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Les USA mettent un frein aux ambitions de la Chine sur les puces mémoire

Après les accusations d’espionnage et les augmentations brutales de frais de douane, la guerre commerciale entre les USA et la Chine prend un nouveau tournant avec le blocage d’exportations de composants clés. Mettant à l’arrêt une méga usine de mémoire vive en Chine.

L’usine devait être le fleuron chinois de la production de puce de mémoire DRAM, mais elle est pour l’heure à l’arrêt. Comme le rapporte Bloomberg dans un long article, l’usine de 274.000 m² de Fujian Jinhua Integrated Circuit sise à Jinjiang est l’une des pièces maîtresses de la stratégie de développement de l’industrie tech chinoise (Fujian Jinhua Integrated Circuit Co. est propriété du gouvernement chinois) et devait produire jusqu’à 60.000 wafers de 300 mm par mois.

De précieuses galettes de silicium de mémoire vive (DRAM) qui devaient permettre à la Chine de réduire sa dépendance aux puces américaines (Micron) et sud-coréennes (SK Hynix), deux pays alliés jusqu’au bout des ongles et qui contrôlent 98,7% de la mémoire DRAM mondiale, le reste (Nanya, Winbond) étant sous contrôle taïwanais, très proche des USA eux-aussi.

Mastodonte de la production d’appareils électroniques, la Chine ne maîtrise pas la fabrication de la mémoire, un manque de savoir-faire que Fujian Jinhua Integrated Circuit Co. (JHICC) et d’autres entreprises (YMTC, Innotron) sont censées apporter à l’empire du milieu. Manque de chance, à la suite des accusations d’espionnage de Micron par United Microelectronics Corporation (UMC) et JHICC, les USA ont décidé de donner une leçon à la Chine. En stoppant net les ambitions de cette dernière : du jour au lendemain, non seulement les ingénieurs étrangers ont été rappelés chez eux, mais des exportations d’équipements dédiés à la production de semi-conducteurs ont été stoppées net. Des appareils qui proviennent des USA bien sûr, mais aussi du vieux continent…

Quand les Américains partent, les européens suivent

Selon Bloomberg, non seulement des entreprises américaines comme KLA Tencor (spécialiste du contrôle qualité des composants) ou Applied Materials (machines de traitement des waffers) auraient brutalement cessé leur business avec la méga-usine de JHICC, mais des groupes européens comme les Néerlandais d’ASML auraient fait de même.

ASML ne vous parle peut-être pas, mais si vous avez lu différentes actualités sur l’arrivée des processus de gravure de composants en 7 nm chez Samsung ou chez TSMC, sachez que ce sont les machines de ASML, les steppeurs, qui permettent ces prouesses. Et sans les steppeurs du leader mondial qu’est ASML, impossible de produire des puces de dernière génération et de rester compétitif.

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Comme le rappelle Bloomberg, la Chine fait tout pour se tenir à son plan de devenir une superpuissance de la tech d’ici à 2025, non seulement pour continuer à soutenir sa croissance, mais aussi pour réduire sa dépendance à des technologies étrangères, quitte à tricher et espionner pour réussir.

L’histoire du « blocus » américain sur les technologies de gravure à l’encontre de JHICC aura au moins permis au gouvernement chinois de valider cette dépendance. Mais à un niveau encore supérieur : il ne suffit pas de maîtriser la production, il faut aussi savoir concevoir les machines industrielles nécessaires à cette production.

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