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iPhone 13, iPad et matériaux recyclés, Apple est-il vraiment un géant vert ?

Aluminium, terres rares, étain, or, jamais les produits de la marque n’avaient utilisé autant de métaux non miniers. Mais c’est loin d’être suffisant pour réduire son empreinte environnementale.

La keynote d’Apple de ce 14 septembre n’a pas concerné que des performances technologiques. La gamme de produits dévoilée hier avait pour particularité de comporter beaucoup de matériaux 100% recyclés. Ce n’est pas nouveau mais il n’y en avait jamais eu autant. Plutôt louable. Mais est-ce vraiment une avancée qui compte pour l’environnement ?

Dans les iPhone 13, Pro et Pro max, les métaux 100% recyclés concernent les terres rares dans les aimants (les éléments MagSafe et les soudures de la carte mère), l’étain de l’unité de gestion de la batterie, l’or du placage de la carte mère, du câble de la caméra avant et des appareils photo arrière. C’est aussi le cas du boîtier en aluminium des iPad et iPad mini, ainsi que de l’Apple Watch Series 7. Et les aimants de la montre sont 100% recyclés, ainsi que le tungstène.

Les rendements sont limités

Quand Apple utilise l’expression 100% recyclé. Cela signifie que le métal n’est pas issu de l’extraction minière dont l’impact environnemental et social est extrêmement élevé. Pour obtenir du métal recyclé, il faut collecter d’autres terminaux en fin de vie, les démanteler, séparer les métaux pour produire de nouvelles matières premières qui soient le plus pures possibles. 

Apple s’est toujours montrée à la pointe dans ce domaine sur le marché des produits informatiques. Auditionnés par des sénateurs l’année dernière, des représentants de la société en France avaient fait part d’un plan ambitieux.

« Notre objectif est de fabriquer, un jour, des produits n’utilisant que des matériaux recyclés ou renouvelables (..) Nous voulons clairement éliminer notre dépendance à l’exploitation minière », avait précisé Clément Lelong, responsable des initiatives environnementales d’Apple pour la zone Europe, l’Inde et le Moyen-Orient.

Il avait également annoncé qu’une liste de 14 matériaux prioritaires en ligne de mire. 

En recyclant ses propres appareils et en réutilisant leurs métaux, Apple s’inscrit dans un modèle d’économie circulaire qui semble totalement vertueux. Sauf que la quantité de matériaux ainsi réinjectée ne suffit absolument pas à alimenter les nouveaux produits qui sortent chaque année en masse des usines. Car le recyclage minier nécessite de récupérer de grandes quantités de terminaux pour des rendements limités

Fairphone dubitatif sur cette stratégie

C’est l’une des raisons pour lesquelles le fabricant de smartphones éthiques Fairphone ne partage pas la stratégie d’Apple. Lorsque nous avions évoqué le sujet avec ses équipes ce printemps, la réponse avait fusé avec une pointe d’agacement.

« C’est une illusion de compter sur le recyclage de métaux, parce que nous ne collectons pas assez d’appareils, que sur le total il y a peu de métaux extraits, et qu’il n’y aura pas assez de fournisseurs pour faire face à la demande mondiale qui explose », nous avait déclaré la directrice Impact Innovation Monique Lempers.

Pour Fairphone, le recyclage de métaux pourrait même être contre-productif. Une sorte d’excuse pour ne pas améliorer la chaîne d’approvisionnement.

« Le recyclage de demain provient dès aujourd’hui de la mine », avait insisté Monique Lempers, la directrice Impact Innovation, de Fairphone.

D’où son objectif d’améliorer les conditions de production des métaux miniers en priorité. 

Il faut reconnaître qu’Apple ne reste pas non plus inactif dans ce domaine, en témoigne son dernier rapport annuel sur le Personnel et l’environnement dans sa chaîne d’approvisionnement publié au mois de mai dernier. La marque impose un code de conduite de plus en plus exigeant à ses fournisseurs et partenaires et tente de mesurer son impact au niveau local, quand il s’agit d’extraction minière. Elle a aussi gagné en transparence et met désormais en ligne une fiche sur l’empreinte carbone de chacun de ses produits.

L’association Les Amis de la Terre reconnaissait dans une note critique de 2017 qu’Apple s’était fixé des objectifs plus ambitieux que ses concurrents. Et saluait ses efforts en matière de matériaux recyclés. Mais pour elle, Appel devrait se focaliser avant tout sur l’allongement de la durée de vie de ses produits et leur réparabilité.

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Il faudrait produire moins

Pour devenir un vrai champion environnemental, Apple devrait aussi cesser de décliner toujours plus de produits et arrêter de renouveler ses modèles phares chaque année en l’absence d’avancée technologique majeure. Que ses équipements soient des succès ou non, une fois que leur fabrication est lancée, ils ont déjà contribué au réchauffement climatique, à la destruction des sols et à l’épuisement des ressources.

Or, Apple nous convaincrait presque que l’on fait du bien à la planète en achetant ses produits contenant des métaux recyclés. Car c’est aussi pour lui un argument marketing. Cela ne doit donc pas nous déculpabiliser et nous inciter à consommer davantage. Bien au contraire.

Sources : Apple, les Amis de la Terre

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Amélie CHARNAY