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Le téléphone mobile peut provoquer des tumeurs cérébrales, selon l’Anses

Une utilisation intensive du téléphone portable peut être source de cancers, explique l’agence nationale de sécurité sanitaire. Toutefois, d’un point de vue global, il n’y a pas de risque sanitaire avéré lié aux radiofréquences.

Selon un avis que vient de présenter l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), une utilisation intensive et sur long terme du téléphone mobile peut provoquer des tumeurs au niveau cérébral (gliome) ou du nerf auditif (neurinome de l’acoustique). Selon l’Anses, les utilisateurs intensifs sont ceux ayant cumulé plus de 1 640 heures d’exposition. Ce qui correspond par exemple à une heure de téléphonie tous les jours pendant quatre ans, avec l’oreille collée au téléphone portable.

Des usages qui évoluent

Cette conclusion provient de l’analyse d’une série d’études dites « cas-témoins ». « On a comparé des gens qui avaient des tumeurs cérébrales à des gens qui étaient sains, et on regarde leur exposition dans le passé. Cette exposition concerne des usages que l’on pouvait avoir il y a dix, quinze, vingt ou vingt-cinq ans de ces téléphones mobiles, c’est-à-dire principalement un usage voix à l’oreille », précise Marc Lasfargues, directeur général adjoint scientifique de l’Anses, à l’occasion d’une conférence de presse. En effet, cet usage voix avec le téléphone collé à l’oreille a tendance à diminuer aujourd’hui, avec la généralisation de l’internet mobile.

Pour tous les autres cas d’exposition – usage modéré du téléphone mobile, présence à proximité d’une antenne-relais, etc. – il n’y pas actuellement de preuves scientifiques suffisantes d’un risque de santé publique. « L’actualisation de notre revue scientifique ne permet pas de mettre en évidence d’effets sanitaires avérés des radiofréquences. Elle ne conduit pas à proposer de nouvelles limites d’exposition de la population », explique Marc Montureux, directeur général de l’Anses. En d’autres termes : il n’y a pas lieu de modifier les limites d’exposition en vigueur et, à fortiori, de préconiser un seuil de 0,6 V/m comme le suggérait pourtant une proposition de loi de la députée écologiste Laurence Abeille, début 2013. Depuis, cette proposition de loi a d’ailleurs été renvoyée en commission parlementaire, donc jetée aux oubliettes.

Discours hypocrite

Vis-à-vis des antennes relais, l’Anses recommande néanmoins d’éviter la multiplication des points dits « atypiques », c’est-à-dire où l’exposition est sensiblement supérieure à la moyenne. Celle-ci se situe autour de 2,7 V/m. Cette recommandation a fait bondir Etienne Cendrier, porte-parole de l’association Robins des toits. « Si on dit que les seuils sont suffisamment protecteurs de la santé, pourquoi parle-t-on alors de points atypiques à éviter. C’est un discours hypocrite », estime-t-il.

Enfin, l’Anses a formulé un certain nombre de recommandations destinées à limiter l’exposition aux ondes radiofréquences, par principe de précaution : recourir aux kits main-libre, privilégier les téléphones affichant les DAS les plus faibles, réduire l’exposition des enfants, car leurs boîtes crâniennes n’est pas encore totalement développées, etc. L’étude de l’électrohypersensibilité a été volontairement exclue de cet avis, car l’Anses veut se consacrer à ce sujet de manière spécifique. « Nous avons décidé d’en faire notre priorité de l’année 2014. Nous allons examiner toutes les données sur ce sujet qui mérite une attention particulière », précise Marc Montureux.

Ci-dessous l’avis complet de l’Anses (461 pages):

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Gilbert Kallenborn