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Comment les partisans et pourfendeurs de l’IA tentent d’influencer les hommes politiques aux États-Unis

Comment les pro et contre IA tentent de rencontrer et d’influencer les parlementaires américains, pour la majorité des néophytes de ce type de technologie, alors que le Congrès semble bel et bien décider à légiférer en la matière.

« Non, avec l’IA, nous ne commettrons pas la même erreur qu’avec les réseaux sociaux ». Alors qu’à Washington, les législateurs semblent bien décider à définir un cadre d’utilisation et de développement de l’intelligence artificielle, les lobbys s’activent pour convaincre les parlementaires américains et le président des États-Unis en personne du danger ou des bienfaits de ces outils. Car la peur de l’IA plane sur la ville, écrit le Washington Post, le 8 avril dernier. L’inquiétude face à cette nouvelle technologie, qui pourrait servir à escroquer, à perturber les élections ou être un outil dangereux de désinformation, pousse les politiques à vouloir légiférer rapidement. Avec les réseaux sociaux, « nous avons commis une erreur en faisant confiance à l’industrie technologique » et en optant pour l’autorégulation, souligne par exemple l’un d’entre eux, le sénateur Chris Murphy, à nos confrères. « Je ne peux pas croire qu’[avec l’IA, NDLR] nous soyons sur le point de commettre la même erreur ». Dans son viseur, ces années d’auditions, d’enquêtes et d’accords bipartisans qui n’ont finalement accouché que d’une souris. Aucune loi n’a fini par réglementer les réseaux sociaux, explique-t-il.

Et ce sénateur est loin d’être le seul à militer pour une adoption expresse d’une réglementation visant l’IA. Joe Biden en personne s’est lui penché sur la question, en organisant mardi 4 avril une réunion sur les risques et opportunités de l’IA. Ont défilé des experts d’un conseil consultatif de scientifiques à la Maison Blanche, dont des dirigeants de Microsoft et de Google. Le Président américain a rappelé que les fabricants devaient « s’assurer que ses produits soient sûrs avant de les rendre publics », et que l’IA pourrait être dangereuse. Selon le Washington Post, ces interventions des dirigeants de Microsoft – qui a investi massivement dans OpenAI, à l’origine de ChatGPT – et de Google, qui a lancé son concurrent Bard – sont loin d’être les seules.

Une opération de charme pour éviter une réglementation trop dure

C’est bien simple : les entreprises développant des outils d’IA se seraient lancées dans une véritable opération de charme, ayant pour cible les hommes et femmes politiques clés du pays. Leur objectif serait de mettre en avant les efforts faits pour développer l’intelligence artificielle de manière responsable et éthique, selon plusieurs sources du quotidien américain qui ont souhaité rester anonymes. Les leaders de cette technologie veulent éviter, coûte que coûte, que leurs développements ne soient freinés par une nouvelle réglementation.

À l’opposé, les détracteurs de l’IA, qui appellent à un moratoire ou à davantage de contrôle, tentent aussi d’influencer les discussions. Tristan Harris, l’ancien ingénieur produit de Google devenu lanceur d’alerte sur les dangers des réseaux sociaux – et désormais de l’IA – a, lui aussi, rencontré des membres de l’administration Biden et des législateurs influents ces dernières semaines. Le mois dernier, il avait aussi discuté de manière informelle avec d’autres poids lourds du Congrès. Ce dernier militait pour un moratoire immédiat sur les déploiements d’IA et la mise en place de « mesures extrêmes », comparant cette technologie à l’avènement des armes nucléaires en 1944.

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La peur d’être dépassé par la Chine

Que donnera ce jeu d’influence sur des législateurs qui, comme en France, sont de véritables néophytes en la matière ? Les prochaines semaines le diront. Mais un argument semble particulièrement faire mouche. Plus que les dangers pour l’ordre social, plus que les efforts mis en avant pour limiter les effets néfastes de l’IA, c’est le fait d’être dépassé par la Chine, si un moratoire était décidé aux États-Unis, qui inquiète un certain nombre de législateurs.

Beaucoup pensent par exemple qu’adopter des mesures radicales ne servirait que « les intérêts du parti communiste chinois ». « Nous devons trouver un moyen de mettre en place des garde-fous, tout en permettant à notre secteur technologique d’innover et de s’assurer que nous innovons », résume Mike Gallagher, président du groupe d’experts de la Chambre des représentants. Comment concilier ces deux intérêts contradictoires ? Le ministère du Commerce américain a peut-être une solution, rapporte le Wall Street Journal ce mardi 11 avril. N’optant ni pour une interdiction ou un moratoire dur sur l’IA, ni sur l’autoréglementation – le fait de laisser les entreprises choisir les propres limites et garde-fous de l’IA, comme c’est le cas aujourd’hui – l’administration vient d’initier une procédure qui pourrait aboutir à un système de certification. Ce dernier pourrait conditionner toute utilisation et mise sur le marché d’IA à l’obtention de ce label… qui reste à créer.

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Source : Washington Post


Stéphanie Bascou
Votre opinion
  1. c’est peine perdue et dépense perdue, les législations ne réfrènent que les honnêtes gens, les filous n’en n’ont cure et ont toujours un train d’avance.

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