Passer au contenu

i-mode, ou le succès d’un service distant made in Japan

Les services i-mode, lancés par l’opérateur mobile DoCoMo au Japon, connaissent un succès phénoménal n Leur élaboration repose sur une approche technique et commerciale différente de celle du WAP.

Treize millions de Japonais abonnés à i-mode, le service de l’opérateur de téléphonie mobile NTT DoCoMo (voir infographie) consultent des données depuis leurs téléphones mobiles. En France, 50 000 personnes utilisent pour l’heure les services WAP (Wireless Application Protocol). Les opérateurs s’en remettent aux futurs accès à haut débit promis par les protocoles GPRS (débit théorique maximal 114 kbit/s), puis UMTS (débit théorique maximal 2 Mbit/s) pour accro”tre ce nombre. À la différence du WAP, standard ouvert adopté par plus de 500 entreprises adhérentes au WAP Forum, i-mode est une technologie propriétaire. Elle utilise une transmission numérique sans fil de type PDC (Personal Digital Communication) d’un débit de 9,6 kbit/s, semblable à celui atteint en théorie par le GSM. Mais, comme l’explique Abro Karaoghlanian, consultant au cabinet CSC Peat Marwick, “i-mode possède une avance technique sur le WAP, car il utilise la transmission par paquets”. i-mode établit de ce fait une connexion instantanée, alors qu’il faut vingt secondes pour accéder aux services WAP. Le choix par l’opérateur DoCoMo du langage cHTML (pour Compact HTML), un dérivé allégé du langage HTML, a été un élément du succès du développement de i-mode : tout contenu peut être édité à partir d’un simple éditeur HTML. De plus, l’interface i-mode donne accès aux pages web HTML, à condition qu’elles ne contiennent ni script, ni applet Java, ni animation Flash. Le marketing a aussi été déterminant pour le succès de i-mode. À l’opposé du WAP, i-mode s’est développé indépendamment du web : “DoCoMo n’a jamais vendu i-mode comme de l’Internet mobile”, rapporte Abro Karaoghlanian. i-mode remporte un vaste succès commercial avec des contenus ciblés. Les services les plus utilisés sont le téléchargement de sonnerie d’appel, de jeux, d’animations, et la messagerie. L’engoue- ment pour les services offerts, souvent ludiques (75 % des utilisateurs sont des jeunes de moins de 25 ans), révèle un phénomène culturel comparable à celui provoqué par le jouet Tamagochi, plus difficile à vendre en Europe.

Plus de 600 partenaires officiels

DoCoMo a su aussi ouvrir un portail dès le début et fidéliser 600 partenaires qui fournissent le contenu officiel. Leurs services sont accessibles sur abonnement à partir du menu d’entrée. Bien sûr, ceux-ci facturent leurs services à l’utilisateur, mais c’est DoCoMo qui gère tout : l’abonnement aux services figure sur la facture payée par les utilisateurs à DoCoMo, qui se rémunère au passage selon ses contrats avec les partenaires. De toute façon, l’opérateur gagne de l’argent sur la transmission des données : chaque paquet (128 octets) envoyé et reçu coûte à l’abonné 2 centimes environ. Plusieurs fois par semaine, les abonnés téléchargent des images d’environ 1 Ko, soit un coût de 16 centimes. Pour DoCoMo, les petits ruisseaux font les grandes rivières. L’abonnement à chaque service est facturé entre 1 et 3 e par mois. D’après l’opérateur, chaque abonné lui rapporte en moyenne 100 e (656 F) par mois en trafic voix et 30 e (197 F) en trafic données. Performante pour les applications grand public, la technologie i-mode se révèle toutefois peu adaptée aux applications professionnelles, les échanges de données n’étant pas sécurisés. Une sécurité offerte en revanche par le WAP grâce au cryptage et à la possibilité d’authentification apportée par la couche WTLS (Wireless Transport Layer Security).

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


La rédaction