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Nortel Networks gagne la première bataille du rail

L’Union internationale des chemins de fer avait lancé, en 1992, un vaste projet d’unification des différents systèmes de communication pour faciliter la gestion des trains internationaux. Il débouche, aujourd’hui, sur le GSM-R, dont l’infrastructure du réseau allemand revient à Nortel.

Avec des trains de plus de 100 t fonçant à plus de 300 km/h, la moindre défaillance de la part d’une gare peut se muer en catastrophe. Pour éviter cela, les responsables du trafic ferroviaire communiquent en temps réel – en dehors du réseau fixe – avec les employés qui se trouvent à bord des trains, et se doivent, pour cela, de posséder un système de téléphonie mobile éprouvé.À l’occasion du principal salon du transport, Innotrans, qui s’est tenu à Berlin fin septembre, les chemins de fer allemands (Deutsche Bahn AG) ont fêté la mise en place, par l’intégrateur DB Telematik, de leur millième station de base GSM-R (GSM-Railways).

Des appels d’offres qui ont traîné en longueur

Ce sont près de 2 800 stations GSM-R, fabriquées par Nortel Networks, qui, à terme, devraient être installées sur 25 000 km de voies. Rappelons que la norme GSM-R est issue du projet Eirene (European integrated railway radio enhanced network), finalisé par le consortium Morane dès 1995, avec l’aide de l’Etsi (European Telecommunications Standards Institute). Depuis, la mise en ?”uvre a été longue, compte tenu du fait que tous les systèmes analogiques de sémaphore et de radio ondes courtes ont été examinés (il n’y en avait pas moins de 8 en Allemagne…), et que les appels d’offres ont traîné en longueur.

La fin du talkie-walkie

Les terminaux, dotés d’une coque renforcée, sont aujourd’hui fabriqués en France par Sagem, tandis que l’infrastructure du réseau allemand provient de Nortel.Réputé pour ses systèmes de gestion automatique des métros et tramways, Siemens était le principal concurrent de Nortel. Lorsqu’on connaît la pression exercée sur les décideurs des chemins de fer allemands pour adopter une solution réseau purement nationale, on comprend mieux la réaction du Canadien, qui a vivement sollicité la presse spécialisée européenne pour afficher sa victoire.Mais, Siemens reste en embuscade : les appels d’offres des trente-deux autres pays européens ne vont pas tarder, avec, à la clé, plusieurs dizaines de milliers de stations de base, soit des centaines de millions de dollars, l’équivalent d’un marché national GSM pour un équipementier. On soupçonne aussi des fabricants coréens (Samsung et LG) d’être sur les rangs.Avec le GSM-R, les sociétés de chemin de fer disposent, enfin, d’un outil qui remplacera, à court terme, les systèmes analogiques de type talkie-walkie, utilisés depuis 1972. La principale différence entre le GSM-R et son cousin classique réside dans un jeu de commandes de sécurité et un mode de roaming (le passage d’une cellule à une autre), qui tient à la “prédictibilité” du parcours. Il est facile, en effet, de programmer les stations de sorte qu’elles se synchronisent automatiquement – la distance avec la base étant connue, tout comme la vitesse du train. Mais, hélas pour l’usager, le réseau sera réservé aux seuls employés des trains.Il faudra attendre une prochaine génération de logiciels pour que des bornes puissent relayer les appels. La SNCF et sa filiale commune avec Cegetel, Télécom Développement, pourraient y trouver de nouvelles sources de revenus, mais la législation actuelle est très restrictive.

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Thierry Outrebon