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Choix du navigateur dans Windows : ce qui va se passer

La Commission européenne a accepté le dispositif de Microsoft pour garantir aux utilisateurs européens le choix de leur navigateur Internet. Opera Software et Mozilla saluent la nouvelle mais attendent de voir ses effets concrets.

Aujourd’hui, nous apportons un cadeau de Noël à plus de 100 millions d’Européens », déclarait ce matin Neelie Kroes, la commissaire européenne chargée de la Société digitale, en préambule de sa conférence de presse annonçant la fin de la procédure ouverte contre Microsoft pour la vente liée de Windows et d’Internet Explorer.

Bruxelles a accepté les dernières propositions du géant américain, qui s’engage pour une durée de cinq ans à offrir aux utilisateurs de Windows XP, de Vista et de 7 la possibilité de choisir leur navigateur Internet et de désactiver Internet Explorer. La sélection se fera au moyen d’un écran multichoix qui s’affichera sur l’écran des PC (voir encadré ci-dessous). Le détail du fonctionnement de ce système n’a pour le moment pas été dévoilé.  

Parallèlement, les fabricants d’ordinateurs utilisant Windows pourront désactiver Internet Explorer et le remplacer par un autre navigateur par défaut. D’ici à six mois, Microsoft devra dresser un premier bilan de la mise en œuvre de ces mesures et effectuer d’éventuels changements à la demande de la Commission.

La firme de Redmond se soumettra ensuite à un examen régulier. « Si Microsoft devait manquer à ses engagements, la Commission pourrait lui infliger une amende équivalant à 10 % maximum de son chiffre d’affaires annuel total », précise le communiqué de la Commission européenne.

« Wait and see »

Qu’en pense Opera Software, l’éditeur du navigateur éponyme, à l’origine de la plainte déposée en 2007 contre Microsoft auprès des instances européennes ? « Pour nous, c’est avant tout Internet qui sort gagnant de cette histoire », nous a déclaré Håkon Wium Lie, le directeur technique d’Opera Software.

Ce dernier semble peu convaincu de l’impact réel qu’aura le choix multiple sur la part de marché d’Opera. Il rappelle que le système proposé doit encore faire la preuve de son efficacité auprès des utilisateurs. « Personne n’a encore vu fonctionner l’écran multichoix. Mais nous savons déjà que Microsoft n’a pas retiré les messages d’alerte qui apparaissent lorsque l’on décide de télécharger puis d’installer un autre navigateur. De même, le logo d’Internet Explorer [le e bleu, NDLR] apparaît toujours dans la fenêtre à choix multiple qui était censée être banalisée. »

A la question de savoir si Opera envisage d’intenter une action identique ailleurs dans le monde, Håkon Wium Lie nous a répondu qu’Opera Software n’en avait pas l’intention « pour l’instant ». « Nous allons garder un œil sur ce que fait Microsoft », prévient-il cependant.

« Le plus important, c’est le respect du choix des utilisateurs »

La Fondation Mozilla comptait parmi les tierces parties qui ont soutenu la plainte déposée par Opera Software. Pour Tristan Nitot, fondateur et président de Mozilla Europe, « cette décision a une partie visible et une autre invisible ».

La partie visible, l’écran multichoix, n’est pas la plus importante selon lui, d’autant qu’il souligne lui aussi l’absence de retour concret sur son fonctionnement. Ce qui compte avant tout, c’est le « respect du choix des utilisateurs lorsqu’ils ont opté pour un autre navigateur qu’Internet Explorer ».

Le fait que le navigateur de Microsoft ne puisse plus apparaître de façon intempestive pour proposer d’être réactivé par défaut est ce qui importe le plus. Quant à savoir si Firefox va directement profiter de cette ouverture, Tristan Nitot se montre plus perplexe. « Je pense que l’effet sur Firefox sera assez nul. Mais j’espère que nous aurons une bonne surprise », conclut-il.

S’il faudra attendre la mise en pratique de l’écran à choix multiple pour juger de son utilité réelle, il est une autre disposition qui pourrait rapidement produire un effet contraire. La possibilité pour les fabricants de PC de choisir le navigateur qu’ils souhaitent installer par défaut risque de consacrer la loi du plus fort.

C’est en tout ce cas ce que pense Edouard Barreiro, chargé de mission à l’UFC-Que choisir, qui estime que l’on pourrait voir assez rapidement un « duopole » s’installer, avec Google comme second acteur majeur. « Google a l’argent nécessaire pour imposer Chrome », constate Edouard Barreiro.

Håkon Wium Lie comme Tristan Nitot admettent en effet que ni Opera Software ni Mozilla ne sont en mesure de lutter sur ce terrain. Pour les deux sociétés, l’annonce d’aujourd’hui va surtout contribuer à une concurrence plus saine et à un meilleur respect des standards du Web.

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Marc Zaffagni