Passer au contenu

Test : iMac Pro, une puissance colossale… dans un corset contraignant

Le dernier tout-en-un d’Apple est un monstre de puissance qui écrase les générations précédentes de Mac, nos tests le prouvent. Néanmoins, la contrainte du boîtier fin et compact fixe quelques limites à cette avalanche de performances.

Le Mac plus puissant jamais créé est un iMac. La particule Pro est là pour confirmer le sérieux de la chose, au cas où la fiche technique n’aurait pas suffi à vous en assurer. En l’occurrence, l’iMac Pro que nous avons reçu pour test est la configuration qu’Apple semble vouloir mettre le plus en avant.

Elle est équipée d’un processeur Xeon W-2150B à 10 cœurs, cadencés à 3 GHz et capables de monter à 4,5 GHz en mode TurboBoost. C’est cette puce qui offre le meilleur ratio nombre de cœurs/fréquences (normales et TurboBoost) dans celles proposées par Apple. Par ailleurs, ce sont 128 Go de mémoire vive DDR4 ECC qu’embarque cette machine. Avec une telle quantité de mémoire, pas trop de risque d’être à court de RAM.
Enfin, le stockage est assuré par deux modules de 1 To, soit 2 To ultrarapides pour les amoureux des gros fichiers, de la 4K et plus. Si on pose l’addition, en ajoutant le pack qui contient la Magic Mouse 2 et le Magic Trackpad 2, notre iMac Pro de test coûte tout de même… 11 188 euros.

Des performances extraordinaires

Pour mettre les choses en perspective, nous avons décidé de comparer « notre » iMac Pro à l’iMac 27 pouces 5K (Core i5 3,4 GHz quatre coeurs et AMD Radeon Pro 570 – 4 Go de mémoire vidéo), sorti en juin dernier, et au dernier Mac Pro que nous avons testé et sorti en décembre 2013. Il était équipé d’un Xeon E5 3,7 GHz (quatre cœurs) et d’une AMD FirePro D300 (2 Go de mémoire vidéo).

Avant même de lancer le premier test, on se rend bien compte du fossé qui séparent ces trois machines, au moins du niveau de la fiche technique. Pour commencer, Geekbench.

  • Geekbench

On note que la différence « mono core » est significative. L’iMac Pro est 1,35 fois plus performant que le Mac Pro. L’affaire est entendue. Mais ce n’est qu’un début. Quand on se tourne vers le score qui prend en compte la puissance multicoeur, l’iMac Pro prend évidemment le large. Non seulement le processeur est d’une génération plus récente, mais il embarque 10 cœurs physiques, ce qui lui permet d’afficher un score x2,85 supérieur à celui du Mac Pro et x3,16 à celui de l’iMac 2017 que nous avons testé.

Le bond en avant laisse songeur, même si les quatre années qui séparent l’iMac Pro du dernier Mac Pro expliquent beaucoup de choses. En revanche, la belle différence avec l’iMac 2017 (qui n’est pas le modèle le plus puissant proposé, il faut le dire) montre bien que ce modèle pro à des arguments sous le capot pour mériter son titre.

  • Cinebench

Pour être plus spécifique dans les résultats et prendre la mesure de la puissance du processeur de l’iMac Pro, nous avons exécuté Cinebench, logiciel de rendu 3D qui sollicite le CPU et qui confirme la suprématie écrasante du nouveau tout en un d’Apple. Il est en moyenne 2,9 fois plus performant que ses deux concurrents qui faisaient presque jeu égal.

Le Xeon W-2150B est donc bel et bien un monstre dont la montée en fréquence en mode TurboBoost est impressionnante et apporte un réel surplus de puissance.

  • Final Cut Pro / Photoshop

Délaissons les outils de bench purs et durs pour voir ce que l’iMac Pro peut faire quand on le sollicite dans le cadre d’applications professionnelles. En l’occurrence, Final Cut Pro et Photoshop. Avec le premier logiciel, nous appliquons entre autres des corrections de colorimétrie à un fichier vidéo 4K, puis sollicitons Compressor. Là où le Mac Pro 2013 obtenait un score de 20,87 pour l’exécution de cet ensemble de tâches, l’iMac 5K atteignait 31,31 points. Mais sans grande surprise l’iMac Pro fait bien mieux. Il s’est vu accorder 45,22 points sans que son ventilateur ne se soit fait entendre, alors que processeur et carte graphique étaient sollicités. Il est également intéressant de préciser que processeur et GPU ont assuré la charge sans réellement chauffer (un maximum de 75°C a été atteint par le Xeon W, selon l’application Intel Power Gadget).
Dans Photoshop, le test en question consiste à appliquer une série de filtres préétablis sur une image lourde. C’est en l’occurrence essentiellement le CPU et la mémoire qui sont sollicités. Cela explique en grande partie la plus faible différence de score entre les trois machines, même si l’iMac Pro est tout de même 20% plus performant en l’espèce. Il faut également noter, et nous l’avons constaté avec d’autres applications de la Creative Suite d’Adobe, que ces logiciels pourraient peut-être encore gagner en optimisation pour mieux tirer parti de la puissance de l’iMac Pro.

