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Les PME-PMI embarquent sur le paquebot Internet

L’ère des découvreurs de continents s’achève. Les offres des tours opérateurs Internet se multiplient et se standardisent. Le coût de la croisière Internet se dilue dans la masse des investissements informatiques et télécoms.

A quel prix les PME-PMI accèdent-elles à Internet ? Depuis trois ans, les formalités d’embarquement se sont considérablement allégées et les tours opérateurs proposent des catalogues colorés aux offres de plus en plus standardisées. Après s’être raccordées à Internet, le plus souvent pour de la messagerie, les entreprises se dotent d’un site vitrine, avant de tenter le grand saut vers le commerce électronique.
Grange est un fabricant de meubles de style installé en région lyonnaise, employant cinq cents salariés. Son activité est essentiellement tournée vers l’international, et 92 % de son chiffre d’affaires est réalisé à l’exportation, avec des clients prestigieux comme Bill Gates et Harrison Ford. Sur le conseil de son prestataire informatique, Laurent Frances, directeur administratif et financier, a choisi Satelnet, filiale de l’ogre américain PSINet, comme fournisseur d’accès à Internet (FAI). Le siège et les deux usines ont été reliés au réseau par des liaisons à 64 kbit/s, notamment pour de la messagerie.

Une facture annuelle minime, comparée au budget télécoms global

L’opération ayant été un succès, Satelnet s’est vu confier la mise en place des accès B-to-B (Business to business) à leur site Web. Ce site, qui est hébergé et géré par Grange, offre la possibilité aux six cents revendeurs internationaux de faire leurs demandes d’approvisionnement en ligne. La facture annuelle Internet atteint désormais 150 000 F ht, un détail comparé au budget télécoms global de la société (1,2 million de francs). Car le coût le plus élevé provient des liaisons à très hauts débits (2 Mbit/s) avec les deux filiales étrangères. Le budget Internet se dilue ainsi souvent dans la masse des investissements télécoms et informatiques. C’est le cas chez FMS (France Manutention Services), un loueur de chariots élévateurs employant deux cent cinquante personnes, dont le siège est situé à Paris. Afin que ses clients et ses techniciens puissent suivre à distance la disponibilité de leur parc de maté-riels, Michel Masson, directeur informatique, vient d’acquérir un AS/400, compatible avec les protocoles Internet. Ce serveur héberge l’ensemble des données commerciales et de gestion technique. La mise en ?”uvre de son raccordement sur Internet est budgétisée pour 300 000 F ht, car l’AS/400 nécessitera probablement, pour des raisons de sécurité, l’intermédiaire d’un serveur ” écran “. Le coût annuel de l’accès, via une liaison spécialisée à 64 kbit/s, ne devrait pas dépasser 70 000 F ht.
Dans le même temps, une mise à niveau de l’ensemble des télécoms et de l’informatique des douze sites de FMS est en cours. Les agences migrent vers Ethernet, alors qu’elles étaient équipées de contrôleurs 5394 dans une architecture IBM traditionnelle. Quant au réseau X.25 les reliant, il évoluera vers du Frame Relay, à base de routeurs Cisco 3600. Michel Masson est en discussion avec France Télécom, Cable & Wireless et Global One, qu’il a déjà côtoyés lors de la mise en place d’un réseau similaire chez Euro-tonair, filiale, comme FMS, du groupe australien Brambles, spécialiste des biens d’équipement industriels

L’occasion de lier Internet à la baisse de la facture téléphonique

Le réseau X.25 revient actuellement à près de 50 000 F ht par mois, et le coût du réseau Frame Relay devrait être similaire. L’accès à Internet pour les différentes agences s’effectuera par le biais d’une passerelle sur le réseau Frame Relay. Cette passerelle est l’objet d’une négociation serrée car, soit les opérateurs la prennent à leur charge et l’incluent dans la facture du réseau Frame Relay, soit FMS passera par la passerelle Internet de sa maison mère, installée à Bruxelles.
Une refonte profonde du système d’information est également l’occasion, en ces temps de dérégulation, de lier Internet à la baisse de la facture téléphonique.
Le Conseil supérieur de l’Ordre des experts comptables, qui emploie une centaine de personnes au service des seize mille six cents experts comptables de France, avait lancé la réalisation de son site Web en recourant au FAI Imaginet, après un appel d’offres restreint et une phase de maquettage. Parallèlement, Olivier Perrichon, responsable informatique, était en contact avec divers opérateurs afin d’abaisser les coûts téléphoniques. Les PABX de cet organisme étant vieillissants, ils ne pouvaient être raccordés sans surnumérotation à des réseaux comme celui de Cegetel, exception faite de celui de Colt. Hasard des fusions, Colt a racheté Imaginet, ce qui a accéléré le processus.
L’Ordre possède deux bâtiments à Paris, rue de Courcelles, interconnectés par une liaison spécialisée à 64 kbit/s de France Télécom. L’irruption de Colt permet d’interconnecter ces deux sites par un lien en fibre optique à 8 Mbit/s passant par les égouts, et disponible à la fois pour les données et l’interconnexion des PABX.

Les tarifs de France Télécom

Le raccordement à Internet s’effectue, par une liaison à 256 kbit/s, avec la boucle optique de Colt, toute proche, rue de Chazel.
Concernant les tarifs, France Télécom fait pâle figure. Olivier Perrichon souligne que, pour un prix identique, Colt multiplie les débits au minimum par quatre. Enfin, l’opérateur héberge le site du Conseil de l’ordre pour 5 000 F ht par mois. Ce site autorise la vente d’ouvrages comptables en ligne. La solution de paiement électronique PayLine a été adoptée, pour un coût d’installation de 14 000 F ht et un commissionnement en fonction du chiffre d’affaires.
La chaîne de télévision Arte GEIE, à Strasbourg, a également décidé d’héberger son serveur Web chez son fournisseur d’accès. Développé en interne, le site est mis en production par Arte à travers des connexions FTP.

