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Euralba-France Télécom à la conquête de l’e-business

Devenir les architectes du système d’information, tel est l’objectif de la nouvelle filiale de l’opérateur français. Un positionnement très ambitieux qui, semble-t-il, n’inquiète pas les SSII spécialisées dans ce secteur d’activité.

En créant Euralba, France Télécom s’invite à dîner à la table des SSII spécialisées dans le domaine de l’e-business. A en juger par l’éventail des prestations proposées, son appétit est gargantuesque : catalogues en ligne, portails, sites Internet et extranet, Web services, datamining, EAI, middleware, serveurs d’applications…Plus modestement, la nouvelle filiale de France Télécom R&D se présente comme une SSII dédiée au conseil en architecture de système d’information. Euralba se donne pour mission d’aider ses clients à concevoir les architectures techniques et fonctionnelles de leur informatique.Pour cela, elle décline une offre pluridisciplinaire, couvrant aussi bien les services d’audit, l’ingénierie système, le développement de solutions que l’intégration de progiciels. En d’autres termes, Euralba veut s’instaurer comme l’intermédiaire de référence des grandes entreprises et des PME.

Une activité qui a déjà tenté BT et Deutsche Telekom

Sur le papier, le projet est ambitieux, le duo Euralba-France Télécom tente de réussir ce que British Telecommunications et Deutsche Telekom ont déjà réalisé avec respectivement Syntegra et T-Systems. Si Syntegra est une SSII telle que se voudrait Euralba, T-Systems a dû se contenter de viser les marchés de la sécurité et des réseaux d’entreprise.Autre différence, lorsque l’on regarde le logo de Syntegra, rien ne rappelle BT, alors qu’Euralba marque clairement son appartenance à France Télécom, au risque d’être identifiée comme une pure entreprise de télécommunications. Mais il s’agit là, probablement, d’une volonté de l’opérateur.En effet, Euralba est une continuation toute naturelle de France Télécom et s’inscrit dans une stratégie logique d’expansion du groupe. L’objectif, même s’il n’est pas avoué, est de fournir des services complémentaires pour, d’une part, générer du chiffre d’affaires et, d’autre part, de fidéliser ses clients existants.En couvrant l’ensemble des besoins, c’est-à-dire télécoms, sécurisation, hébergement et applicatifs, France Télécom retient (certains diront ” enchaîne “) sa clientèle dans sa nasse. Euralba s’inscrit dans une politique de mise en place d’offres spécifiques à chaque client à même de soutenir les métiers de base de l’opérateur.

Euralba a-t-elle les moyens de ses ambitions ?

” Avec cette man?”uvre, France Télécom va s’assurer la fidélité de sa clientèle actuelle issue des télécoms et de l’hébergement “, explique Nicolas Beaumont, directeur marketing et développement de Homsys, une SSII accompagnant les entreprises dans ” leurs innovations et la valorisation de leurs informations à des fins de productivité et de compétitivité “.De fait, Euralba est un partenaire privilégié de France Télécom e-Business et de la branche Entreprise. Les clients sont donc tout trouvés, comme le précise la présentation de la société : “Euralba propose ses compétences pour concevoir les plates-formes de commerce électronique hébergées par France Télécom… Euralba propose également ses compétences aux clients finaux de la branche Entreprise de manière à faciliter l’intégration de leur système d’information aux systèmes hébergés par France Télécom…”Euralba pourra donc facilement réaliser ses objectifs de 10 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici à trois ans. “Ce sera d’autant plus facile qu’Euralba dispose implicitement des quelque 800 commerciaux de l’opérateur. Une puissance de frappe que personne ne peut s’offrir en France”, poursuit Nicolas Beaumont de Homsys. Dès lors, une question se pose, les autres SSII ont-elles à craindre ce débarquement ?

Euralba empiète sur l’activité des partenaires habituels de France Télécom

Interrogés, certains acteurs de ce secteur d’activité préfèrent s’abstenir de tout commentaire quant à la naissance d’Euralba. Et de lancer une tirade on ne peut plus claire : “Nous travaillons tous avec France Télécom. L’opérateur est l’un des principaux acheteurs de prestations de services dans l’Hexagone. Avec un tel volume d’affaires, impossible d’être réellement objectif. Toutefois, même si Euralba empiète sur le territoire de quelques-uns, elle ne pourra pas satisfaire toutes les demandes issues des clients de France Télécom. Nous n’avons donc rien à craindre.”Ils rappellent également que le marché du conseil représentait, en France, des recettes d’environ 1,318 milliard d’euros et que France Télécom disposait déjà d’un organe interne baptisé Expertel, lui aussi spécialisé dans le conseil en choix techniques.Enfin, s’ils ne doutent pas de la capacité d’Euralba à réaliser des catalogues en ligne, des portails, des sites Internet et extranet, des Web services et du datamining, ils restent plus circonspects quant à la mise en ?”uvre des couches d’architecture.” On assiste à une banalisation des offres e-business de base. Toutefois, offrir une réelle expertise dans le middleware ?” l’EAI et les serveurs d’applications tels que WebSphere, d’IBM, ou WebLogic, de BEA Systems ?” requiert des compétences qui ne sont pas courantes, souligne Nicolas Beaumont, de Homsys. Euralba va surtout déstabiliser un peu plus les agences Web comme Himalaya, Fi System ou Integra. Celles ayant une offre d’hébergement seront les plus affectées à terme. “

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Augustin Garcia