01net.com – After Effects se montre particulièrement rapide pour des rendus un peu complexe sans saturer pour autant le CPU.

After Effects et la puissance graphique

Nous avons également réalisé un petit test de performances dans After Effects avec une séquence d’environ trente secondes aux éléments assez complexes et variés à rendre. On sent là bien la puissance du Xeon W et de ses dix coeurs. Là où l’iMac 5K de juin dernier bouclait l’exercice en 7 minutes et 36 secondes, l’iMac Pro clôt le même travail en… 4 minutes et 32 secondes. Le gain est d’autant plus impressionnant que le processeur n’était mobilisé qu’à 60% environ contre plus de 90% pour l’iMac 5K.

Enfin, même si l’iMac Pro n’est clairement pas une machine destinée aux jeux (et un joueur aurait bien mauvais temps d’investir dans cette machine), nous avons utilisé Unigine Heaven pour prendre la température des performances graphiques.

Sans être un monstre aussi performant qu’une GeForce GTX 1080, la Radeon Pro Vega 64 affiche un nombre d’images par seconde très confortable. En fixant la configuration à Extreme (en 1600×900 pixels), ce sont 76 images par seconde qui sont produites par l’iMac Pro, contre 35,5 pour l’iMac de juin 2017. Quand on passe à définition Full HD, ce sont 58,6 images/seconde qu’on relève pour l’iMac Pro et seulement 27,7 pour son aîné.

Pour se donner une idée, en lançant Tomb Raider avec une définition fixée à 2560×1440 pixels et les détails élevés, ce sont pas moins de 102,4 images par secondes que crachent la Radeon Pro Vega 64.
 

La carte d’AMD propose donc assez de puissance pour ne pas avoir à envisager rapidement d’adopter des processeurs graphiques externes. Néanmoins, nous avons noté que quand la carte graphique est largement sollicitée, la ventilation à se faire un peu plus audible, sans être trop bruyante… Nous avons donc voulu nous assurer que la configuration n’était pas bridée pour éviter de trop chauffer et donc de trop solliciter les ventilateurs. D’autant que le facteur de forme tout-en-un est très contraignant sur ce point.

Tout-en-un, une médaille…

Depuis plusieurs générations, les iMac séduisent des professionnels en matérialisant l’union presque parfaite -et très contre-nature- de la puissance et d’un boîtier fin et design. Avec l’iMac Pro, Apple va encore plus loin en voulant fusionner le meilleur de deux mondes, celui du design compact des tout-en-un et celui des grosses stations de travail ultra-puissantes. Comment réussir ce tour de force quand on sait que les iMac précédents ventilaient parfois bruyamment quand on les sollicitait trop ?

…et son revers

Car au-delà de la question de l’évolutivité de l’iMac Pro au fil du temps, se pose la question de la gestion thermique dans un boîtier qui reste identique à celui des iMac précédents. Certes, les designers d’Apple ont ajouté deux fentes et une grille pour augmenter la circulation de l’air et faciliter la dissipation de la chaleur des différents composants. Certes, les ingénieurs de la firme de Cupertino affirment avoir mis au point un nouveau système d’évacuation de chaleur avec des caloducs et des ventilateurs très performants.

Au point que l’iMac Pro est donné pour être capable de gérer une enveloppe thermique de 500 W. C’est 67% de plus que sur les iMac 27 pouces classiques, avance la firme de Cupertino. Le chiffre peut paraître impressionnant, mais est-ce suffisant face à un processeur Xeon et ses dix cœurs ainsi qu’une carte AMD dont la famille a la réputation d’être assez gourmande ?

Difficile à dire dans un premier temps car les données techniques exactes manquent. Le Xeon W-2150B qui prend place dans l’iMac Pro ne figure pas (encore) dans le catalogue d’Intel. En revanche, on trouve la version W-2155 – dont il est doit être dérivé – qui propose une fréquence de 3,3, GHz de base, contre 3 GHz, pour un même TurboBoost maximal (4,5 GHz). Il est censé consommer jusqu’à 140 W.