Un accès dix fois moins onéreux qu’un

abonnement grand public Pour Georges Mauguin, responsable de l’informatique des quatre cents postes de travail répartis entre six bâtiments, le choix s’est porté sur le FAI SDV-Plurimédia, car sa proximité géographique garantissait un hébergement local et un accès à très hauts débits. Réalisée initialement par un pont radio à 2 Mbit/s, la liaison vient d’être transformée en un lien filaire à 10 Mbit/s, tant l’usage d’Internet se révèle crucial pour la messagerie et les bases documentaires. Avec un coût annuel d’environ 50 000 F ht, l’accès de chacun des quatre cents postes à Internet revient alors dix fois moins cher qu’un abonnement grand public.

Passer d’un fournisseur à l’autre en cas de saturation

Plus modeste, Juritel compte une vingtaine de personnes. Quatre PC disposent de connexions RNIS à 64 kbit/s avec Wanadoo. Jean-Claude Patin, responsable Internet, s’est aussi inscrit systématiquement auprès de tous les fournisseurs gratuits, ce qui offre la possibilité de passer de l’un à l’autre en cas de saturation de l’un des accès.
Même limité, le budget Internet est en croissance permanente et atteint 18 000 F ht par an. Il est temps de passer à la vitesse supérieure en s’équipant d’une liaison fixe. Jean-Claude Patin se tourne donc actuellement vers une société de conseil afin de choisir entre les différentes possibilités : liaison spécialisée, ADSL, ou fibre optique. Mais il y a plus important : cette PME parisienne commercialise des prestations juridiques sur son site Web (consultations d’avocats, formulaires, statuts et jurisprudence). Le site est hébergé chez Internet-fr.net, pour un coût mensuel de 600 F ht, commerce électronique compris. La solution du Crédit Mutuel a été retenue pour le paiement en ligne avec Carte Bleue. Pour Jean-Claude Patin, le parcours de sa société est typique de l’évolution d’Internet en France.“Nous avons commencé par un site vitrine afin de véhiculer une image dynamique et nous en avons renouvelé fréquemment le contenu pour générer du trafic. Nous avons pu, alors, présenter nos prestations en ligne.”

Ces paiements en ligne posent la question de la sécurité. Aucun gros scandale n’ayant encore éclaté, la confiance s’installe, ce que souligne Henri Lenfant, directeur marketing de la direction commerce électronique de La Redoute. La majorité des paiements des clients s’effectuent, depuis 1997, par transmission du numéro de la carte bancaire et de sa date de validité, le tout crypté grâce au protocole SSL (Secure socket layer). Un tiers de confiance, Atos en l’occurrence, certifie le paiement. La qualité de l’hébergement est capitale lors du choix d’un FAI. Mac Partner, une entreprise de trente salariés leader de la vente par correspondance de solutions Apple, a émis un appel d’offres au début de 1999 pour son site Web de commerce électronique, ainsi que pour de la connexion à la demande de son réseau local, et pour de la messagerie.

Développement et hébergement restent deux métiers distincts

Les sociétés contactées étaient de grands opérateurs, comme Oléane, Uunet et PSINet, ou de petits spécialistes de l’hébergement et du développement. Pascal Peronne, directeur du marketing, aurait préféré confier l’ensemble des tâches à un seul prestataire, mais développement et hébergement restent deux métiers distincts. Le serveur de Mac Partner est donc hébergé chez PSINet avec la garantie d’une bande passante de 128 kbit/s, qui devrait passer à 256 kbit/s, voire 512 kbit/s, lors des opérations spéciales de Noël.
Le fait que PSINet possède sa propre fibre optique a été déterminant car cela a levé les doutes sur sa capacité à garantir la fluidité du trafic. De son côté, Oléane, incapable d’être à l’écoute, a déçu. Pour le développement, Aston a su convaincre par la qualité de ses références. De plus, Aston et PSINet sont tous deux installés à Vélizy-Villacoublay, ce qui simplifie les échanges. Mac Partner a opté pour le RNIS comme solution d’accès au réseau de PSINet, ce qui aboutit à huit à dix heures de connexion par jour, car il est difficile d’obtenir une liaison spécialisée pour le bâtiment de Mac Partner à Levallois -Perret. Pour l’hébergement du serveur, pour l’accès RNIS (hors coûts téléphoniques), et pour la messagerie (10 adresses), la facture totale annuelle se monte à 70 000 F ht.
Enfin, une solution d’hébergement mixte a été retenue par l’Ifpo et l’ICS Bégué, deux écoles du même groupe : l’une, formant au BTS comptabilité gestion ; et l’autre, au diplôme d’expert comptable.

Des liaisons à 64 kbit/s et à 256 kbit/s chez Easynet

Pour leurs besoins en messagerie et en formation sur Internet, ICS et Ifpo sont respectivement reliés chez Easynet par une liaison à 64 kbit/s et à 256 kbit/s. Le choix d’Easynet s’est fait sans véritable appel d’offres, mais sur le conseil des divers prestataires informatiques des deux écoles.
Les coûts mensuels sont de 4 000 F ht pour ICS et de 8 000 F ht pour Ifpo. Le serveur d’Ifpo est hébergé chez Easynet, celui d’ICS étant hébergé dans leurs locaux, pour des raisons historiques. ;

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par Jean-Pierre Blettner