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Photokina 2014 : comment Sony veut s’emparer de la photo pro

Si Sony n’a lancé aucun produit à la Photokina, c’est parce que le japonais tient une cadence infernale depuis 2 ans. Une stratégie qui paie, notamment dans sa conquête du monde de la photo pro.

À l’heure actuelle, Sony est un peu comme le grand garçon timide de 1,90 m pour 90 kg au fond d’une classe de 3e : il ne fait pas de bruit mais personne ne vient l’embêter. En mode « force tranquille », Sony s’est payé le luxe de ne procéder à aucune annonce produit lors de cette Photokina. Rien, zéro, niet, nada, le constructeur japonais n’avait pas gardé un seul produit caché. La seule annonce était relative au développement d’un service : l’arrivée en Allemagne d’un service « Pro » aux alentours d’avril 2015.

Côté produit, c’était donc une sorte de non-conférence, mais qui illustre parfaitement la stratégie actuelle de Sony : avancer pied au plancher.

Rouleau compresseur technique

Sony n’a gardé aucun produit à annoncer puisque la seule nouveauté, une optique dédiée à la vidéo, avait été annoncée à l’IFA de Berlin la semaine dernière. Le contraire eût même été effrayant tellement l’électronicien a enchaîné les succès et les prouesses en deux ans. En vrac et de manière non exhaustive citons le premier compact à capteur plein format de l’histoire (RX1 et RX1R), une succession de compacts experts (RX100 Mark I, Mark II et Mark III) qui l’ont catapulté en tête des ventes de ce segment alors même que Sony y était absent (!), les premiers hybrides à capteur plein format de l’histoire (Alpha 7, Alpha 7R et Alpha 7S), le premier bridge à grand capteur 1 pouce (RX10) et une insolente part de marché mondiale de 50% dans le segment des hybrides. Les ingénieurs de la division photo de Sony ont sans doute peu dormi ces trois dernières années. Si Sony n’est pas encore la marque dominante du monde de la photo – Canon et Nikon y règnent en maître – l’avènement des hybrides et l’engouement pour les grands capteurs qu’il fabrique sont autant de tendances qui jouent clairement en sa faveur.

L’optique en priorité

Un coup d’oeil sur les slides de la conférence et le message est clair : après cette frénésie de lancements d’appareils, Sony est désormais à fond sur le développement d’optiques. Jadis critiqué pour la faible offre du parc NEX/Alpha (mirrorless), tant en qualité qu’en quantité, le géant tokyoïte a décidé de corriger le tir. Et là encore, il a décidé d’aller vite et fort : lancé mi-2013, le système optique des Alpha plein format devrait compter 18 optiques à la fin 2015. Cela fait donc une moyenne de 6 optiques par an, sans compter d’éventuelles optiques dans les mondes Alpha reflex (plein format ou APS-C), les Alpha mirrorless (les anciens NEX). Tenir un rythme d’une optique tous les deux mois est une cadence énorme, tant en termes d’ingénierie que de marketing/commercialisation/support. Cela prouve la volonté forte de Sony de légitimer ses hybrides à capteur plein format avec des optiques qui visent les enthousiastes, les experts et… les pros.

Marchés experts/pros en ligne de mire

Mine de rien, l’annonce d’un service pro est un petit coup de tonnerre, même s’il est pour l’heure limité à l’Allemagne. La France devrait logiquement venir dans la foulée, mais nous n’avons pas réussi à en savoir plus. C’est une tendance forte de l’industrie à présent que le très grand public, satisfait des clichés de son smartphone, se désintéresse des appareils d’entrée de gamme : ceux qui achètent des appareils ont désormais de vrais besoins photographiques et visent les modèles qui font de la valeur – les modèles experts et pros – pour lesquels un service pro a du sens. Pour l’heure Sony n’a pas donné de détails sur lesdits services, mais l’annonce elle-même laisse envisager sa volonté d’investissement dans un domaine où seuls Nikon et Canon étaient présents. Et le fait qu’Olympus fasse de même n’est pas une coïncidence…

Sony ne cible pas que un marché de la photo fermé, mais bien le monde moderne de l’image puisque certains de ses appareils – boîtiers comme optique – sont aussi performants en photo qu’en vidéo.

L’imagerie, pilier du groupe

Déjà acteur incontournable du cinéma, du broadcast et de la vidéo grand public, Sony entend conquérir celui des filmmakers, sociétés de productions, éducation et autres amateurs éclairés, des segments où Canon a frappé fort avec ses 5D Mark II/Mark III et sa série C (C100, C300 et C500). Quand Kazuo Hirai, PDG de Sony, annonçait en 2012 que la division imagerie (DIME en interne) deviendrait l’un des piliers de la stratégie de Sony, c’était tout sauf un coup de bluff. C’était il y a 2 ans et demi et les chiffres – comme la qualité des produits – montrent que la stratégie commence à payer. Une interrogation demeure : alors que Sony vient d’annoncer des réductions d’effectif importants dans sa division mobile, et que le marché du téléviseur se complique, la photo suffira-t-elle à maintenir Sony à flot ?

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Adrian Branco