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Le dernier grand constructeur de PC français en redressement judiciaire

Unika, assembleur de Seine-et-Marne, risque la liquidation. L’offensive des grandes marques sur les ordinateurs à bas prix l’a plongé dans les difficultés financières.

La France risque de perdre son dernier fabricant de PC de dimension nationale. La société Unika, installée en Seine-et-Marne où elle possède une usine de fabrication, a en effet été placée en redressement judiciaire le 3 juillet
dernier par le tribunal de commerce de Meaux.Une période d’observation de six mois a été décidée, selon Cheikh Mbaye, responsable marketing d’Unika (et délégué syndical Force Ouvrière). Mais dès le 4 septembre prochain, un juge pourrait prononcer la liquidation de
l’entreprise, s’il n’est pas convaincu du projet ?” recapitalisation, revente, cession partielle d’activité… ?” qui lui sera soumis par l’équipe dirigeante.Cent quarante-trois salariés sont à ce jour concernés, dont la grande majorité (70 %) est employée au sein de l’unité de fabrication. Cette unité, dernier cri, n’a sorti l’an dernier que 80 000 machines, contre
140 000 il y a deux ans et 200 000 en 2003.Ces chiffres, en baisse constante, s’expliquent par la guerre sur le marché des PC de bureau à bas prix sur lequel était historiquement positionné Unika, qui comptait comme clients les géants de la grande distribution (dont Carrefour).
Ce segment, qui était celui des assembleurs, a progressivement été investi ces dernières années par des grands noms de l’informatique, comme HP, Packard-Bell (Nec) ou Acer.‘ Les marques sont venues sur l’entrée de gamme. On voit aujourd’hui des PC proposés par des ténors à 299 euros. Il nous est impossible de les concurrencer à ce prix-là. Ne serait-ce qu’en considérant le prix
de la licence Microsoft, par exemple ‘,
indique Cheikh Mbaye. ‘ Quand on voit leurs catalogues, les grands distributeurs mettent l’accent sur les machines d’Acer ou de Packard-Bell. Aujourd’hui, il y a
encore beaucoup de foyers qui s’équipent et ces derniers ont tendance à préférer les noms connus pour acheter ‘,
souligne Bertrand Huck, responsable de la division micro-informatique au sein du cabinet d’étude GfK.

Unika n’a pas voulu délocaliser sa production

En matière de guerre des prix, l’entreprise Unika a d’autant moins pu venir se frotter aux grands fabricants que, du fait de sa petite taille, elle ne pouvait pas commander de gros volumes de composants, et donc obtenir des rabais,
comme ceux dont bénéficie Dell, par exemple. Le fabricant avait également fait le choix de maintenir son usine en France, plutôt que de produire en Europe de l’Est (République tchèque) ou en Asie, où les coûts sont évidemment moindres.Selon l’analyste de GfK, Unika a aussi pâti de la concurrence entre grands distributeurs français, là où son homologue Medion, d’origine allemande, bénéficie d’un marché national plus concentré et donc moins difficile. Il estime
également qu’Unika a loupé le train des PC portables, qui connaissent une forte croissance. Bien meilleure que celle des ‘ desktops ‘. Le marché français, en valeur, est aujourd’hui dominé par les portables (58 %
contre 42 % pour les ordinateurs de bureau depuis le début de l’année 2006, sur le segment grand public).Bertrand Huck estime que l’avenir des assembleurs de taille modeste, n’est guère rose (lire
le cas de Granville outre-Manche) s’ils s’obstinent à participer à la guerre des prix. La solution, à l’image d’Elonex et de son
PC intégré à un écran plasma, serait plutôt de proposer des produits différents et ciblant une clientèle plus spécifique.

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Guillaume Deleurence