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Facebook mise sur les talents européens pour créer son metaverse

Le réseau social veut créer 10 000 emplois hautement qualifiés d’ici à cinq ans dans l’Union européenne, à commencer par des ingénieurs, des chercheurs et des développeurs.

Le « metaverse » — ou « métavers » en bon français — n’existe pas encore, mais il pourrait déjà créer des emplois. Facebook prévoit ainsi d’embaucher 10 000 personnes d’ici à cinq ans dans l’Union européenne pour travailler sur ce monde parallèle numérique qui est le nouveau Graal de Mark Zuckerberg, le fondateur et patron du géant américain des réseaux sociaux. « Cet investissement est un vote de confiance dans la force de l’industrie technologique européenne et le potentiel des talents technologiques européens » ont indiqué dans un article de blog le britannique Nick Clegg et l’espagnol Javier Olivan, deux des plus hauts responsables du groupe, qui compte aujourd’hui plus de 63 000 salariés.

Aucun détail n’est donné sur les pays où seront localisés les futurs emplois, ni sur les types d’emplois concernés. « On va faire la répartition dans les prochaines semaines, je n’ai pas encore le chiffre pour notre pays, a expliqué Laurent Solly, vice-président Facebook en charge de l’Europe du Sud et PDG de Facebook France, sur France Info. On va recruter des ingénieurs, certainement des chercheurs, des développeurs, des product managers qui vont participer à créer ce metaverse, cet environnement virtuel où nous pourrons tous avoir des actions, des interactions sociales, des activités comme presque dans la vraie vie dans notre vie physique. »

Grâce, notamment, à la réalité virtuelle et augmentée, cet « internet de demain » — comme dit M. Solly — devrait permettre de démultiplier les interactions humaines, en les libérant des contraintes physiques, via internet. Il pourrait par exemple offrir la possibilité de danser dans une boîte de nuit avec des personnes situées à des milliers de kilomètres, mais aussi d’acheter ou de vendre des biens ou services numériques, dont beaucoup restent encore à inventer.

« La qualité essentielle du metaverse sera la présence — le sentiment de vraiment être là avec les gens », expliquait Mark Zuckerberg en juillet sur son profil Facebook. Il ne s’agit pas simplement de créer « une nouvelle expérience formidable », mais aussi « une vague économique qui pourrait créer des opportunités pour les gens dans le monde entier », avait-il également expliqué dans une interview vidéo lors du salon Vivatech en juin. Comme Rome, ce metaverse ne pourra pas être construit en un jour. La firme américaine estime qu’il faudra entre 10 et 15 ans pour y parvenir.

L’annonce de Facebook survient dans un contexte tendu pour l’entreprise californienne, qui a besoin de redorer son blason alors qu’elle est régulièrement accusée d’ignorer les impacts sociaux négatifs de ses activités. La dernière salve est venue début octobre de la lanceuse d’alerte Frances Haugen, une ancienne employée de Facebook, qui accuse le groupe américain de pousser les adolescents à utiliser toujours plus ses plates-formes, au risque de provoquer une addiction.

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Dans leur message, Nick Clegg et Javier Olivan rendent un hommage appuyé au rôle joué par l’Europe dans la régulation contre les excès d’internet. « Les décideurs européens ouvrent la voie en aidant à intégrer les valeurs européennes telles que la liberté d’expression, la vie privée, la transparence et les droits des individus dans le fonctionnement quotidien d’internet », soulignent-ils. L’Europe « a un rôle important à jouer dans l’élaboration des nouvelles règles d’internet », soulignent-ils.

Ils répètent par ailleurs que Facebook ne cherche pas avec le metaverse à construire un nouvel univers fermé, à l’image de son réseau social. « Aucune entreprise ne possédera ni n’exploitera le métavers », affirment-ils. « Comme Internet, sa caractéristique principale sera son ouverture et son interopérabilité. Pour lui donner vie, la collaboration et la coopération seront nécessaires entre les entreprises, les développeurs, les créateurs et les décideurs politiques », estiment-ils.

Epic Games s’intéresse aussi au sujet

Facebook est déjà l’un des leaders mondiaux de la réalité virtuelle avec son casque Oculus, issu de l’entreprise du même nom rachetée en 2014 pour 2 milliards de dollars.  En septembre, Facebook a annoncé qu’il avait nommé au poste de directeur technologique Andrew Bosworth, dirigeant de Facebook Reality Labs et à ce titre un de ses spécialistes du metaverse.

Le géant américain n’est pas le seul à parier sur ce monde virtuel. Epic Games, l’entreprise derrière Fortnite, a indiqué qu’une partie du milliard de dollars levés cette année auprès d’investisseurs institutionnels, dont Sony, serait consacrée au metaverse. Sur Decentraland, une plate-forme en ligne considérée comme l’un des précurseurs du metaverse, il est désormais possible de décrocher un job de croupier dans un casino virtuel. Il faut également citer Second Life, un univers virtuel 3D qui avait fait le buzz à la fin des années 2000, avant de tomber dans l’oubli général. Toutefois, il paraît qu’il y a toujours quelques utilisateurs qui s’y baladent…

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Gilbert Kallenborn, avec AFP