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Géolocalisation : quels services pour quel besoins ?

Quels services utiles au bout du chemin ? Opérateurs télécoms mobiles, industriels et fournisseurs de données y croient. Mais les rares solutions actuelles restent confinées aux professionnelles.

Seule, l’information sur la position géographique ne vaut rien ; il lui faut être associée à un service. C’est à ce prix que la géolocalisation réussira à percer. L’offre technique ?” par GPS (Global Positioning System) ou par cellule de téléphonie mobile GSM (Global System for Mobile Communication) ?” existe.L’offre commerciale, baptisée LBS (Location Based Services) ou service mobile de géolocalisation (SMG) en français, est reconnue. Mais, depuis un téléphone mobile, un assistant personnel ou un terminal dédié, trouver un itinéraire, situer un lieu ou identifier les commerces environnants, en autres, relève encore d’un exercice coûteux.Ce que Louis Schweitzer, président de Renault, résume dans une formule choc : “La puissance de calcul explose, certes, mais l’e-véhicule se traîne. Les produits ont été initialisés par la disponibilité technologique, mais il n’y a pas de demande client, car c’est trop cher !” Il sait de quoi il parle, puisque le constructeur automobile innovait, dès 1995, en commercialisant son système Carminat de géolocalisation et de navigation routière embarqué.

Les opérateurs de mobiles premiers à s’engager

La vision trop idyllique des experts ne rassure personne. Selon Mori/Demoscopie, 41 % des possesseurs de téléphone mobile seraient disposés à payer entre10 et 60 francs pour ces services. Et 44 % des personnes interrogées seraient même prêtes à changer d’opérateur pour en bénéficier. Selon Ovum, le marché global s’élèvera en France à 73 millions d’euros dès 2002, dont 47 millions pour les seuls opérateurs. Et il pourrait même atteindre 759 millions d’euros en 2005.Si ces chiffres se confirmaient, ce serait pain bénit après les déboires du WAP et les inquiétudes autour de l’UMTS. Voilà pourquoi les investissements se font à pas comptés dans les offres de services géolocalisés. Premiers à débarquer, les opérateurs télécoms mobiles ?” Orange, SFR ou Bouygues Telecom ?” sont poussés par une myriade de partenaires : consultants, constructeurs, SSII, éditeurs, fournisseurs de contenu et de services. D’autant qu’ils seront contraints, sous peu, à l’obligation légale de fournir en temps réel aux services d’urgence la localisation des abonnés ayant demandé du secours.Mais la géolocalisation par GPS, initiée au début des années quatre-vingt-dix, peine à convaincre. Des expériences de gestion de flotte de véhicules (transporteurs ou compagnie d’autobus), de suivi cartographique agricole (gestion des machines, suivi des moissons) ou de travaux publics (autoroutes, grands projets) sont cités en exemples, mais ils ne font pas encore vraiment école. Problème de coût.Le système d’information à mettre en ?”uvre est, en effet, assez complexe, reconnaît Christophe Tourret, ingénieur chez Esri. “Pour suivre ses véhicules, un transporteur routier doit doter chacun d’eux d’un GPS connecté à un GSM, qui enverra un message court via SMS ou un satellite Inmarsat, ou encore un opérateur radio VHF. Les données de positionnement seront reprises en central en temps réel pour être traitées cartographiquement sur un fond de carte avec un affichage et des traitements via un système d’information géographique.”Bien sûr, le prix d’une puce GPS devrait baisser à moins de 13 francs d’ici à 2004, contre 1 300 francs actuellement. Mais, aujourd’hui, c’est toute l’infrastructure informatique de gestion et d’affichage des données qui est chère. Commercialisé entre 6 000 et 12 000 francs, le système Carminat de Renault utilise en complément une centrale gyroscopique et un odomètre.Plus légère, la géolocalisation par téléphone mobile serait plus prometteuse. Ici, chaque opérateur est maître de la technique utilisée. En juin 2001, Orange a lancé son portail WAP, qui inclut plusieurs services de géolocalisation utilisant le Cell-ID. La recherche de restaurants, hôtels, cinémas, stations- service ou parkings est possible dans un rayon de cinq kilomètres. Après l’acceptation du client d’être géolocalisé, ses coordonnées sont transmises à un partenaire, qui délivre l’information. Mais beaucoup de ces services restent basiques. Utilisant l’annuaire téléphonique inversé, ils ne délivrent qu’une simple adresse.

Des bornes d’information à la norme Bluetooth

SFR et Bouygues Telecom attendent encore pour investir le marché. Le premier a choisi la technologie du Cell ID et teste un dispositif de navigation routière avec Webraska. Le second expérimente un système de triangulation plus complexe à mettre en ?”uvre. Un dernier système, fonctionnant sur la mesure du temps de parcours des ondes (TOA ou Time of Advance), a, pour l’instant, été écarté par tous les opérateurs pour des raisons de coût.Plus marginale, une dernière technique consiste à mettre en ?”uvre des portails de proximité en ins-tallant des bornes d’information dans des lieux publics (aéroports, métro, rues passantes). La RATP réfléchit à doter ses stations de tels émetteurs utilisant la norme Bluetooth, accessibles à des mobiles de type assistant personnel ou GSM. La technologie est au point, mais les services tardent. Les fournisseurs de contenu, sur lesquels repose l’enjeu commercial des LBS, reculent devant le prix du formatage géographique de leurs données. Reste les grandes enseignes, les bureaux de poste ou les banques, qui tardent encore à investir dans de tels projets.

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Hubert d'Erceville