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Duel Fnac-Amazon : qui va s’imposer ?

Les présidents des deux libraires en ligne leaders en France répondent aux questions de 01net.

Au pays de Molière, la vente de produits culturels sur Internet reste un marché en plein essor. La Fnac, leader de la distribution physique, estime que son modèle mixte lui donne l’avantage dans la course qui l’oppose à Amazon.De son côté, l’américain compte sur sa notoriété internationale pour séduire le public francophone.Jean-Christophe Hermann, PDG de Fnac.com, et Thomas Lot, vice-président d’Amazon.com, ont accepté de répondre séparemment à nos questions. Peu de chiffres, beaucoup de bluff, mais à la clef un marché qui pèsera plusieurs centaines de millions d’euros.
01net. : Comment vous positionnez-vous par rapport à vos concurrents ?
Jean-Christophe Hermann : Depuis le début de l’année 2001, nous avons amplifié notre stratégie “clic et magasin” en unifiant l’ensemble de notre offre en magasin sur le site. En termes d’attente client et de satisfaction, nous avons fait le bon choix. Nous sommes persuadés que nous avons le modèle le plus performant sur Internet. A tel point que je me demande toujours pourquoi nous sommes les seuls sur ce créneau.Thomas Lot : Aujourd’hui, Amazon est le premier vendeur et le premier catalogue sur Internet dans le monde. Donc, dans ce domaine, je pense qu’ Amazon est LA référence. Selon MMXI, pour le mois de février, Amazon.fr est de loin le premier site en France en terme de fréquentation…Jean-Christophe Hermann
: Concernant l’audience, le site de la Fnac recense entre 1 et 1,2 million de visiteurs uniques par mois, selon NetRatings. Mais l’institut ne prend pas en compte les connexions provenant d’entreprises et celles de l’étranger. En interne, nous évaluons notre audience réelle à 2 millions de visiteurs uniques par mois. Je ne préfère pas commenter l’audience d’Amazon.fr…Quels résultats en retirez-vous ?Jean-Christophe Hermann
: L’année 2001 a été un excellent cru. Le groupe Fnac (dont sa filiale Eveil et Jeux) a réalisé 40 millions d’euros de chiffre d’affaires sur Internet, contre 20 millions l’année précédente. Nous ne révélons pas le détail des résultats du seul site de la Fnac, mais il représente bien évidemment la majeure partie de ce montant. En outre, nous générons aussi du chiffre d’affaires dans les magasins du groupe que nous ne pouvons comptabiliser.Thomas Lot
: Nous ne communiquons pas sur les résultats de la filiale française.Qu’en est-il des paniers moyens et du taux de conversion ?Jean-Christophe Hermann : Tout ce que je peux dire, c’est que le panier moyen des produits culturels est de 48 euros TTC, frais de livraisons compris, et que celui des produits technologiques est de 450 euros. Si l’on se base sur une audience de 1 million de visiteurs uniques par mois, notre taux de conversion sur le site est de 7 à 8 %.Thomas Lot : Nous ne sommes pas très bavards sur ce sujet là, car cela intéresse surtout nos concurrents. Or nous travaillons plus pour les consommateurs que pour nos concurrents. Par contre, ce qui est important c’est que pour tout panier supérieur à 25 euros nous livrons gratuitement. Il s’agit d’un gros effort de la part d’Amazon. Quelque chose qui va dans le bon sens et qui tend à montrer comment au fur et à mesure de sa croissance, Amazon allie, gains de productivité et baisse de prix.Nous avons 45 millions de clients dans le monde, et sur les 10 millions de cliens européens nous constatons un taux de recommande extraordinaire de 75 %.Quand pensez-vous atteindre l’équilibre ?Jean-Christophe Hermann
: Nous ne donnons pas ce genre d’indication. Le groupe a communiqué sur un objectif de rentabilité en année pleine pour l’année prochaine, mais sur l’ensemble des activités de Fnac.com. Cela ne prend en compte que le périmètre strict des sites, c’est-à-dire, sans prendre en compte les achats effectués en magasins.Thomas Lot
: C’est un peu prématuré pour en parler. Par ailleurs, le potentiel de développement sur des produits comme le livre, la musique et les DVD reste très importants. Au niveau de l’équilibre opérationnel nous avons tendance à regarder Amazon au niveau mondial, mais sur la France, nous sommes en phase avec nos prévisions.La Fnac a été l’un des premiers marchands à proposer des MP3 en téléchargement dès 1999, quelle est votre politique dans la vente de musique en ligne ?Jean-Christophe Hermann
 : Nous restons prudents. L’industrie du disque s’est mal préparée. Les majors ne libèrent pas assez de titres, et les catalogues disponibles à la vente sur Internet ne sont pas satisfaisants. C’est d’ailleurs cette raison qu’a invoqué TF1 pour fermer TF1Music.fr. En outre, le format MP3 est dépassé. Nous avons besoin d’un standard unique permettant le téléchargement et le streaming. Pour le moment, nous avons fait le choix de Windows Media, mais la problématique de gestion des droits reste extrêmement compliquée à résoudre.A l’ouverture d’Amazon en août 2000, certains observateurs exprimaient leurs craintes quant à une possible remise en cause de la loi Lang. Qu’en est-il aujourd’hui de l’action d’Amazon dans ce domaine ?Thomas Lot
: Nous respectons la loi de tous les pays où nous opérons. En Europe, il n’y a que deux pays où se pratiquent les prix fixes, en Allemagne et en France. Je ne suis pas sûr que cela soit la meilleure chose pour le consommateur. Mais, sur ce point, il n’y a pas d’action d’Amazon en particulier. En revanche, la loi Lang est ce qu’elle est, et nous l’appliquons à la lettre. C’est d’ailleurs pour cela que nos livres sont tous à moins de 5 %.

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Propos recueillis par Philippe Crouzillacq et Frantz Grenier