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iFixit a démonté l’iMac Pro et le juge… difficilement réparable

Avec un score de 3/10, l’iMac Pro est moins facile à réparer que l’iMac 5K. Une déception compte tenu des beaux discours d’Apple en matière d’environnement.

Il est beau et performant, mais sa réparation est loin d’être une sinécure. Lui, c’est le nouvel iMac Pro d’Apple actuellement en test à la rédaction de 01net.com et déjà démonté de pied en cap par les équipes du site iFixit.com. Un démontage qui met en lumière aussi bien la nature précise des différents composants électroniques que les difficultés que l’on peut rencontrer pour ouvrir l’appareil et en changer les pièces. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il y a de quoi être un peu déçu : sans être aussi « jetable » que l’iMac 21,5 pouces de 2015 qu’iFixit jugeait « irréparable », le nouvel iMac Pro fait moins bien que l’iMac 5K qu’il supplante en haut de la chaîne : quand ce dernier affichait un médiocre 5/10, l’iMac Pro se prend une note de réparabilité de 3/10. Décevant pour une machine dans laquelle des pros sont prêts à investir jusqu’à 15.000 euros !

Aucun accès rapide à la mémoire

Le prix de la mémoire RAM s’est envolé ces 18 derniers mois – en fait, il a plus que doublé – et si la configuration maximale d’Apple permet d’intégrer jusqu’à 128 Go, il est probable que dans un premier temps on songe partir avec 16 ou 32 Go et faire évoluer la machine plus tard au fil de l’évolution des besoins… et de la baisse espérée de la DDR4. Hélas, comme le soulignent les équipes d’iFixit, la trappe d’accès direct à la mémoire vive de l’iMac 5K a disparu. Dans un souci d’intégration encore plus poussé – et d’un jusqu’au boutisme de design pourrait-on ajouter – l’arrière de l’engin est désormais monobloc et n’est plus agrémenté que de fentes des différentes connexions externes (alimentation, prises USB, etc.) et pour l’extraction de l’air chaud. Il faut donc ôter la dalle LCD pour accéder à l’électronique. Et manque de chance, cela ne suffit pas à accéder à la RAM : il faut aussi retirer la carte mère.

Ouverture totale et extraction de la carte mère

Pour accéder aux composants, il faut donc ouvrir totalement l’appareil en utilisant l’équivalent d’une roulette à pizza. Une opération techniquement simple, mais avec un effet pervers : il faudra remplacer la totalité de l’adhésif pour refermer l’appareil. Des vis auraient été tout aussi simples, mais cela aurait nuit à la vision du design d’Apple…  

Une fois le capot retiré, il faut aussi extraire la carte mère puisque la RAM fait toujours face à l’arrière de la machine. Pour ce faire, il faut d’abord extraire (en dévissant, ouf) le radiateur principal avant de pouvoir passer au dévissage complet de la carte. Ou comment transformer un banal ajout de mémoire vive en opération sensible – les cartes mères n’aiment pas se balader nues et on les comprend.   

Processeur extractible, pas la carte graphique

Les processeurs Intel Xeon intégrés dans toutes les configurations d’iMac Pro sont des modèles personnalisés pour Apple – dans le cas du démontage d’iFixit le Xeon W-2140W serait un W-2145 sous-cadencé pour moins chauffer. La bonne nouvelle, c’est que ce processeur est amovible et qu’à condition de trouver une puce compatible en termes de socket (la « prise » où l’on enfiche le processeur) et de dissipation thermique, le bricoleur pourra  faire évoluer sa machine dans un futur proche (ce qui est une bonne idée quand on investit autant d’argent).

La mauvaise nouvelle : la partie graphique est soudée à la carte mère. C’est doublement dommage, d’une part parce que la carte Radeon Pro Vega 56/64 choisie par Apple est loin d’être aussi performante que les solutions Nvidia, qui sont généralement autant voire plus performantes pour une consommation énergétique égale. Ensuite parce que si les gains de puissance des processeurs entre deux itérations ne sont plus aussi significatifs qu’avant, il n’en va pas de même pour les puces graphique : les gains de performances entre deux générations vont parfois du simple au double. Si cela aura peu d’impact sur les photographes et graphistes 2D, cela touchera un peu les monteurs/étalonneurs vidéos (surtout s’il y a du compositing dans les vidéos), et beaucoup les créatifs 3D comme les modeleurs et animateurs. Ne nous faites pas dire que ce nous n’avons pas dit : la machine d’Apple est super puissante, mais elle aura plus de mal à évoluer avec les besoins futurs.

Disque SSD performant mais exotique

Apple a mis l’accent sur les performances en écriture de son disque SSD en développant une solution exotique basée sur deux modules SSD PCIE NVMe dépourvus de contrôleur mémoire qui sont pilotés, selon les responsables Apple interrogés par 01net.com, par la puce T2. Cette puce qui succède à la T1 des Macbook Pro Touchbar 13 et 15 pouces et qui gère, outre le flux des disques, leur chiffrement, le contrôle du son, de la caméra intégrée, etc.

Si les performances et la sécurité sont excellentes – la puce T2 veille à l’intégrité de la machine et protège vos données – en cas de problème, la réparation sera mal aisée : les modules qui fonctionnent de pair sont soumis à la T2 pour la récupération des données et leur format propriétaire impose, à l’heure actuelle, de passer par Apple pour un changement ou une réparation.

Accès aux composants difficiles et impliquant le changement de tout l’adhésif de maintien de la dalle LCD, disque dur exotique propriétaire au fonctionnement opaque et puce graphique soudée à la carte mère : si l’iMac Pro est sans aucun doute la plus belle station de travail actuelle, elle est la moins facile à réparer et faire évoluer. Espérons qu’il en aille autrement du futur Mac Pro, censé sortir dans le courant de l’année 2018.

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