard. Nokia mettra des années avant de sortir un tactile digne de ce nom, et Samsung choisira une stratégie que l’on qualifiera… d’inspirée.

2. Il a démocratisé le web mobile

On l’appelait Wap, ou i-Mode… Qu’importe son nom, les promesses de l’internet mobile des opérateurs de l’époque se traduisaient par un enchevêtrement de pages simplistes administrées par des portails qui n’apportaient pas grand chose de plus que le minitel. Un sous-internet, en somme. Le mail mobile ? Les experts en marketing des mêmes opérateurs étaient catégoriques : le grand public n’en a cure, tout juste un truc de professionnels en attaché case. Les « forfaits » mobiles donnant accès à Internet, le vrai, n’existaient pas sous leur forme actuelle. Et les rares formules proposées alors étaient accessibles depuis des terminaux qu’il fallait configurer à la main. Puis l’iPhone arrive en France. Il n’a pas franchement démocratisé le web mobile côté tarif, mais question usages… Le web ? On tapote sur Safari, et il s’affiche dans la petite lucarne sous la même forme que sur PC. Magique. À un détail près, impossible pour l’iPhone de lire le format Flash, qui à l’époque était foisonnant, il faut l’avouer. Steve Jobs l’avait en horreur et le rendait coupable de tous les maux. L’un d’eux étant qu’il était la principale cause de plantage des navigateurs web. Alors que les concurrents d’Apple s’efforçaient de rendre leurs appareils compatibles avec le format, Apple persiste… et dans un sens, on peut l’en remercier. Soucieux de créer des sites que l’iPhone pourra afficher, les développeurs ont peu à peu remisé le Flash au placard et opté pour des formats plus légers et universels (les jalons du HTML 5 sont posés). Google a même mis en place la conversion automatique de toutes le vidéos de son Youtube pour les rendre lisibles sur le smartphone d’Apple. Rien que ça. Quant au mail, les chiffres ne trompent pas. En 2013, 55% des emails ont été consultés depuis un mobile. Contre à peine 15% en 2008… Un essor dont l’iPhone n’est pas le seul responsable, certes, mais il en est l’un des principaux moteurs.

3. Il a fait naître un écosystème à lui tout seul

Peu d’objets industriels peuvent se vanter d’avoir créé un écosystème mondial autour d’eux. L’iPhone en fait partie, pourtant rien dans sa première version ne le laissait présager. Souvenez-vous en 2007, le tout premier iPhone d’Apple ne donnait accès qu’à des applications maison qui faisaient simplement le tour des usages basiques : le mail, la navigation web, un agenda, les SMS (pas de MMS !)… Le minimum vital, en somme. Steve Jobs ne voulait pas entendre parler d’applications tierces, craignant qu’elles dégraderaient « l’expérience » iPhone et son ergonomie tout à la fois minimaliste et efficace. Mais les jailbreakers en ont décidé autrement. Au prix de quelques manipulations plutôt risquées, les utilisateurs d’iPhone chevronnés ont accès à un répertoire d’applications nouvelles qui décuplent les possibilités de leur terminal. Apple combat fermement la pratique au fil de mises à jour de plus en plus fréquentes, mais finit pas lâcher du lest. L’AppStore fait son apparition en juillet 2008 un an seulement après le lancement du premier iPhone. 500 applications seulement le jour de son lancement… et plus de 10 millions de téléchargements dans les 3 jours qui suivirent. Une machine à cash est née. Le cap des 75 milliards de téléchargements est dépassé en 2014, et le kiosque contient près de 1,2 millions d’apps aujourd’hui. Et depuis, Apple reverse des milliards de dollars chaque année à un écosystème sorti de terre en une poignée de mois : développeurs, hébergeurs, chefs de projet, concepteurs d’interfaces… sans compter les startups prolifiques dont 100 % des revenus sont générés sur l’écran d’un mobile.

4. Il tourne sous iOS

Si l’iPhone n’est pas un smartphone comme un autre, c’est aussi et surtout parce qu’il est le seul à fonctionner sous iOS, qu’Apple définit comme une déclinaison mobile de Mac OS. C’est techniquement le cas, mais visuellement, les deux environnements n’ont pas grand chose à voir. Là où Microsoft s’est acharné à faire entrer son Windows au chausse-pied dans ce qui s’appelait alors Windows Mobile, Apple a pris le parti de développer de nouveaux standards d’ergonomie propres aux smartphones. Ici pas de croix pour fermer une fenêtre ou une application, pas de clic droit pour afficher un menu contextuel, et surtout pas de stylet. iOS est l’un des premiers environnements mobiles plus faciles à utiliser au doigt qu’au stylet. L’écran capacitif y est pour quelque chose, mais c’est toute l’interface du système qui a été pensée en ce sens dès le départ. Mais iOS n’avait pas que des qualités, loin de là, et ses nombreuses lacunes ont refroidi la plupart des « power users » : impossible d’installer des applications (voir plus haut), impossible d’interpréter des codecs qui n’étaient pas prévus en dur dans l’OS, pas de multitâche, incompatibilité avec Exchange, impossible de changer de fond d’écran, de définir un MP3 en sonnerie, d’envoyer des MMS, de copier-coller des bouts de textes… Apple a corrigé la plupart de ces défauts au fil du temps, à tel point que la différence avec Android se fait de moins en moins ressentir. Mais certaines pratiques courantes dans le système de Google demeurent proscrites du côté d’iOS : pas d’explorateur de fichiers, transfert de certains fichiers impossible sans iTunes, impossibilité de définir un logiciel tiers par défaut (Chrome à la place de Safari par exemple), non prise en charge des supports de stockage externes…

5. Il n’a rien compris au Cloud

Depuis la toute première version de l’iPhone, la gestion des fichiers a toujours été conflictuelle. Quels qu’ils soient. Windows Mobile, Palm OS et Symbian (Nokia) n’avaient peut-être pas les designers d’Apple, mais ils savaient développer des systèmes de fichiers. Besoin de transférer un album de votre PC vers votre N95 ? Rien de plus simple : il suffit de raccorder l’appareil en USB, qui monte comme n’importe quelle clé. Un simple copier-coller suffit. Avec l’iPhone, un passage par iTunes est obligatoire (130 Mo le téléchargement). Après avoir mis en place une gestion manuelle des fichiers, on glisse son album dans l’iPhone via iTunes, si tant est qu’iTunes a bien trouvé les fichiers sur votre disque dur. Ah, et seul le lecteur d’Apple pourra lire vos morceaux. Un calvaire assez similaire régit la gestion des photos. Pour les fichiers bureautiques ? C’est pire, il faut là aussi passer par iTunes et les transférer sous l’onglet de l’application qui pourra ensuite les afficher sur votre mobile. La gestion des contacts ? Mieux vaut avoir un compte Gmail et paramétrer une synchronisation automatique. La réponse d’Apple vient en 2011 avec iCloud, un service qui promet une synchronisation permanente de la plupart des données de l’iPhone avec tous les autres périphériques dont vous disposez. L’intention est bonne, mais problème, 5 Go d’espace seulement sont mis à disposition des utilisateurs. Résultat, iCloud est un échec pour le commun des utilisateurs d’iPhone. iOS 8 devrait corriger une grande partie des défauts actuels d’iCloud, mais n’est-ce pas trop tard ?

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Christofer Ciminelli