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Procès Fortnite : première passe d’armes entre Apple et Epic Games

Le procès qui oppose Epic Games au géant des technologies a débuté hier. Chacun a déroulé ses arguments… sans ménagement pour son rival. 

Le procès Epic Games contre Apple vient de s’ouvrir. Et a commencé tout de suite avec des citations bien senties. « Epic voudrait que nous soyons Android, mais nous ne voulons pas l’être. Et nos consommateurs ne le souhaitent pas non plus. Ils veulent avoir le choix », a lancé à l’ouverture de la procédure l’avocate d’Apple Karen Dunn.

Lors des déclarations liminaires de cette première journée, chacun a déroulé ses arguments. Pour rappel, Epic Games a tenté de contourner la commission de 30 % d’Apple et de proposer son propre moyen de paiement aux utilisateurs d’iOS. Ce qui a conduit Apple à retirer le jeu Fortnite de son magasin d’applications. 

Apple : garantir « la sécurité des utilisateurs »

Apple défend toujours le même discours : ses règles seraient conçues pour garantir la qualité et la sécurité des applications. D’après lui, iOS ne représenterait que 2% des infections par des logiciels malveillants. Si Epic gagnait, cela rendrait iOS moins sécurisé.

Par ailleurs, ce fonctionnement aurait contribué à créer un écosystème dynamique qui profite aux développeurs, avec plus de 1,8 million d’applications dans l’App Store.  Apple a souligné qu’Epic avait gagné 750 millions de dollars sur l’App Store. Il l’accuse de mener ce combat uniquement pour une question d’argent et afin d’utiliser ses technologies sans payer.

Apple a également affirmé que ses utilisateurs ne se contentent pas de jouer sur iOS et qu’ils peuvent passer facilement à Android, la Xbox ou la PlayStation et ne sont, de fait, pas enfermés dans son écosystème.

Pour Epic Games, la sécurité est un prétexte pour créer un « jardin clôturé »

À l’inverse, Epic Games a fait valoir que la politique d’Apple sur l’App Store était anticoncurrentielle et que ce souci de sécurité n’était qu’un prétexte pour exclure des concurrents réclamant un mécanisme de paiement direct. L’entreprise a notamment fait valoir qu’iOS est largement basé sur macOS, qui ne dispose pas des mêmes verrous que son OS mobile (store unique, obligation de passer par les systèmes de paiements Apple…)

Or Apple considère pourtant macOS comme un OS très sécurisé. Epic Games veut ainsi montrer que les verrous qu’Apple a intégrés à iOS ne le sont pas pour des raisons de sécurité, mais pour rendre ses utilisateurs captifs et les dissuader de passer à Android ou à d’autres plates-formes.

C’est ce qu’Epic Games appelle « un jardin clôturé ». Dans leur présentation, les avocats de la société ont cité de nombreux documents internes d’Apple. L’un d’eux, qui remonte à 2013, s’interroge sur le risque d’inciter les utilisateurs à switcher en lançant une version Android de la messagerie iMessage. Ce qu’Apple n’a jamais fait. Dans un autre, Eddy Cue écrit qu’ « inciter les clients à utiliser nos magasins (iTunes, App Store et iBookstore) est l’une des meilleures choses que nous pouvons faire pour rendre les gens accros à notre écosystème. […] Qui quitterait les produits Apple après avoir acheté des applis, de la musique, des films, etc ! » 

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Epic a également largement critiqué le processus d’approbation des applications d’Apple, qui ne protègerait pas si bien que cela les utilisateurs : d’après des documents produits au procès, de nombreuses applications contestables seraient déjà passées entre les mailles du filet. On peut notamment lire un e-mail plutôt violent de Philip Schiller, qui en 2012 se plaint de voir une vulgaire copie du jeu Temple Run, très populaire à l’époque, en tête des téléchargements sur l’App Store. 

Les avocats d’Epic ont souligné enfin que l’App Store d’Apple génère d’importants bénéfices, avec des marges d’exploitation de 78% en 2019 et de 75% en 2018. Cette question de la rentabilité de l’App Store d’Apple sera aussi un point central de l’argumentaire d’Epic Games.

Source : CNBC

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Amélie CHARNAY