La Radeon RX Vega 64, pendant « grand public » et non customisé de la Pro Vega 64, est donnée par son fabricant pour consommer 295 W de base – la consommation énergétique pouvant être revue à la hausse en fonction de certaines options/réglages hors overclocking. La version embarquée dans l’iMac Pro semble pensée pour être plus économe en énergie. Même si, à en croire le logiciel FurMark, la fréquence de base est fixée à 1350 MHz pour la puce graphique. Il s’agit donc là d’un entre-deux entre la fréquence de base et la fréquence boostée de la RX Vega : 1247 et 1546 MHz. En revanche, la bande passante mémoire qui peut être génératrice de consommation est inférieure sur la carte de l’iMac Pro : 402,4 Go/s contre 484 Go/s sur la RX Vega.

01net.com – La grille de ventilation de l’iMac Pro situé derrière son pied.

Réduire les gaz pour ne pas trop chauffer

En se référant aux données connues et a priori proches, il semble donc que cette manne de 500 W soit suffisante. Ces deux gros postes de consommation de puissance électrique (hors écran) tiennent en théorie – même si nous avons enregistré une consommation maximale de 545 W. Qu’en est-il dans les faits ? En plus de partir avec des composants légèrement sous-cadencés, l’iMac Pro est-il obligé de brider leurs performances en cours d’utilisation pour éviter que le ventilateur souffle trop fort ou que l’ordinateur soit à bout de souffle ?

Au vu de nos tests, la réponse est claire : oui. Sous macOS, nous avons fait appel à Cinebench R15 et lancé le test qui sollicite le plus le processeur. Le score obtenu est de 2025 et se maintient si on l’exécute à plusieurs reprises en laissant quelques secondes/minutes s’écouler entre chaque run. En revanche, si on commence à lancer le test plusieurs fois d’affilée, on constate une dégradation du score. Au bout de quatre exécutions enchaînées, il n’est plus qu’à 1850. Une tendance qui continue si on insiste. Pourquoi ?

Quand on lance le logiciel Power Gadget d’Intel, qui permet de surveiller la fréquence et la température du processeur, on constate alors une baisse par palier de la vitesse d’horloge du CPU au fur et à mesure que la température dépasser les 85°C. L’effet se fait plus fort quand on arrive entre 90 et 95°C. On part ainsi d’un 4,1 GHz (environ) et descend rapidement jusqu’à atteindre 3 GHz, et parfois un peu moins. Autrement dit, on passe de la vitesse tout à fait acceptable du TurboBoost quand plus d’un cœur est en charge jusqu’à la vitesse de base du processeur.

On constate le même effet avec d’autres applications un peu gourmandes en ressources processeur. Le CPU est bridé et le ventilateur souffle à peine.

Quand on utilise des outils, type OCCT ou FurMark sous Windows, pour surcharger le processeur central et le processeur graphique, on constate que les ventilateurs ne font pas beaucoup plus de bruit, en revanche les performances sont vite revues à la baisse pour les deux composants. Le CPU se retrouve à 3 GHz – adieu le TurboBoost – tandis que la fréquence de la puce graphique s’effondre passant de 1350 MHz au départ en dessous des 500 MHz, avec une charge bridée à seulement 15%, comme si les deux composants ne pouvaient pas donner leur plein potentiel en même temps.

Enfin, dernier cas de figure, quand le logiciel utilisé sollicite essentiellement le GPU. La carte se retrouve rapidement à tourner à environ 1200 MHz, avec quelques petites baisses ponctuelles. En revanche, dans ce cas, le ventilateur tourne « bruyamment », environ 40 dB, contre seulement 30,5 dB en temps normal.

Le choix du silence ?

En définitive, ces observations laissent à penser qu’Apple semble avoir privilégié le silence aux performances brutes. Plutôt que de faire tourner ses ventilateurs trop forts, la machine limite ses composants pour éviter une montée en température trop forte, que ce soit sous macOS et Windows.

Néanmoins, une fois qu’on a insisté sur ce point qui pourrait poser problème dans certains cas d’utilisation intensive, il faut malgré tout indiquer que l’iMac Pro offre des performances de premier ordre.

De fait, ses limites ne semblent pas être celles de sa configuration mais plutôt celles de son facteur de forme, celles du tout-en-un. Ceux qui veulent se débarrasser de ces limites devront attendre le Mac Pro modulaire qui devrait arriver cette année. Ceux pour qui le confort d’une machine toute intégrée avec une dalle 5K de grande qualité pèse davantage auront certainement trouvé leur bonheur.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Pierre FONTAINE